Shell dans le viseur de la justice néerlandaise

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Royal Dutch Shell a été contraint par le tribunal de La Haye de réduire d’ici à 2030 ses émissions de CO2 de 45% par rapport au niveau de 2019. Le groupe va faire appel de cette décision, qui l’empêcherait de mener à bien sa stratégie – les carburants fossiles doivent générer le cash-flow nécessaire jusqu’à ce que l’activité Energies alternatives soit rentable.

Après une perte record liée à des dépréciations de valeur sur ses actifs en 2020, Royal Dutch Shell (ci-après, Shell) a renoué avec les bénéfices au 1er trimestre de 2021. Sur le plan opérationnel, le redressement des prix du pétrole et du gaz avait déjà permis une embellie depuis quelques trimestres et la tendance s’est poursuivie entre janvier et mars. Le bénéfice net ajusté a progressé de 19% sur un an, à 3,2 milliards de dollars (consensus: 3,1 milliards). Shell estime à 200 millions de dollars le coût de la tempête qui a dévasté le Texas cet hiver.

Le gaz a apporté la plus forte contribution au bénéfice du groupe, avec 1,41 milliard de dollars, un chiffre toutefois en baisse de 34% par rapport à l’année précédente. La production de gaz a certes augmenté de 1%, mais la hausse des coûts opérationnels et la contraction des marges de raffinage ont pesé sur le bénéfice. La division Amont a vu son bénéfice se multiplier par trois, à 963 millions de dollars, grâce à la hausse des cours de l’or noir et à des amortissements moins importants, et ce malgré le recul de 9% de la production. Le bénéfice issu de la vente de pétrole produit par des tiers a diminué de 36%, à 877 millions de dollars. Shell souhaite réduire cette activité. Le bénéfice de la division Chimie a quasiment été multiplié par cinq, à 730 millions de dollars, à la faveur d’un bond de la demande chinoise, qui a tiré vers le haut les prix et les marges.

Comme tous les acteurs du secteur actifs dans les carburants fossiles, Shell doit respecter les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Il vise la neutralité carbone en 2050, mais certains lobbies jugent sa politique sur le climat trop abstraite. Fin mai, Shell a d’ailleurs été contraint par le tribunal de La Haye de réduire d’ici à 2030 ses émissions de CO2 de 45% (par rapport au niveau de 2019). Or les carburants fossiles doivent générer le cash-flow nécessaire jusqu’à ce que l’activité Energies alternatives soit rentable. Shell va donc faire appel de la décision.

La récente cyberattaque sur l’oléoduc Colonial, aux Etats-Unis, met justement en lumière l’importance des carburants fossiles à court terme. Quelques jours seulement après sa mise hors service, les pénuries se sont multipliées à la pompe, menaçant même l’approvisionnement des aéroports. Le groupe va néanmoins réduire progressivement ses investissements dans le pétrole, et le nombre de raffineries. La production de gaz naturel liquéfié, un carburant moins nocif pour l’environnement que le charbon, va, elle, temporairement continuer à augmenter.

Au 1er trimestre, Shell a produit un cash-flow disponible de 3,1 milliards de dollars et est parvenu à alléger encore quelque peu sa dette nette, à 71,3 milliards de dollars. Le taux d’endettement est ainsi passé pour la première fois sous la barre des 30%. L’objectif de 65 milliards de dollars pourrait être atteint au 4e trimestre. Le dividende, réduit début 2020, a été relevé de 4% en octobre et le sera encore de 4% cette année, à 0,1735 dollar par action. Les rachats d’actions ont également repris.

Conclusion

Shell a pris des mesures pour accroître ses marges et a amélioré son bilan dans un contexte de marché difficile. L’action évolue toujours aux deux tiers de son niveau d’avant-crise, alors que le prix du pétrole s’est, depuis, redressé. A moins de 1 fois la valeur comptable, la valorisation est en outre inférieure à sa moyenne historique. En prévision d’une hausse des cours de l’énergie, nous maintenons notre recommandation d’achat.

Conseil: acheter

Risque: moyen

Rating: 1B

Cours: 15,83 euros

Ticker: RDSA NA

Marché: Euronext Amsterdam

Code ISIN: GB00B03MLX29

Capit. boursière: 120 milliards EUR

C/B 2020: –

C/B attendu 2021: 17,5

Perf. cours sur 12 mois: +5,5%

Perf. cours depuis le 01/01: +8%

Rendement du dividende: 3,4%

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