Umicore revoit à la baisse ses pronostics de bénéfice

Marc Grynberg est devenu CEO d'Umicore en 2008, ce qui en fait le CEO du groupe à la plus grande longévité.

Le rapport annuel n’avait rien laissé soupçonner, même si la baisse du prix du cobalt pesait déjà sur les chiffres. Si la croissance à long terme d’Umicore est intacte, ses résultats à court terme semblent compromis.

Le groupe vient d’émettre un sérieux avertissement. Lequel est d’autant plus douloureux qu’il est dû à la stagnation de la demande de matériaux cathodiques, alors que l’accélération de la production et des ventes de ces matériaux pour batteries, essentiellement destinées aux voitures électriques, est depuis plusieurs années le principal moteur de croissance du groupe; en cas de ratés, la valorisation, qui tient compte d’une envolée du bénéfice ces prochaines années, souffre elle aussi.

Les prévisions de bénéfice ont été ramenées à 475-525 millions d’euros pour 2018, soit 10% de moins que le chiffre annoncé en février. Les objectifs pour 2020 sont revus eux aussi. Le chiffre d’affaires et le bénéfice augmenteront significativement en 2020, mais le bénéfice visé de 700 millions d’euros ne sera atteint que plus tard. La direction souligne toutefois que les fondements de la croissance demeurent solides. L’électrification est, rappelle-t-elle, la meilleure façon de réduire réellement les émissions du parc automobile. Le groupe dispose par ailleurs d’une appréciable marge d’amélioration technologique de ses batteries, grâce à laquelle il se distinguera de la concurrence.

Umicore n’échappe pas à la versatilité de ses marchés de débouchés. La demande de matériaux cathodiques chute à un rythme inattendu en Chine et en Corée, deux pays importants pour lui. Le gouvernement chinois a réduit à partir d’avril les subsides accordés sur les voitures et les bus électriques. Partout dans le monde, les voitures électriques sont relativement chères et leurs ventes dépendent des primes. Un grand producteur automobile a reporté la mise en service d’une usine chinoise. En Corée, la demande de matériaux pour batteries est affectée par des problèmes de stockage. Umicore est donc contraint de différer de 12 à 18 mois la livraison de 175.000 tonnes de matériaux cathodiques initialement prévue pour la fin de 2021 et d’ajuster le calendrier des investissements dans sa capacité de production. L’évolution du prix du cobalt est une autre source de préoccupation. La direction évoque des conditions d’extraction douteuses, dont certains concurrents n’hésiteraient pas à profiter; elle-même s’en tient à une politique éthique et espère que la clientèle la suivra.

Les perspectives, pour les deux autres divisions du groupe, sont plus optimistes. Si elle souffre de l’essoufflement des marchés automobiles européens et chinois, la vente de catalyseurs bénéficie de l’installation de filtres à particules sur les moteurs à essence. Quant à l’activité Recyclage, elle tirera cette année parti des investissements de maintenance dans l’usine de Hoboken et de l’amélioration du marché, ce qui devrait stimuler le bénéfice d’exploitation de l’exercice.

Conclusion

Après l’avertissement, le cours est retombé à son niveau, relativement bas, du début de l’année, dans lequel nous voyions une opportunité d’achat. Mais il n’était pas question alors d’un ralentissement de la croissance bénéficiaire en 2019 et 2020. L’action se négocie pour l’heure à 28 fois le bénéfice escompté pour 2019 et 22 fois celui de 2020. Il faudra du temps à Umicore pour se remettre de ce coup dur mais comme le potentiel de croissance à long terme est intact, nous recommandons toujours d’acheter son titre.

Conseil: acheter

Risque: moyen

Rating: 1B

Cours: 35,5 euros

Ticker: UMI

Code ISIN: BE0974320526

Marché: Euronext Bruxelles

Capit. boursière: 8,8 milliards EUR

C/B 2018: 26

C/B attendu 2019: 28

Perf. cours sur 12 mois: -18%

Perf. cours depuis le 01/01: +1%

Rendement du dividende: 2,1%

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