Pourquoi GBL rachète Burberry

© Grégory Decock

GBL suit la tendance boursière : il troque ses actions de valeur contre des valeurs de croissance. Pour augmenter de 6% par an le dividende, il n’a pas vraiment d’autre option. Mais si la tendance s’inverse, ce qui est fort probable, cela pèsera sur la valeur de marché de son portefeuille.

GBL cherche à réunir cinq paramètres avant d’investir : une marque à fort ancrage mondial, un marché de débouchés en croissance annuelle, des possibilités d’accroître le chiffre d’affaires (CA), un potentiel d’amélioration des marges et un bilan solide. Récemment, le groupe de mode britannique Burberry, spécialisé dans les vêtements et accessoires de qualité, a satisfait à tous ces critères. GBL a plus de 3% de l’entreprise en mains, pour une valeur de marché supérieure à 250 millions d’euros. L’entreprise compte 11.000 collaborateurs et produit un CA de 2,5 milliards de livres sterling. GBL la qualifie de marque intéressante, capable de tirer profit de la prospérité grandissante au niveau mondial et de la propension croissante à voyager. Burberry génère déjà des cash-flows mais grâce à l’e-commerce et aux économies de coûts, sa marge devrait pouvoir s’améliorer. Qui partage l’analyse de GBL peut aussi bien acheter directement des actions Burberry au lieu de prendre une voie indirecte en investissant dans GBL. Burberry capitalise 25 fois le bénéfice de cette année et sa valeur d’entreprise correspond à 12 fois le cash-flow opérationnel. C’est cher, mais GBL a déjà démontré par le passé qu’il était disposé à desserrer les cordons de la bourse pour les entreprises dans lesquelles il croit.

L’investissement dans Burberry s’inscrit dans la stratégie de GBL visant à diversifier davantage son portefeuille. Concrètement, ceci implique la vente de la quasi-totalité de ses participations dans les géants de l’énergie français Total et Engie, pour réinvestir dans des entreprises de croissance comme SGS, Adidas, Umicore, Ontex et Burberry. En échangeant des actions de valeur contre des actions de croissance, le holding suit en fin de compte la tendance boursière. Environ la moitié du portefeuille de GBL est désormais investi en sociétés de croissance, contre à peine 15% en 2011. Mais l’écart de valorisation entre les entreprises de croissance et de valeur est tellement élevé désormais que la probabilité d’une inflexion à l’avantage des secondes est assez grande (cliquez ici pour lire l’article de Danny Reweghs à ce sujet). Ce qui pèserait également sur la valeur de marché du portefeuille de GBL. Le groupe avait peu d’autres choix que de corriger le tir au niveau stratégique, en tout cas s’il entend toujours accroître le dividende de 6% par an.

Cette réorientation stratégique s’est traduite par une forte hausse de la valeur de marché du portefeuille, mais l’afflux de dividendes traverse encore une période de transition. Les actifs nets ajustés ont progressé de 56% depuis 2011, dans le sillage du redressement boursier, et soutenus par le gain de cours d’Adidas. Les revenus de caisse du holding ont reculé sur cette période de 18%, de 522 millions d’euros à 440 millions, du fait surtout que la plus faible contribution des dividendes de Total (après la vente d’une grande partie de sa participation dans Total) n’a pas encore été compensée par celle des nouvelles participations. Cette tendance devrait s’inverser. Toutes les grandes participations devraient produire davantage de dividendes pour le holding cette année, d’après GBL.

Conclusion

D’un fonds énergétique français, GBL a évolué pour devenir un portefeuille d’entreprises de qualité. Cette métamorphose offre de meilleures perspectives de hausse de cours et de dividendes. Mais dans le sillage des Bourses en hausse et des cours des valeurs de croissance prenant de la hauteur, de nombreuses participations de GBL présentent aussi une valorisation tendue. La décote sur la valeur intrinsèque du portefeuille s’élève à environ 25% pour un rendement de dividende de 3,4%. Nous réitérons le conseil : à conserver.

Conseil : conserver

Risque : faible

Rating : 2A

Devise : euro

Marché : Euronext Bruxelles

Capit. boursière : 13,8 milliards d’euros

C/B 2016 : 17

C/B attendu 2017 : 18

Perf. cours sur 12 mois : +21 %

Perf. cours depuis le 01/01 : +7,5 %

Rendement du dividende : 3,4 %

Partner Content