Pression sur les marges de Michelin

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Le groupe a vu son chiffre d’affaires progresser en 2017, mais la hausse des prix des matières premières a affecté ses marges. Michelin peut toutefois se targuer d’afficher un bilan robuste. Le niveau de son endettement est négligeable.

Michelin est connu partout pour être le plus gros fabricant mondial de pneus, avec des activités dans 170 pays et quelque 15% de parts du marché mondial. L’entreprise, qui a été fondée en 1889, est bien entendu un nom ronflant du secteur automobile, qui s’appuie de surcroît sur une mascotte universellement connue. L’an dernier, l’entreprise a produit plus de 180 millions de pneus, avec Michelin comme marque premium aux quatre coins du monde. Pour les voitures sportives et les SUV, l’entreprise a spécifiquement développé la marque BFGoodrich. Michelin, ce sont aussi des marques continentales fortes comme Kleber en Europe, Uniroyal en Amérique du Nord et Warrior en Chine. Un volet essentiel de la stratégie de Michelin consiste à renforcer ces marques en jouant la carte de la fiabilité et en étant “premier de la classe” en matière de technologie et d’innovation. Le groupe peut ainsi acquérir un avantage concurrentiel et voir la confiance du consommateur augmenter. Pas étonnant, dans ce contexte, que le fer de lance de la stratégie de Michelin consiste à conquérir le leadership du marché des “pneus spécialisés”. A cet égard, Michelin mise énormément sur les pneus pour véhicules agricoles, pour véhicules miniers et pour avions, des activités qui font la fierté du groupe et où les marges opérationnelles sont deux fois plus importantes que dans les activités classiques.

Ces dernières années, le groupe a ouvert trois nouvelles usines dans les pays émergents. Après la réalisation du plan qui visait à améliorer la productivité à concurrence de 1,2 milliard d’euros entre 2012 et 2016, Michelin a lancé l’an dernier un nouveau plan, dont l’objectif est cette fois de réduire les frais à l’horizon 2020 à hauteur d’un même montant (dont 315 millions d’euros d’économies en 2017). Michelin s’appuie sur un bilan robuste (fin 2017, l’endettement net ne représentait que 6% de son patrimoine propre). La direction du groupe assure que Michelin a réalisé l’an dernier 1,51 milliard d’euros de cash-flow disponible structurel (ce montant ne s’élevait encore qu’à 517 millions d’euros en 2011, par exemple), un montant record qui lui permet de revoir le dividende à la hausse en le portant de 3,25 à 3,55 euros par action (+9,2%).

D’ici à 2020, la direction du groupe entend augmenter de 20% le nombre de pneus vendus par rapport à 2015. Au vu des chiffres de l’année 2017, Michelin atteindra cet objectif. L’entreprise a vu son chiffre d’affaires (CA) progresser à 21,96 milliards d’euros en 2017, ce qui représente une augmentation de 5% par rapport à 2016. Cependant, vu l’amélioration de la conjoncture économique mondiale, nous avons observé l’an dernier une nette hausse des prix des matières premières, dont le caoutchouc. Et cette tendance pourrait bien se poursuivre en 2018. C’est pourquoi le bénéfice d’exploitation récurrent (qui exclut les charges uniques; Rebit) est resté presque stable (il est passé de 4,08 à 4,09 milliards d’euros), malgré la progression de 5% du CA. Il en résulte également une diminution de la marge de Rebitda de 19,5 à 18,6%. Le Rebit a régressé de 5,7% (de 2,79 à 2,63 milliards d’euros). L’effet négatif de la hausse des prix des matières premières a été chiffré à plus de 700 millions d’euros. Vu sous cet angle, le recul de la marge de Rebit de 12,9 à 12,5% n’apparaît pas comme catastrophique. Dans le segment des “pneus spécialisés”, la marge de Rebit a grimpé de 18,6 à 20,6%. Le résultat net stagne (1,69 milliard d’euros contre 1,67 milliard d’euros en 2016). Par action, le bénéfice passe de 9,21 à 9,39 euros.

Pour l’exercice 2018, la direction de Michelin pronostique une légère augmentation des volumes, un Ebit en hausse à cours de change constant et un cash-flow disponible d’au moins 1,1 milliard d’euros (un chiffre qui devrait passer à 1,4 milliard d’euros à l’horizon 2020).

Conclusion

L’action Michelin demeure une valeur sûre étant donné que l’abondant cash-flow disponible et l’enviable position du groupe au sein du secteur sont valorisés de manière raisonnable, à 11,5 fois le bénéfice escompté en 2018, 0,8 fois le CA et un rapport attendu entre la valeur de l’entreprise (EV) et l’Ebitda de 4,5 pour 2018. La hausse des prix des matières premières met cependant la pression sur les marges, raison pour laquelle l’action Michelin fait l’objet d’un avis moins favorable que par le passé.

Conseil : conserver/attendre

Risque : moyen

Rating : 2B

Cours : 125,2 euros

Ticker : ML FP

Code ISIN : FR0000121261

Marché : Euronext Paris

Capit. boursière : 22,5 milliards EUR

C/B 2017 : 13,5

C/B attendu 2018 : 12

Perf. cours sur 12 mois : +22 %

Perf. cours depuis le 01/01 : +5 %

Rendement du dividende : 2,9 %

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