Proximus boudé

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Le marché savait déjà l’an dernier que l’opérateur ne renouerait pas avec la croissance avant 2022. Il aurait tort de bouder encore son titre: non seulement il est moins cher que les autres du secteur, mais en outre il offre un rendement en dividende appréciable.

Proximus a manqué le consensus au quatrième trimestre et les perspectives pour l’année en cours sont décevantes. Le chiffre d’affaires (CA) a reculé de 4,3% en un an, à 1,39 milliard d’euros (consensus: 1,4 milliard d’euros), et la baisse concerne toutes les divisions. Le quatrième trimestre est traditionnellement le plus rentable de l’exercice, mais malgré une augmentation du nombre de clients dans le haut débit, la télévision et la téléphonie mobile, le bénéfice opérationnel (Ebitda) sous-jacent a diminué de plus de 6% sur un an, à 426 millions d’euros.

Sur l’exercice 2020, le CA du groupe a reculé de 3,6%, à 5,48 milliards d’euros. Si la baisse du CA en Belgique s’est limitée à 2,3%, celle de BICS, la division internationale, a atteint 8,2% du fait de la baisse des revenus d’itinérance. L’Ebitda a diminué de 1,8%, à 1,84 milliard d’euros. Pour 2021, Proximus anticipe des revenus stables mais un Ebitda plus faible encore (1,75 à 1,78 milliard d’euros), car les coûts et investissements augmenteront. Ce n’est qu’en 2022 que le groupe pourra renouer avec la croissance.

Après avoir annoncé, l’été dernier, qu’il recherchait un partenaire stratégique pour sa filiale BICS, fournisseur international de solutions télécom de gros englobant également l’américain Telesign (authentification numérique), Proximus a surpris en rachetant pour 217 millions d’euros la part des actionnaires minoritaires, Swisscom (22,4%) et le sud-africain MTN (20%). Le CEO, Guillaume Boutin, souligne les synergies avec le réseau de fibre optique et voit dans le déclin temporaire de l’activité d’itinérance une opportunité d’acquérir le reste de BICS à bas prix. Les actionnaires, qui avaient vu le dividende s’amenuiser l’année dernière en raison des investissements élevés dans l’infrastructure de fibre optique, ont ri jaune. A terme, cependant, l’investissement se justifie car Proximus ne devra plus verser de dividendes aux actionnaires minoritaires de BICS (26 millions d’euros, l’année dernière); et malgré ses marges relativement faibles, BICS génère toujours un cash-flow positif. Le pari pourrait être gagnant lorsque les communications internationales reprendront leur essor.

En 2020, le montant total des dividendes versés (511 millions d’euros) était supérieur au cash-flow disponible (352 millions d’euros). Le plan de restructuration en cours (154 millions d’euros) a certes fait augmenter les dépenses, mais il est légitime de douter de la pérennité de la politique de dividende. Un dividende intermédiaire de 0,5 euro a été versé en décembre et un dividende final de 0,7 euro par action sera versé fin avril en principe; Proximus entend garantir ce chiffre de 1,2 euro cette année et l’année prochaine également.

La dette nette s’est alourdie, de 2,19 milliards fin 2019 à 2,36 milliards d’euros un an plus tard; elle ne représente toutefois que 1,28% de l’Ebitda. Telenet, par exemple, est trois fois plus endetté. Proximus table sur une hausse du ratio d’endettement à 1,6 fois l’Ebitda en 2021. Les investissements passeront de 1 milliard d’euros en 2020 à 1,2 milliard en 2021.

Conclusion

Après la nette sous-performance de Proximus par rapport à ses concurrents belges et européens l’année dernière, le marché a boudé le titre. Il n’a pas apprécié non plus les prévisions prudentes. La perspective d’une année de transition lui déplaît aujourd’hui, mais il aurait tort de négliger la valeur, étant donné sa faible valorisation et le dividende élevé garanti en 2021 et 2022. Cette action défensive mérite donc un achat.

Conseil: acheter

Risque: moyen

Rating: 1B

Cours: 16,24 euros

Marché: Euronext Bruxelles

Ticker: PROX BB

Code ISIN: BE0003810273

Capit. boursière: 5,6 milliards EUR

C/B 2020: 9,5

C/B attendu 2021: 10,5

Perf. cours sur 12 mois: -22%

Perf. cours depuis le 01/01: +0,5%

Rendement du dividende: 7,3%

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