Proximus compte monnayer TeleSign

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L’entreprise de télécommunications cherche à lever des fonds en cédant des actifs. Le projet de scission et d’introduction en Bourse de sa filiale américaine TeleSign va dans ce sens. La revalorisation qui devrait s’ensuivre profiterait également aux actionnaires.

Proximus a achevé le 4e trimestre sur un chiffre d’affaires (CA) en hausse de 3,8% (consensus: +0,9%), à 1,44 milliard d’euros. Avec un bénéfice opérationnel ajusté (Ebitda) en recul de 3,8%, à 409 millions d’euros, la rentabilité n’a en revanche pas satisfait aux attentes. Les économies de coûts ont été largement contrebalancées par l’inflation salariale, conséquence de l’indexation automatique en Belgique. Le CA de l’exercice est passé à 4,347 milliards d’euros (-0,2%), l’Ebitda, de 1,828 à 1,772 milliard d’euros.

Le fichier des clients mobiles s’est étoffé de 387.000 unités (+9,1%), ceux des clients Internet et télévision, de 1,9% et 2,6% respectivement. Proximus vise pour 2022 un CA domestique qui pourrait être jusqu’à 1% supérieur à celui de 2021. Cette progression devrait provenir, entre autres, de la hausse des prix. L’Ebitda cédera 1%, à 1,75 milliard d’euros environ. Le cash-flow disponible a atteint l’an passé 237 millions d’euros (376 millions, avant l’acquisition de Mobile Vikings), contre 354 millions en 2020. La dette nette s’élevait fin décembre à 2,74 milliards d’euros (+16% en un an).

L’entreprise a acquis la part de BICS qu’elle ne possédait pas encore. Elle distribue par ailleurs pour 388 millions d’euros de dividende. La dette nette équivaut à 1,55 fois l’Ebitda (rapport de 1,4 fin 2020); l’objectif est de maintenir ce ratio sous 1,6, un chiffre bien inférieur à la moyenne européenne. L’échéance moyenne de la dette est maintenant de huit ans, pour un taux d’intérêt de 1,64%. Les dépenses d’investissement passeront cette année, comme prévu, à 1,3 milliard d’euros (1,2 milliard en 2021). Ce chiffre ne tient pas compte des dépenses liées à la mise aux enchères du spectre 5G au 2e trimestre.

Proximus cherche à lever des fonds en cédant des actifs. Le projet de scission et d’introduction en Bourse de sa filiale américaine TeleSign va dans ce sens. TeleSign est entrée dans son escarcelle en 2017, à l’occasion du rachat de BICS. Active dans l’authentification numérique et la sécurité des réseaux, elle est un des rares moteurs de croissance du groupe. Proximus espère que son entrée en Bourse déclenchera une revalorisation, qui profitera également aux actionnaires. L’opération passera par une fusion avec North Atlantic Acquisition Corporation (NAAC), une société d’acquisition à vocation spécifique (SPAC), qui ne dispose que d’une cotation et de liquidités. NAAC apportera 379,5 millions de dollars, à quoi s’ajouteront 107,5 millions fournis par un groupe d’investisseurs privés et publics belges. Proximus détiendra une participation de 66,5%, NAAC, de 21,8%. La valorisation de TeleSign (1,3 milliard de dollars) correspond à 2,2 fois le rapport valeur de l’entreprise (EV)/CA. La valorisation de la plupart des sociétés technologiques recule malheureusement depuis décembre. L’Ebitda de TeleSign restera de surcroît inscrit à l’encre rouge en 2022 et en 2023. La transaction devrait être achevée à l’entame du 2e trimestre.

Conclusion

Evoluant à contre-courant de la tendance, le secteur profite cette année de sa nature défensive et en particulier, de la stabilité de ses cash-flows. Scinder TeleSign est une bonne idée, qui pourrait contribuer à atténuer les inquiétudes au sujet du caractère soutenable du dividende, que les flux de trésorerie ne suffisent pas à financer. La valeur de l’entreprise correspond à 5 fois l’Ebitda escompté, ce qui n’est pas cher. Il ne faut pas espérer de croissance dans l’immédiat, mais Proximus reste une action de rendement intéressante.

Conseil: acheter

Risque: moyen

Rating: 1B

Cours: 17,92 euros

Marché: Euronext Bruxelles

Ticker: PROX BB

Code ISIN: BE0003810273

Capit. boursière: 6,1 milliards EUR

C/B 2021: 13

C/B attendu 2022: 12,5

Perf. cours sur 12 mois: +9%

Perf. cours depuis le 01/01: +3,5%

Rendement du dividende: 6,7%

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