Rio Tinto

Danny Reweghs
Danny Reweghs Journaliste

Marché de l’acier comprime les prix du minerai de fer

2,776 GBP – 2c

Pendant de longues années, le minerai de fer fut le principal producteur de bénéfices pour Rio Tinto mais sa forte dépendance à cette matière première de base pour la production d’acier dessert à présent ce spécialiste britannico-australien de matières premières. L’an dernier, Rio Tinto a dû accuser une lourde perte nette (3 milliards USD) en conséquence d’amortissements sur le goodwill de plusieurs actifs. La branche Aluminium du groupe, notamment, qui regroupe principalement les activités du producteur d’aluminium canadien Alcan, racheté en 2007, a rencontré de graves difficultés. Le bénéfice sous-jacent (hors dépréciations de valeur) s’est tassé de 40%, à 9,3 milliards USD, tandis que le cash-flow opérationnel (16,5 milliards USD) a reculé dans les mêmes proportions. L’an 2013 promet peu d’amélioration pour l’industrie de l’acier. Dans le sillage de l’acier, le minerai de fer a déjà perdu près de 20% de sa valeur cette année, ce qui est particulièrement ennuyeux pour Rio Tinto, qui a représenté l’an dernier 78% du bénéfice opérationnel au niveau du groupe. Pour l’aluminium, à court terme, on n’espère pas davantage d’amélioration et au niveau des activités de charbon également, une forte dépréciation de valeur a dû être enregistrée. Rio Tinto a connu du reste un revers opérationnel important aux Etats-Unis. En avril, un tremblement de terre a eu lieu dans la mine de cuivre Bingham Canyon de sa filiale Kennecott Utah Copper. Compte tenu de l’effondrement de l’un des murs latéraux, 165 millions de tonnes de gravats sont tombés dans le fond de la mine, ce qui a endommagé les installations minières et l’infrastructure. L’an dernier, Rio Tinto avait encore approuvé un investissement à hauteur de 660 millions USD pour allonger la durée de vie de la mine à 2029. Pour l’instant, personne ne sait quand la production atteindra à nouveau sa vitesse de croisière mais Rio Tinto a d’ores et déjà abaissé les prévisions de production pour 2013 de 100.000 tonnes de cuivre raffiné. Cette année et la prochaine, le groupe entend alléger ses coûts de 5 milliards USD et sera également plus prudent par rapport aux nouveaux investissements. En outre, il poursuit la cession des actifs secondaires. Ainsi les actifs liés au diamant sont-ils déjà en vitrine depuis un certain temps et la participation majoritaire de 59% dans Iron Ore of Canada (IOC) est également en vente (revenu espéré : 3,5 à 4 milliards USD). Le minerai de fer demeure une activité principale mais Rio Tinto souhaite réorienter l’offre vers Pilbara (Australie), où les coûts de production sont nettement moins élevés et les minerais plus riches. D’ici au 3e trimestre, la première phase du projet d’expansion sera finalisée, ce qui permettra la production d’une capacité de 290 millions de tonnes. La deuxième phase, qui a été reportée au 1er semestre 2015, doit encore accroître le rythme de production à 360 millions de tonnes par an. Cette décision ne semble pas très judicieuse vu la surcapacité actuelle mais Rio Tinto argue que l’équilibre de marché pourrait être totalement différent dans deux ans. L’an dernier, le programme de rachat d’actions propres de 7 milliards USD a été finalisé. Malgré les résultats décevants, le groupe a pu relever le dividende de 15%. Il présente encore 19 milliards USD de dettes, ce qui correspond à un taux d’endettement de 46%.

Les résultats semestriels, qui seront annoncés en août, ne seront pas exceptionnels. A court terme, aucune embellie n’est prévisible car les indicateurs économiques en Chine sont en perte de vitesse. L’action a anticipé cet état de fait : elle s’est tassée de plus de 15% depuis le début de l’année. Rio Tinto capitalise 1,7 fois la valeur comptable, ce qui représente un tiers de moins que son concurrent BHP, par ailleurs confronté à des problèmes similaires. Nous pensons que le cours intègre déjà bon nombre de mauvaises nouvelles. Le report de la deuxième phase de Pilbara peut améliorer le sentiment de marché et contribuer à combler le fossé de valorisation par rapport à BHP. Après la faible prestation de cours des derniers mois, on peut doucement prendre une première position dans l’action. D’où le relèvement de notre conseil (rating 2C).

PREMIERE POSITION

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