Telenet doit se réinventer

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Le groupe va devoir développer un autre modèle d’exploitation pour contrer la concurrence. Or il ne peut décemment pas alourdir encore sa dette, de cinq milliards d’euros actuellement.

L’on s’y attendait depuis la publication des chiffres d’Orange Belgium et de Proximus (sur le marché belge des télécommunications, la croissance des uns implique le recul des autres): à l’issue du 3e trimestre, Telenet fait partie des perdants. Les résultats opérationnels sont décevants, même si le repli sensible des coûts a permis à la rentabilité d’augmenter. La téléphonie mobile et la télévision numérique sont restées en deçà des attentes; la division Business et l’Internet à large bande se sont mieux comportés.

Telenet a certes attiré de nouveaux clients mobiles, mais moins que prévu. Hors acquisitions, la télévision numérique a même perdu des abonnés alors que la clientèle d’Orange Belgium et de Proximus s’étoffait. L’intégration des clients SFR à Bruxelles n’est pas simple. L’on s’inquiétera particulièrement de l’importante rotation – le taux d’attrition est passé de 9 à 13% pour la télévision et de 11 à 15% pour la téléphonie. En cause, du moins en partie: l’absence d’offre de base bon marché, alors qu’Orange Belgium se profile comme un casseur de prix et que Proximus dispose, avec Scarlet, d’une filiale low cost. Netflix exige lui aussi sa part du gâteau.

Le chiffre d’affaires consolidé s’établit à 641,6 millions d’euros au 3e trimestre, soit 1,6% de moins que l’an dernier et 1% sous le consensus. Ce recul s’explique notamment par la baisse des ventes d’appareils mobiles, qui affecte depuis peu Proximus également. Le chiffre d’affaires des trois premiers trimestres de l’exercice cède 1% en rythme annuel. Telenet mise pour 2018 sur un chiffre d’affaires similaire à celui de 2017 (2,55 milliards d’euros). Le bénéfice opérationnel ajusté (Ebitda, 345,5 millions) n’en a pas moins considérablement progressé (+8,2%; consensus: 343,9 millions). Les frais de location du réseau Orange n’existent plus, les dépenses de vente et de marketing ont chuté de 27% et Telenet a augmenté ses prix en juillet. La marge d’Ebitda s’établit à 53,8%, soit 4,8% de plus en glissement annuel. Après neuf mois, l’Ebitda totalise 991 millions d’euros, 7% de mieux que l’an dernier. La direction promet pour 2018 une hausse de 8 à 8,5%, soit un peu plus que les 7 à 8% précédemment annoncés. Elle a versé en octobre un dividende exceptionnel de 600 millions d’euros (5,3 euros brut par action) et libéré, en juin, 300 millions d’euros pour procéder à des rachats d’actions propres pendant un an; à la fin du 3e trimestre, 105 millions avaient d’ores et déjà été utilisés au titre de ce programme.

Le groupe est endetté à hauteur de cinq milliards d’euros. Après les nombreux refinancements des dernières années, aucun remboursement n’est prévu avant août 2026. Cette position est assez confortable, pour autant que Telenet produise suffisamment de cash-flow. Le ratio de levier net (endettement total sur bénéfice opérationnel ajusté) est passé de 3,8 au 2e trimestre à 3,6 au 3e, ce qui est mieux. Compte tenu du dividende versé début octobre, ce chiffre est de 4, exactement au milieu de la fourchette de 3,5 à 4,5 annoncée.

Conclusion

Le chiffre d’affaires marquant le pas, Telenet va devoir développer un autre modèle d’exploitation pour contrer la concurrence. La croissance du bénéfice opérationnel sur l’exercice ne se confirmera pas l’an prochain et le groupe ne peut décemment pas s’endetter davantage. La politique de dépenses doit impérativement devenir plus cohérente. Une offre de la société mère Liberty Global reste possible mais cette perspective ne justifie pas un maintien en portefeuille.

Conseil: vendre

Risque: moyen

Rating: 3B

Cours: 42,74 euros

Ticker: TNET BB

Code ISIN: BE0003826436

Marché: Euronext Brussels

Capit. boursière: 5 milliards EUR

C/B 2018: 23

C/B attendu 2019: 17

Perf. cours sur 12 mois: -20%

Perf. cours depuis le 01/01: -26%

Rendement du dividende: –

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