Son retrait d’Alaska n’amoindrit pas le profil de croissance de BP

La croissance de BP repose aujourd’hui sur un portefeuille diversifié de pas moins de 20 projets. Grâce aux seuls cinq nouveaux actifs mis en service cette année, la compagnie verra sa production augmenter de 900.000 barils par jour, d’ici à 2021.

La compagnie pétrolière et gazière britannique a annoncé en début d’année qu’elle allait céder pour au moins 10 milliards de dollars d’actifs en 2019 et 2020. Elle vise en effet à se désendetter et concentrer ses investissements sur quelques projets phares. Au terme du 1er semestre, BP n’avait cédé que pour 1,5 milliard de dollars d’actifs – un retard en grande partie imputable au plongeon du cours du gaz naturel, qui empêche le groupe de vendre certains actifs au prix souhaité.

Mais fin août, BP a créé la surprise en annonçant la vente de ses activités en Alaska, soit sa participation dans Prudhoe Bay et les infrastructures de Milne Point et de Point Thomson (que la compagnie n’exploite pas). Cette année, les actifs d’Alaska devraient fournir l’équivalent de 74.000 barils de pétrole brut. BP est active depuis six décennies dans cet Etat américain, mais la production y décline depuis quelques années. La plupart des nouveaux projets d’exploration ont été arrêtés et la capacité de l’oléoduc Trans-Alaska Pipeline System, qui a aussi été cédé, est en grande partie inutilisée.

Hilcorp rachète ces actifs. Cette entreprise américaine non cotée devient ainsi le deuxième producteur pétrolier d’Alaska, derrière ConocoPhillips. Elle versera 5,6 milliards de dollars, dont 4 milliards payables immédiatement et 1,6 milliard, à la réalisation de certains objectifs de production. Après le rachat des actifs dans le gaz de schiste (10,5 milliards de dollars) et le paiement des dommages consécutifs à la rupture du puits Macondo en 2010 (1,4 milliard de dollars après impôt), la dette nette de BP atteignait 46,5 milliards de dollars au terme du 1er semestre, soit un taux d’endettement de 30,4 %, supérieur à l’objectif à long terme de 20 à 30%. Mais grâce au produit de la vente des actifs en Alaska, BP ramènera ce taux dans la fourchette visée. Par ailleurs, BP s’attend désormais à ce que son rachat de BHP entraîne des synergies plus importantes qu’annoncé (350 millions de dollars).

Au 2e trimestre, BP a, à l’inverse de plusieurs de ses concurrents, fait bien mieux que prévu (bénéfice ajusté de 2,8 milliards de dollars, contre 2,5 milliards attendus). A 6,7 milliards de dollars, le cash-flow opérationnel a aussi dépassé les attentes. BP a tiré parti des belles performances de l’aval (segment Upstream), où les marges de raffinage sont élevées. La division Trading a aussi fait belle figure et la charge fiscale y a diminué. Après déduction des investissements et du dividende versé (1,8 milliard), le cash-flow disponible s’élevait à 2,5 milliards de dollars. Au 2e trimestre, BP a produit 3,79 millions de dollars de barils d’équivalent pétrole par jour, légèrement moins qu’au 1er trimestre, où la production avait atteint son plus haut niveau depuis 2010.

La croissance de BP repose sur un portefeuille diversifié de 20 projets. Avec le rachat des activités dans le gaz de schiste de BHP, cinq nouveaux actifs ont été mis en service cette année, qui, d’ici à 2021, augmenteront la production du groupe de 900.000 barils par jour.

Conclusion

Les nouveaux projets contribueront à la hausse de la production ces prochaines années. Le groupe est également bien positionné en aval, où les marges sont confortables. Les versements de dommages liés à la catastrophe pétrolière arrivant à leur terme, l’endettement va baisser, ce qui dégagera peut-être une marge pour une rémunération supplémentaire des actionnaires – même si le rendement est déjà particulièrement attrayant. BP est digne d’achat pour le long terme.

Conseil: acheter

Risque: moyen

Rating: 1B

Cours: 5,14 livres sterling

Ticker: BP LN

Code ISIN: GB00007980591

Marché: London Stock Exchange

Capit. boursière: 104,6 milliards GBP

C/B 2018: 14,5

C/B attendu 2019: 10,5

Perf. cours sur 12 mois: -7%

Perf. cours depuis le 01/01: +3%

Rendement du dividende: 6,5%

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