Seadrill

Plusieurs éléments compliquent la situation financière du groupe norvégien déjà accablé de dettes. Par ailleurs, on ne prévoit pas d’amélioration dans le secteur du forage pétrolier en mer. Son action est à éviter.

Le leader norvégien du marché de la location d’installations de forage navigue actuellement en eaux troubles. La société a connu une forte croissance au cours de la période comprise entre 2009 et 2014, avec une extension de la flotte de 31 à 53plateformes, mais tablait également sur une expansion pour les années suivantes. Le changement abrupt intervenu dans l’évolution des cours pétroliers à l’été 2014 a occasionné une baisse importante des tarifs de location, sous l’effet d’une surcapacité élevée persistante et malgré une augmentation du nombre de mises à la ferraille. Par ailleurs, le report permanent de la livraison des plateformes neuves ne permet toujours pas de redressement entre l’offre et la demande. Ce cocktail négatif complique la situation financière du groupe, lequel est déjà accablé de dettes. La capitalisation boursière est retombée depuis fin 2014 de 5,7milliards USD à 1,6milliard USD actuellement. La position d’endettement net est en revanche passée de 12milliards USD fin 2014 à 9,6milliards USD fin mars. Mais hélas, le carnet de commandes a encore davantage reculé sur la période, de 17,2milliards USD fin 2014 à 9,1milliards USD fin mai 2016. Au 1ertrimestre, la quasi-totalité du cash-flow opérationnel de 294millions USD a été affectée au paiement d’intérêts (246millions USD). Des 54plateformes, fin mai, onze étaient inactives. Cette année cependant, 14contrats tomberont, et onze de plus l’an prochain. Les revenus sont donc appelés à baisser dans les prochains trimestres. Le 29avril, Seadrill a annoncé un accord avec les financiers pour prolonger de trois à six mois l’échéance de trois facilités de crédit qui arrivaient à échéance à court terme, reportant la prochaine échéance à décembre 2016. En outre, plusieurs accords ont été conclus au sujet de l’assouplissement des convenants bancaires. L’objectif est d’avoir, d’ici la fin de l’année, un plan de financement bétonné. La probabilité est très grande que ce plan prévoie une augmentation de capital importante. En mai et en juin, des dettes d’une valeur nominale de 105millions USD ont déjà été converties en 15,7millions de nouveaux titres (3,2% dilution), émises à 2USD par action. En décembre 2015, il s’est avéré que le grand actionnaire (24,15%) Fredriksen avait racheté, par l’intermédiaire d’une société nouvellement fondée, Sandbox, des obligations de Seadrill largement sous le pair. C’est une tactique que Fredriksen a appliquée par le passé à Frontline, alors en difficulté, et qui a finalement mené à une augmentation de capital largement diluante lors de la conversion des dettes en capitaux frais. Le chiffre d’affaires a reculé au 1ertrimestre de 7,1% par rapport au trimestre précédent, à 891millions USD, et de 21% depuis le 1ertrimestre de 2015. Le bénéfice opérationnel récurrent (REBIT) s’est, lui, accru de 3,8%, à 328millions USD, mais s’est replié de 42% par rapport au 1ertrimestre de 2015. Le bénéfice net a reculé de 0,86USD par action au 1ertrimestre de l’an dernier, à 0,15USD par action. Le marché prévoit des pertes à partir de fin 2017.

Conclusion

L’incertitude de nature financière joue des tours à l’action de Seadrill. Il faudra attendre de savoir dans quelle mesure le plan de refinancement diluera les participations des actionnaires existants. Par ailleurs, on ne prévoit pas encore d’amélioration dans le secteur. L’action est toujours à éviter.

Conseil : vendre

Risque : élevé

Rating : 3C

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