Total: une action à dividende intéressante

Total

Total anticipe un accroissement de sa production de 5% l’an jusqu’en 2021, soit, au cours de 60 dollars le baril, 5 milliards de dollars de cash-flows supplémentaires.

Les investisseurs en Total sont confrontés à un dilemme. D’une part, la valorisation du titre se traduit par un rendement du dividende de 5,7%, ce qui n’est pas peu; de l’autre, les changements climatiques jettent une ombre de plus en plus menaçante sur les producteurs de combustibles fossiles. Que deviendrait le dividende si le monde devait limiter davantage ses émissions de gaz à effet de serre?

La réponse du groupe à ce malaise est double. Premièrement, l’exploitation pétrolière, à l’origine de l’essentiel de ses bénéfices, est loin de vivre ses dernières heures. Dans l’hypothèse où le climat se réchaufferait de 2 °C tout au plus, Total estime que la demande de pétrole atteindrait un sommet en 2040: l’or noir couvrirait alors 25% de la demande mondiale d’énergie, laquelle ne devrait stagner ou baisser qu’ensuite. Le groupe devrait donc avoir largement le temps de récolter les fruits de sa stratégie, qui a consisté, ces dernières années, à investir des sommes considérables dans l’accroissement de sa capacité de production des combustibles fossiles. Total joue de surcroît la carte de la sécurité, en limitant ses dépenses et en se soumettant à une discipline capitalistique stricte. La direction étudie chaque projet en ayant en tête un prix de 50 dollars le baril, son principal objectif étant d’être rentable dès 30 dollars. Deuxièmement, les cash-flows doivent être suffisants pour que Total puisse verser (comme au 2e trimestre) de généreux dividendes. Au 1er semestre, les cash-flows opérationnels ont couvert les investissements dès 25 dollars le baril et le dividende, dès 50 dollars, alors que le prix de l’or noir s’établissait à 66 dollars en moyenne. Si le bénéfice net ajusté a cédé 12% au 1er semestre, c’est que le pétrole coûtait 70 dollars encore en moyenne un an plus tôt; mais l’incidence de la baisse des prix sur le bénéfice est tempérée par le bond de 9% effectué par la production grâce, surtout, aux nouveaux projets. Total anticipe un accroissement de sa production de 5% l’an jusqu’en 2021, soit, au cours de 60 dollars le baril, 5 milliards de dollars de cash-flows supplémentaires. Il est donc en mesure de promettre une croissance de 5 à 6% l’an de son dividende. A quoi s’ajoutent, aussi longtemps que le prix reste supérieur à 60 dollars, les rachats d’actions propres.

Total prépare aussi l’avenir, en se tournant vers des sources d’énergie plus écologiques, à commencer par le gaz naturel, dont les centrales sont les mieux placées pour compenser la production fluctuante d’électricité d’origine éolienne et solaire. Le groupe investit surtout dans l’augmentation de sa production de gaz naturel liquide, pour accroître les cash-flows opérationnels dans ce segment d’un facteur 2,5, à 6 milliards de dollars. La transition énergétique réserve un rôle majeur à l’électrification également. Total estime qu’il y a de la place, sur le marché européen, pour un nouveau producteur d’électricité, dont le parc de production respectueux de l’environnement reposerait surtout sur l’énergie éolienne et les centrales au gaz naturel; il investira entre 1,5 et 2 milliards d’euros par an jusqu’en 2025 pour être cet acteur.

Conclusion

A moyen terme, le dividende est assuré par l’accroissement de la production, la gestion rigoureuse des dépenses, les prix, relativement élevés, du pétrole et la solidité du bilan. A plus longue échéance, le groupe entend tenir compte de la problématique du climat, en investissant dans le gaz naturel et l’électrification. L’action demeure digne d’achat.

Conseil: acheter

Risque: moyen

Rating: 1B

Cours: 46,5 euros

Ticker: FP

Code ISIN: FR0000120271

Marché: Euronext Paris

Capit. boursière: 137 milliards USD

C/B 2018: 11

C/B attendu 2019: 11

Perf. cours sur 12 mois: -8%

Perf. cours depuis le 01/01: -1%

Rendement du dividende: 5,7%

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