Royal Dutch Shell: abaissement de dividende historique

Royal Dutch Shell revient dans le vert malgré la faiblesse actuelle des prix du pétrole

Les résultats trimestriels meilleurs que prévu de Royal Dutch Shell ont été complètement éclipsés par l’annonce de la réduction historique de son dividende. Le géant de l’énergie n’avait plus écrémé celui-ci depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le secteur de l’énergie connaît une crise profonde.

Cette année, le dividende passe, d’un seul coup, de 0,47 à 0,16 dollar par trimestre, soit une baisse de pas moins de 66%. Une décision drastique que le conseil d’administration défend en soulignant le caractère exceptionnel de la situation actuelle du marché. La demande de pétrole brut n’avait plus baissé dans une telle mesure depuis 75 ans. Royal Dutch Shell (RDS) doit trouver un équilibre entre ses besoins d’investissement, la structure de son bilan et la rémunération des actionnaires. Et il semble que le conseil d’administration a estimé que ces derniers étaient pour l’heure moins prioritaires.

Quant aux rachats d’actions propres, ils avaient précédemment été ramenés de 2,75 à 1 milliard de dollars par trimestre. Fin mars, RDS a décidé d’interrompre le programme provisoirement. Entendant économiser encore davantage, le groupe réduira les investissements prévus (25 milliards de dollars) d’au moins 5 milliards. De même, les dépenses opérationnelles devraient baisser de 3 à 4 milliards de dollars. La vente des actifs non essentiels devrait quant à elle se poursuivre, mais il sera sans doute plus difficile d’obtenir un bon prix actuellement.

Sur le plan opérationnel, RDS a affiché des résultats supérieurs aux attentes, au 1er trimestre. Comme le cours moyen du pétrole s’élevait encore à 50 dollars le baril entre janvier et mars, l’incidence réelle de l’implosion de son prix ne se fera sentir qu’au cours du trimestre courant. Le bénéfice du groupe a chuté de 46%, à 2,86 milliards de dollars, mais est supérieur au pronostic (2,25 milliards). Les bénéfices ont diminué en amont (production), en aval (raffinage) et dans la division Gaz. Celle-ci est actuellement la principale source d’inquiétudes. Après avoir acquis BP en 2015, RDS s’est concentré sur le gaz naturel liquéfié (GNL) en prévision notamment d’une demande plus importante et d’une hausse des prix. Mais si la demande a effectivement été plus élevée, les prix n’ont en revanche pas augmenté. Le prix du GNL a même chuté encore plus rapidement que celui du pétrole brut. Même avant la crise sanitaire, la croissance de la demande avait ralenti et les prix étaient sous pression en raison de la surproduction. Récemment, le prix du GNL est tombé à moins de deux dollars par million de BtU, un niveau historiquement bas. Le coût de production, transport inclus, a plus que doublé.

Le cash-flow disponible s’est élevé à 12,1 milliards de dollars au 1er trimestre. Fin mars, RDS disposait de 20 milliards de dollars en espèces et d’une ligne de crédit inutilisée de 10 milliards de dollars. La dette nette du groupe a diminué de 4,7 milliards de dollars en un an, à 74,4 milliards. Le taux d’endettement a diminué, de 29,3% fin décembre à 28,9% trois mois plus tard; s’il est toujours supérieur à l’objectif que RDS s’est fixé (25%), il s’oriente toutefois dans la bonne direction.

Conclusion

Pareille réduction du dividende montre que la crise du secteur de l’énergie est profonde. Et les prix, historiquement bas, du GNL n’aident pas RDS. Pour l’heure, RDS offre toujours un bon rendement et à 0,7 fois la valeur comptable, l’action est bon marché. Le cours sera probablement très volatil ces prochaines semaines, mais son niveau actuel est un point d’entrée intéressant dans une perspective de long terme.

Conseil: acheter

Risque: moyen

Rating: 1B

Cours: 15,08 euros

Ticker: RDSA NA

Marché: Euronext Amsterdam

Code ISIN: GB00B03MLX29

Capit. boursière: 117,5 milliards EUR

C/B 2019: 13

C/B attendu 2020: 21,5

Perf. cours sur 12 mois: -43%

Perf. cours depuis le 01/01: -42%

Rendement du dividende: 3,9%

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