Suedzucker: chercher son plancher

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Tout recul marqué des cours mondiaux consécutif à une offre excédentaire – comme c’est le cas actuellement – a un impact significatif sur le bénéfice. L’allemand Suedzucker achève pourtant l’exercice sur des résultats plus qu’honorables.

En théorie, investir dans Suedzucker (ou Südzucker, à l’allemande) revient à jouer aux montagnes russes: depuis cinq ans, les bonnes et les mauvaises années ne cessent de se succéder. Le titre est depuis le début de l’an dernier dans une phase descendante. En mars 2013, il culminait à près de 35 euros (après avoir atteint un plancher inférieur à 10 euros en 2008). Il n’a ensuite cessé de reculer jusqu’à la fin de 2014, époque où il s’est à nouveau approché des 10 euros. Le cycle haussier suivant a duré jusqu’à la fin de 2016 (25 euros par action), avant de se heurter à un plancher (provisoire?) à 13 euros. C’est mieux que 10 euros, mais le sommet précédent était également moins élevé qu’en 2013. Nous avons recommencé il y a quelques semaines à suivre activement l’action, et promis de revenir sur le sujet dès que les résultats définitifs de l’exercice 2017-2018 (date de clôture: 31/3) seraient connus. Nous y voilà.

Un exercice 2017-2018 satisfaisant

L’allemand Suedzucker n’ignore évidemment pas que le cours du sucre est fluctuant: durant ces 10 dernières années, le plus grand producteur de sucre d’Europe (36 millions de tonnes de betteraves transformées par an), que contrôle depuis toujours une coopérative composée de quelque 30.000 cultivateurs de betterave sucrière (56% des actions), s’est diversifié dans le bioéthanol (via sa filiale cotée en Bourse Crop Energies, un des principaux acteurs européens du secteur), les préparations à base de fruits (numéro 1 mondial), les concentrés de jus de fruits (numéro 1 en Europe) et les spécialités (numéro 1 européen des pizzas surgelées, notamment). En termes de chiffre d’affaires, la diversification est déjà très avancée: au cours de l’exercice 2017-2018, la division Sucre n’a plus assuré que 43% du chiffre d’affaires du groupe et 31% de son bénéfice opérationnel (Ebit). Mais elle s’est opérée en direction d’activités qui n’affichent pas toutes une rentabilité (plus) élevée, et qui demeurent très proches des activités traditionnelles.

Tout recul marqué des cours mondiaux consécutif à une offre excédentaire – comme c’est le cas actuellement – a un impact significatif sur le bénéfice du groupe. L’exercice écoulé a pourtant été plus qu’honorable. Le chiffre d’affaires a progressé de 7,8%, à 6,983 milliards d’euros, soit le deuxième des meilleurs résultats que le groupe a enregistrés au cours des cinq derniers exercices. Cette accélération concerne toutes les activités (+8,6%, de 2,78 à 3,02 milliards d’euros, pour le segment Sucre, pour ne citer que lui). L’Ebit n’a en revanche pas augmenté aussi rapidement (+4,2%, à 445 millions d’euros, contre 426 millions d’euros l’an passé). Avec une explosion de l’Ebit d’environ 90% (de 72 à 139 millions d’euros), le segment Sucre s’est tout particulièrement distingué. L’Ebit subit une pression considérable dans deux autres segments. A l’échelon du groupe, la marge d’Ebit s’est repliée de 6,6 à 6,4% au cours de l’exercice. Le bénéfice net a légèrement baissé, de 1,05 à 1 euro par action. Le dividende reste inchangé, à 0,45 euro brut par action.

Profiter d’un exercice plus discret

La direction avait publié des résultats annuels provisoires pour 2017-2018 et de premières prévisions pour l’exercice 2018-2019. L’on attendait donc surtout une confirmation de ces pronostics. Le chiffre d’affaires sera comparable à celui de l’exercice précédent, compte tenu d’une fourchette de 6,8 à 7,1 milliards d’euros. L’Ebit prévisionnel (entre 100 et 200 millions d’euros) est lui aussi confirmé. Pour le segment Sucre, le groupe annonce une perte opérationnelle de 100 à 200 millions d’euros. Les prévisions sont donc en grande partie inchangées.

A 36 fois le bénéfice escompté pour l’exercice 2018-2019, l’action semble assez chère. Mais une entreprise bénéficiaire qui s’échange à 0,8 fois sa valeur comptable et affiche un rapport valeur d’entreprise/cash-flows opérationnels (bas) inférieur à 9, ce n’est pas banal. Comme il faudra peut-être faire preuve d’un peu de patience avant que le titre n’opère un réel redressement, nous allons progressivement l’intégrer dans le portefeuille modèle (1B). Nous allons laisser à l’action le temps de reprendre son souffle, car nous savons d’expérience que le potentiel d’appréciation du cours est bel et bien présent.

Conseil : acheter

Risque : moyen

Rating : 1B

Cours : 15,085 euros

Ticker : SZU GR

Code ISIN : DE0007297004

Marché : Francfort

Capit. boursière : 3,08 milliards EUR

C/B 2017-2018 : 14

C/B attendu 2018-2019 : 42

Perf. cours sur 12 mois : -19 %

Perf. cours depuis le 01/01 : -16,5 %

Rendement du dividende : 3,0 %

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