Royal Dutch Shell: la chute de l’or noir obère les bons résultats

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Les cash-flows disponibles suffisent néanmoins à couvrir le dividende, les rachats d’actions propres et les intérêts.

Alors que début octobre, le baril de brut s’échangeait à son plus haut niveau en près de quatre ans, le marché craint une nouvelle suroffre du fait de l’association d’une production record aux Etats-Unis et d’une baisse de la demande en Europe et en Asie, elle-même due à l’essoufflement de l’activité économique. L’OPEP ne parvient pas à décider de réduire sa production: l’Iran s’oppose à l’idée et la position de la Russie est peu claire. On en saura peut-être plus à l’issue de la réunion du 6 décembre.

L’action Royal Dutch Shell (ci-après Shell) a cédé un peu plus de 10% depuis début octobre et les bons résultats du 3e trimestre n’y ont rien fait. Le bénéfice net de 5,62 milliards de dollars (+37% en glissement annuel) est le plus élevé des quatre dernières années. La division Upstream (extraction de pétrole et de gaz) a tiré profit de la remontée du cours du pétrole, à 75 dollars en moyenne le baril de Brent, au 3e trimestre. Elle acte un bénéfice proche de 1,9 milliard de dollars, contre 562 millions un an plus tôt. Le pôle Gaz enregistre un bénéfice de 2,3 milliards de dollars (1,3 milliard en 2017). Shell est un acteur important dans la production de gaz naturel liquéfié (GNL) depuis qu’il a acquis BG Group. Il compte d’ailleurs investir généreusement dans un nouveau projet de GNL au Canada. Au sein du pôle Downstream, le bénéfice est passé de 2,66 à 2,01 milliards de dollars, du fait de l’érosion des marges de raffinage et de l’augmentation des frais de maintenance. Le cash-flow opérationnel ajusté a bondi à 14,7 milliards de dollars; cette hausse de 46% est à mettre pour plus de moitié au crédit d’Upstream (7,3 milliards), que suivent les pôles Gaz (3,7 milliards) et Downstream (2,9). Toute hausse de 10 dollars le baril produit six milliards de dollars de cash-flows supplémentaires. Les cash-flows disponibles s’établissent à huit milliards de dollars, ce qui suffit à couvrir le dividende, les rachats d’actions propres et les intérêts. La dette du groupe s’est allégée de 1,7 milliard au 3e trimestre et de 8,3 milliards sur 12 mois, faisant passer de 29,2 à 23,1% le taux d’endettement. L’objectif est toujours d’approcher les 20%. Grâce à la vente d’actifs, Shell a d’ores et déjà récolté plus de 30 milliards de dollars. En 2014, Shell et BG Group avaient investi, ensemble, 45 milliards de dollars; ce chiffre passera à 25 milliards cette année, pour se stabiliser à 25-30 milliards par la suite. Pour y parvenir, Shell diminuera ses dépenses d’exploration et reportera, ou échelonnera, certains projets.

A 0,47 dollar, l’acompte sur dividende demeure inchangé. Le groupe a annoncé, en début d’année, vouloir racheter pour 25 milliards de dollars d’actions propres. La première tranche, d’un montant de deux milliards, s’est achevée en octobre. Le rythme passera à 2,5 milliards d’ici à la fin du mois de janvier et le tout doit être terminé fin 2020. Au vu du prix moyen pratiqué jusqu’ici, le nombre d’actions en circulation diminuera d’environ 600 millions (-7%). Le bénéfice se répartira alors sur un nombre de titres moins élevé, ce que l’actionnaire appréciera.

Conclusion

Malgré sa belle évolution sur le plan opérationnel, Shell reste tributaire des fluctuations du cours du pétrole, que la situation géopolitique va intensifier pendant un temps encore. L’abondance des cash-flows préserve de toute menace les rétributions aux actionnaires. Le programme de rachats d’actions et le plantureux dividende devraient soutenir le cours. Shell est un choix défensif judicieux pour le portefeuille-type.

Conseil: acheter

Risque: moyen

Rating: 1B

Cours: 26,94 euros

Ticker: RDSA NA

Code ISIN: GB00B03MLX29

Marché: Euronext Amsterdam

Capit. boursière: 224,2 milliards EUR

C/B 2017: 12

C/B attendu 2018: 11,5

Perf. cours sur 12 mois: +8%

Perf. cours depuis le 01/01: -4%

Rendement du dividende: 6,0%

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