Qualcomm: les incertitudes n’ont pas disparu

L’euphorie qui avait suivi l’accord conclu avec Apple s’est dissipée après la sentence du gendarme américain du commerce (FTC).

Il y a quelques semaines, nous indiquions que l’issue du litige sur les brevets avec Apple allait dicter l’évolution de l’action Qualcomm à court terme. Et en effet, la conclusion d’un accord entre les deux parties a permis au titre de gagner près de 50% – une envolée cependant passagère. La rhétorique guerrière qui caractérisait les échanges entre Qualcomm et Apple ne laissait pas présager de solution aussi rapide, mais la firme à la pomme a été contrainte de mettre de l’eau dans son vin car elle devait produire rapidement une version 5G de l’iPhone pour donner un coup de pouce aux ventes de son produit phare. L’entreprise avait placé tous ses espoirs dans Intel, mais le fabricant de semi-conducteurs a renoncé à produire des puces 5G. Faire appel à Huawei aurait été risqué, tant sur le plan politique que de la sécurité, et le développement d’une puce propre aurait demandé trop de temps. Apple n’avait donc pas d’autre choix que de s’adresser à Qualcomm. En vertu de l’accord, Qualcomm fournira des puces au fabricant de l’iPhone pendant six ans. Les arriérés de royalties dus par Apple représentent entre 4,5 et 4,7 milliards de dollars.

Le chiffre d’affaires (CA) de Qualcomm pour le trimestre en cours devrait donc être exceptionnellement élevé: entre 9,2 et 10,2 milliards de dollars. Après la signature de l’accord, le groupe a relevé ses prévisions de bénéfice de deux dollars par action. Mais l’enthousiasme a rapidement été tempéré par l’avis de la Federal Trade Commission (FTC) américaine, qui, en substance, a estimé en mai que Qualcomm violait les règles anti-trust et étranglait ses concurrents et les consommateurs avec des redevances trop élevées sur les brevets. Qualcomm fera donc l’objet d’une surveillance stricte du gendarme américain du commerce pendant sept ans.

L’embargo imposé par le gouvernement américain sur Huawei ne fait pas non plus le jeu de Qualcomm, important fournisseur de technologie 5G, qui va désormais devoir demander une licence d’exportation spéciale. Les résultats trimestriels ont quelque peu été occultés par l’affaire Apple, puis le différend avec la FTC. Or, ils n’étaient pas mauvais: le CA a atteint 6,9 milliards de dollars, sensiblement plus que le consensus, malgré un recul de 5,8% en un an. Le résultat net est passé de 330 à 663 millions de dollars, et le bénéfice par action, à 0,77 dollar, dépassait les estimations des analystes (0,71 dollar). Qualcomm a mis la pédale douce cette année, avec seulement un peu plus d’un milliard de dollars de rachats sur les deux premiers trimestres (30 milliards, l’an passé). Le nombre d’actions en circulation a diminué de près de 20% depuis le début du programme, avec un effet relutif appréciable. En revanche, la trésorerie est passée de 40 à 10,4 milliards en un an. Mais l’endettement a été réduit, de 23,1 à 16,1 milliards de dollars. Le dividende trimestriel est maintenu à 0,62 dollar par action.

Conclusion

L’euphorie qui avait suivi l’accord conclu avec Apple s’est dissipée après la sentence de la FTC. Dans le pire des cas, Qualcomm devra revoir son modèle d’activité, ce qui se traduira probablement par une scission entre la division puces et celle dédiée aux brevets. Mais nous n’en sommes pas encore là, et les différentes procédures d’appel prendront du temps. Les conséquences de la guerre commerciale sur l’activité du groupe sont aussi inconnues. Quoi qu’il en soit, et malgré la victoire contre la firme à la pomme, les incertitudes entourant Qualcomm n’ont pas encore disparu. Nous restons donc sur le banc de touche.

Conseil: conserver/attendre

Risque: élevé

Rating: 2C

Cours: 69,59 dollars

Ticker: QCOM US

Marché: New York Stock Exchange

Code ISIN: US7475251036

Capit. boursière: 86,6 milliards USD

C/B 2018: 22

C/B attendu 2019: 18

Perf. cours sur 12 mois: +22%

Perf. cours depuis le 01/01: +21%

Rendement du dividende: 3,6%

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