Proximus est à la traîne

La perspective d’investissements élevés, le taux d’endettement croissant et la réduction des dividendes ont terni l’image de Proximus en Bourse. Or, l’action est non seulement moins chère que celles de ses concurrents, mais elle génère également un rendement supérieur à la moyenne.

Le secteur des télécommunications, dont on vante souvent les qualités défensives, fait généralement belle figure en Bourse dans un contexte économique difficile. Les abonnements génèrent des flux de trésorerie élevés et prévisibles et, en 2020, la crise sanitaire a fait exploser le recours à l’Internet et aux autres services de télécommunications. Et pourtant, aujourd’hui, le secteur se porte mal. Les performances de Proximus, en particulier, sont peu reluisantes.

Les télécommunications requièrent d’importants capitaux et la forte concurrence pèse sur les marges. Ces prochaines années, Proximus va devoir investir massivement dans le réseau de fibre optique et dans une licence 5G. Une croissance durable ne sera donc possible qu’à partir de 2022.

Le chiffre d’affaires (CA) du groupe a reculé de près de 6%, à 1,33 milliard d’euros, au deuxième trimestre, contre une baisse attendue de 4,5%. A 1,04 milliard d’euros, le CA domestique a légèrement dépassé les attentes, mais ce bon résultat a été gommé par les mauvaises performances de la filiale internationale, BICS (-11,2% de CA). Proximus prévoit de réduire sa participation dans BICS de 57,6% à 49%, afin d’économiser quelque 100 millions d’euros.

Les revenus du roaming ont diminué. En raison des restrictions de voyages, moins d’abonnés belges ont communiqué depuis l’étranger et moins d’étrangers ont utilisé le réseau belge Proximus. Le revenu moyen par utilisateur dans la branche mobile a diminué de 8,8% sur un an, à 18,2 euros. Les ventes d’appareils mobiles ont également diminué, du fait de la fermeture des magasins.

Proximus a cependant réduit ses frais de fonctionnement de 36 millions d’euros au premier trimestre et de 55 millions d’euros au premier semestre – une diminution pour moitié structurelle. En conséquence, le tassement du cash-flow opérationnel sous-jacent ou Ebitda s’est limité à 1,5% (à 477 millions d’euros). Ce chiffre est supérieur aux 465 millions d’euros prévus, mais résulte en partie de recettes non récurrentes. Au niveau du groupe, la marge d’Ebitda s’est améliorée de 1,6%, à 35,9%.

Le cash-flow disponible s’est maintenu à 100 millions d’euros au deuxième trimestre (mais 130 millions étaient attendus). Le programme de départ anticipé à la retraite a connu un succès plus important que prévu et a fait augmenter les coûts (252 millions d’euros, au premier semestre). Fin mars, Guillaume Boutin, le CEO, escomptait un cash-flow disponible de 780-800 millions d’euros pour l’exercice entier (844 millions, à l’exercice précédent) – un pronostic toujours en vigueur.

Au terme du premier semestre, la trésorerie (placements à court terme compris) totalisait 519 millions d’euros, pour une dette nette de 2,29 milliards d’euros à un taux de 1,7% et une échéance moyenne de 5,2 ans. Pour limiter la hausse de l’endettement, Proximus a allégé de près de 25% les dépenses d’investissement, à 187 millions d’euros. Début 2020, le dividende a également été ramené de 1,5 à 1,2 euro par action. Sauf circonstances exceptionnelles, ce dernier devrait rester constant toute l’année.

Conclusion

La perspective d’investissements élevés, le taux d’endettement croissant et la réduction des dividendes ont fait de Proximus le canard boiteux du secteur des télécommunications européen. Le marché peine à croire à la croissance promise à partir de 2022. Or, l’action Proximus est non seulement moins chère que celles de ses concurrents, mais elle génère également un rendement supérieur à la moyenne. Nous jugeons la sanction disproportionnée et relevons notre conseil.

Conseil: acheter

Risque: moyen

Rating: 1B

Cours: 16,26 euros

Marché: Euronext Bruxelles

Ticker: PROX BB

Code ISIN: BE0003810273

Capit. boursière: 5,6 milliards EUR

C/B 2019: 13,5

C/B attendu 2020: 13

Perf. cours sur 12 mois: -34%

Perf. cours depuis le 01/01: -37%

Rendement du dividende: 7,3%

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