Schlumberger ampute son dividende de 75%

Le dividende annuel passe de 2 dollars à 0,50 dollar, soit un rendement du dividende de 3,5% brut, ce qui reste acceptable. La décision n’a au demeurant pas de quoi surprendre les actionnaires.

Nous attendions avec une impatience non dissimulée les résultats du 1er trimestre de Schlumberger: comment le plus grand opérateur de services pétroliers allait-il réagir à l’extraordinaire chute du cours de l’or noir? La situation représente un défi majeur pour Olivier Le Peuch, actif depuis 32 ans au sein du groupe et nommé CEO le 1er août dernier, qui doit sortir de l’ombre de Paal Kibsgaard (CEO depuis 2011).

Olivier Le Peuch avait entamé une opération d’assainissement dès octobre. La dépréciation d’acquisitions, pour un montant de 12,7 milliards de dollars, effectuée à l’époque, avait entraîné une perte nette de 11,4 milliards (-8,22 dollars par action). Une deuxième dépréciation, de 8,09 milliards de dollars cette fois (-5,57 dollars par action; perte nette de 7,38 milliards, soit -5,32 dollars par action), a été décidée au terme du 1er trimestre de 2020. Ce qui n’a pas empêché le marché de bien réagir à des résultats opérationnels moins mauvais que prévu. Entre janvier et mars en effet, le chiffre d’affaires (CA) a atteint 7,45 milliards de dollars: c’est certes 5% de moins qu’au 1er trimestre (7,88 milliards) et 9% de moins qu’au 4e trimestre de 2019 (8,23 milliards), mais très proche des 7,53 milliards espérés par le consensus. Le bénéfice est passé de 0,30 à 0,25 dollar par action en un an (-17%), hors dépréciation il est vrai, mais en baisse de 36% tout de même par rapport au chiffre de 0,39 dollar par action acté au 4e trimestre de 2019. Mais là encore, les analystes misaient sur 0,244 dollar. La marge d’Ebit (bénéfice opérationnel/CA) est passée de 11,5% à 10,2% en glissement annuel.

Le géant franco-américain doit son leadership à son expertise technologique dans le domaine du gaz de schiste ainsi qu’à son ancrage mondial (présence dans 85 pays). Ce dernier élément se reflète clairement dans l’évolution, divergente, des activités nord-américaines et des activités internationales. Le pôle Amérique du Nord achève le 1er trimestre de 2020 sur un CA de 2,28 milliards de dollars, en recul de 17% en un an. Si le repli du CA total est limité à 5%, c’est grâce au relèvement de 2% (de 5,04 à 5,12 milliards de dollars) du CA international. L’effondrement du cours du pétrole américain en particulier (West Texas) fait craindre une période très difficile pour l’industrie américaine du schiste, ce qui est bien sûr une mauvaise nouvelle pour les sociétés de services pétroliers – moins toutefois pour Schlumberger que pour ses concurrents, même si ce n’est là qu’une maigre consolation pour les actionnaires. Vu la situation, la direction n’a eu d’autre choix que de sabrer dans le dividende, par ailleurs beaucoup trop généreux. Le dividende trimestriel passe donc de 0,50 à 0,125 dollar par action, soit à 0,50 dollar, au lieu de 2 dollars, par an. Il n’est par conséquent plus question d’espérer un rendement en dividende de 13% à 14% brut, mais les 3,5% annoncés restent acceptables. Du reste, la plupart des actionnaires s’attendaient à une décision de ce genre.

Conclusion

Les services pétroliers et leurs actionnaires abordent une nouvelle zone de turbulences. Les producteurs de pétrole tenteront de sauver les meubles en réduisant leurs investissements et les majors feront tout pour préserver le dividende, ce qui pèsera durablement sur les chiffres de Schlumberger – la crise de 2014-2016 est là pour en témoigner. Malgré son cours historiquement bas, nous sortons l’action du portefeuille; au vu de la menace qui pèse sur les bénéfices, notre conseil sera neutre jusqu’à nouvel ordre.

Conseil: conserver/attendre

Risque: moyen

Rating: 2B

Cours: 14,73 dollars

Ticker: SLB US

Code ISIN: AN8068571086

Marché: NYSE

Capit. boursière: 20,45 milliards USD

C/B 2019: 10

C/B 2020: 45

Perf. cours sur 12 mois: -67%

Perf. cours depuis le 01/01: -63%

Rendement du dividende: 3,5%

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