Solvay, en queue de peloton des industries chimiques européennes

Les résultats trimestriels du fleuron de l’industrie chimique belge ont, cette fois, déçu. L’exposition du groupe au secteur de la navigation aérienne est évidemment un inconvénient en cette période.

La panique provoquée sur les marchés par l’annonce de la pandémie n’avait pas épargné, en mars, le titre Solvay, qui s’est certes redressé depuis, mais sans parvenir à refaire son retard sur l’indice Bel 20 et sur le reste du secteur. Son rendement (hausse du cours + dividendes) demeure même inférieur de plusieurs dizaines de pour cent à celui du principal indice d’actions de la Bourse de Bruxelles – au cours de la décennie écoulée, le titre Solvay a rapporté 42%, contre 89% pour le Bel 20. L’action a également évolué à l’avant-dernière place au sein de l’indice Stoxx Europe 600 Chemicals, dont elle ferme, cette année, carrément la marche. L’exposition du groupe au secteur de la navigation aérienne (sans oublier les problèmes du 737 Max de Boeing) et à celui de l’industrie pétrolière et gazière, n’est évidemment, en pleine crise sanitaire, pas un cadeau. En témoigne la dépréciation de quasi 1,5 milliard d’euros annoncée fin juin sur Cytec, spécialiste des matériaux composites légers destinés à l’industrie automobile et aéronautique, tombé dans l’escarcelle de l’entreprise en 2016; si l’acquisition elle-même avait fait hausser bien des sourcils, l’opération comptable confirme que Solvay avait à l’époque mis trop d’argent sur la table. Le groupe continue par ailleurs à payer de généreux dividendes, au détriment de la rapidité du processus d’allégement de la dette, dont la dette liée à la reprise de Cytec.

Les résultats trimestriels sont néanmoins conformes aux prévisions des analystes. Si l’action a cédé du terrain le jour même de leur annonce, c’est à cause du pessimisme des pronostics émis par BASF. Solvay achève le deuxième trimestre sur un chiffre d’affaires en recul de 18% (-17,1% de croissance organique), de 2,654 à 2,175 milliards d’euros, alors que le consensus misait sur 2,125 milliards d’euros, soit 2% de moins encore. Comme la baisse n’avait pas dépassé 3,8% au premier trimestre, elle s’établit à 11% sur le semestre (de 5,225 milliards à 4,649 milliards d’euros). A 10,8%, le ralentissement organique (avant acquisitions et désinvestissements) est légèrement moins marqué. Le cash-flow opérationnel (Ebitda) se tasse de 29,5%, à 439 millions d’euros (624 millions, un an plus tôt), ce qui est, là aussi, conforme au consensus, arrêté à 427 millions d’euros, soit 3% de moins que l’Ebitda réellement acté. De 23,5% au deuxième trimestre de 2019, la marge d’Ebitda est passée à 20,2%, ce qui n’est pas mal. Le semestre s’achève sur un Ebitda tout juste supérieur au milliard d’euros (1,008 milliard), en repli de 15,6% en glissement annuel (1,195 milliard d’euros, à la fin juin 2019). Le bénéfice sous-jacent atteint 109 millions d’euros pour le deuxième trimestre, et 345 millions pour le semestre. Ilham Kadri, la CEO du groupe, évoque la robustesse des flux de trésorerie disponibles et l’excellence de la maîtrise des coûts, ce qui ne l’empêche pas de s’attendre à un troisième trimestre difficile encore, avant que l’horizon ne s’éclaircisse, enfin, au quatrième.

Conclusion

Solvay maîtrisant parfaitement ses coûts, ses flux de trésorerie disponibles sont demeurés élevés malgré la crise sanitaire. Cela ne suffit toutefois pas nécessairement à attirer les investisseurs (internationaux) – d’où une valorisation qui, à 0,85 fois la valeur comptable et à 6,5 fois l’Ebitda escomptés pour 2021, ne remonte toujours pas. Nous privilégions toujours une attitude attentiste.

Conseil: conserver/attendre

Risque: moyen

Rating: 2B

Cours: 73,78 euros

Ticker: SOLB BB

Code ISIN: BE0003470755

Marché: Euronext Bruxelles

Capit. boursière: 7,81 milliards EUR

C/B 2019: 12

C/B attendu 2020: 15

Perf. cours sur 12 mois: -15%

Perf. cours depuis le 01/01: -29%

Rendement du dividende: 5,1%

Partner Content