Digne d’achat

Le mois dernier, le prix de la tonne de minerai à teneur de 62% en fer (Iron Ore 62% Fe), la référence internationale, a chuté sous la limite de 80 USD, ce qui représente 40% de moins qu’au début de l’année et son plus faible niveau en 5 ans. En cause : la croissance plus faible de l’industrie aciériste chinoise, principal marché de débouchés du minerai de fer, mais aussi une suroffre en provenance d’Australie et du Brésil. Les producteurs tels que Rio Tinto, BHP Billiton et Vale tentent de compenser la baisse des prix par un accroissement de la production. On prévoyait que l’équilibre de marché se rétablirait rapidement après la disparition naturelle du marché des fournisseurs avec un coût de production élevé en raison des plus faibles prix. Cette évolution n’est cependant pas aussi rapide que prévu, notamment et surtout parce que la surcapacité est encore importante en Chine et que là, la plupart des entreprises sont aux mains de l’Etat. Quoi qu’il en soit, pour cette année comme pour l’an prochain, on prévoit un excédent sur le marché mondial du minerai de fer. Le groupe minier brésilien Vale est le plus important fournisseur de minerais de fer, avec une production escomptée de 312 millions de tonnes. Au 3etrimestre, le groupe a réalisé une production record de 85,7 millions de tonnes, ce qui représente une hausse de respectivement 7,9% et 3% en rythme trimestriel et annuel, et le plus haut chiffre jamais atteint. Ce n’est pas mal… mais Vale est encore largement en retrait par rapport à Rio Tinto (+12%) et BHP Billiton (+15%). Qui plus est, seules 78,1 millions de tonnes ont été vendues en conséquence de problèmes logistiques et de grèves. Dès lors, les réserves d’invendus ont également augmenté. Au 3etrimestre, Vale a plongé dans le rouge à hauteur de 1,44 milliard USD, contre un bénéfice escompté de 1,5 milliard USD et de 3,5 milliards USD un an plus tôt. Cette perte nette doit d’ailleurs être nuancée. Outre le prix du minerai de fer plus faible et la hausse du coût de production, la faiblesse du real brésilien (BRL) a également joué un rôle considérable dans cette perte. Au 3etrimestre, le BRL s’échangeait en moyenne à 11,3% de moins face au dollar (USD) qu’au cours de la même période un an plus tôt. Cela semble être une bonne nouvelle à première vue, dans la mesure où Vale réalise l’essentiel de ses revenus en USD et que les coûts des mines locales sont comptabilisés en BRL. Mais la dette ouverte est libellée en USD. Or au 3etrimestre, la dette à long terme totalisait 49,1 milliards USD, contre une trésorerie de 7,8 milliards USD. Vale a enregistré sur cette période près de 3 milliards USD de pertes liées à ces dettes et aux dérivés associés. Le cash-flow opérationnel (EBITDA) a reculé sur base annuelle de 48%, à 3 milliards USD, contre un consensus à 3,8 milliards USD. Cela dit, il y a aussi une bonne nouvelle : l’EBITDA de la division Métaux de base (cuivre et nickel), qui s’adjuge 23% du chiffre d’affaires du groupe, s’est apprécié de 158%, à 781 millions USD. Vale est le 2e producteur de nickel au monde et sa production de cuivre a atteint un nouveau record au trimestre passé. Rien ne porte à croire pour l’heure que le dividende sera abaissé.

Conclusion

Le cours de Bourse s’est replié à son plus faible niveau en plus de 9 ans. A court terme, l’action devrait rester volatile mais, à 0,8 fois sa valeur comptable à peine, le titre intègre déjà nombre de mauvaises nouvelles.

Conseil: digne d’achat

Risque: moyen

Rating: 1B

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