Suedzucker sanctionné

Le groupe a vu son action piquer du nez après qu’il a publié son rapport intermédiaire relatif au troisième trimestre de son exercice 2020-2021, qui s’achèvera le 28 février. Les chiffres ne sont pas mauvais, mais les perspectives, revues à la baisse, ont déçu.

En raison du Covid-19, le titre avait déjà, en mars dernier, replongé à ses plus bas niveaux de fin 2018, début 2019. Il s’était redressé ensuite. Le prix du sucre semblait pour sa part avoir atteint un étiage en 2019, mais la pandémie l’a fait chuter encore plus bas en avril 2020; depuis, il a rebondi. Sur les trois premiers trimestres de l’exercice, le chiffre d’affaires (CA) de Suedzucker s’est légèrement apprécié (+1,2%) en un an, passant de 5,028 à 5,089 milliards d’euros, grâce à une hausse de 1,5% au troisième trimestre. Le CA a augmenté dans le segment du sucre; la hausse du prix moyen a compensé la baisse de la surface cultivée (12% de moins) consécutive au confinement, et la récolte légèrement moins bonne que l’année d’avant du fait des faibles précipitations durant l’été.

Avec 23 sucreries et deux raffineries, Suedzucker reste, de loin, le principal producteur de sucre d’Europe. L’entreprise est contrôlée depuis de nombreuses années par une coopérative de quelque 30.000 producteurs de betteraves (qui détiennent 59% des actions). Depuis 10 ans, elle s’est diversifiée dans le bioéthanol (via sa filiale cotée Crop Energies, l’un des leaders européens du secteur), les préparations et concentrés de fruits (n°1 en Europe) et les spécialités (n°1 en Europe de la pizza surgelée, notamment). Ces divisions sont parvenues à maintenir leurs recettes aux niveaux élevés de l’exercice précédent.

Suedzucker est parvenu à enrayer la chute des résultats. Au terme des neuf premiers mois de l’exercice, le bénéfice opérationnel (Ebit) a augmenté de plus de 72%, se hissant de 113 millions à 195 millions d’euros (la hausse atteignait 66% à la fin du premier semestre). Au troisième trimestre, l’Ebit s’est accru de 39 millions à 66 millions d’euros, une hausse intégralement imputable au redressement du segment du sucre. Les autres divisions (spécialités, Crop Energies et préparations et concentrés de fruits) ont fait part d’un résultat sensiblement égal à celui de la même période de l’exercice précédent. Les nouveaux confinements imposés dans la plupart des pays européens par suite de la résurgence de la pandémie ont incité la direction à revoir à la baisse son CA prévisionnel pour l’ensemble de l’exercice (décalé). Suedzucker ne table plus sur une hausse à 6,9-7,2 milliards d’euros, mais sur un CA en ligne avec celui de l’exercice précédent (6,6-6,8 milliards d’euros). Le bénéfice aussi décevra par conséquent les attentes. L’Ebit (prévision initiale: 300-400 millions d’euros) a été affiné: il ne se situera plus qu’entre 190 millions et 240 millions d’euros. Soulignons néanmoins qu’il s’inscrira toujours en hausse par rapport à l’exercice précédent, où il s’était établi à 116 millions d’euros. Il est évident désormais que ce n’est pas au cours de cet exercice que l’on verra le segment du sucre opérer le revirement escompté. A l’estime des spécialistes, toutefois, on peut l’espérer en 2021-2022.

Conclusion

Le segment du sucre ne parviendra pas à s’extraire du rouge lors de l’exercice courant et les prévisions annuelles ont été abaissées. Déçu, le marché a sanctionné l’action. Nous ne doutons pas de son potentiel d’appréciation sur plusieurs années. Il faut cependant s’attendre à un redressement cahoteux. L’investisseur patient profitera de l’occasion – le cours a replongé sous la valeur comptable (14,2 euros par action) – pour acquérir le titre.

Conseil: acheter

Risque: moyen

Rating: 1B

Cours: 11,94 euros

Ticker: SZU GR

Code ISIN: DE0007297004

Marché: Francfort

Capit. boursière: 2,82 milliards EUR

C/B 2019-2020: –

C/B attendu 2020-2021: 70

Perf. cours sur 12 mois: -18%

Rendement du dividende: 1,7%

Partner Content