Picanol

Digne d’achat

A l’été 2013, la communauté des investisseurs a été surprise d’apprendre que le producteur de métiers à tisser flamand _ détenu à 89% par le grand industriel Luc Tack _ souhaitait utiliser environ 200 millions de liquidités propres excédentaires pour devenir actionnaire de référence de Tessenderlo Group. C’est donc ce qui s’est passé à la fin de cette année-là, par le rachat de la participation de 27,6% du holding d’Etat français SNPE au prix de 22 EUR par action, soit un prix d’achat total de 192,6 millions EUR. Quelles étaient les intentions de ce producteur mondial de métiers à tisser ayant principalement des activités dans les pays émergents par rapport à une entreprise chimique, ciblée essentiellement sur l’Europe, dont les activités principales sont la production d’engrais spécialisés et de gélatine ? L’explication de l’architecte et Manager de l’année élu par le magazine Trends était aussi limpide que surprenante : le groupe Picanol, très cyclique, souhaitait s’adjoindre des activités moins sensibles à la conjoncture dans une autre zone géographique. Une simple diversification des risques, donc. Au cours des deux années écoulées, Tack a saisi, au travers de Picanol mais aussi personnellement (par l’intermédiaire de la société Symphony Mills), toutes les opportunités _ surtout lors de l’augmentation de capital _ pour accroître sa participation dans Tessenderlo. Actuellement, Tack contrôle 34,3% du groupe chimique (31,3% via Picanol, 3% directement). Le choc fut dès lors moins grand à l’annonce de la reprise par Picanol du contrôle de Tessenderlo Group, qui deviendra Picanol Tessenderlo Group. La fusion en un groupe industriel belge s’organisera par l’apport des activités industrielles de Picanol à Tessenderlo en échange de l’émission, normalement pendant les semaines successives, de quelque 26 millions de nouvelles actions Tessenderlo Group à un prix de 31,5 EUR par action (prime de 17,5% par rapport au cours au moment de l’annonce). Picanol conserve ses propres liquidités de quelque 50 millions EUR et la participation déjà accumulée de 31,3% dans l’entreprise chimique. Ce qui signifie qu’avec une valeur de 811,6 millions EUR, les activités industrielles ont une valorisation de 50% supérieure, dans le cadre de cette transaction, à sa valeur en Bourse avant l’annonce. Si la transaction est approuvée lors de l’assemblée générale de Tessenderlo Group (là, Luc Tack n’a pas de majorité), Picanol sera rebaptisé Picanobel et deviendra un mono-holding, tout comme Tubize pour UCB et Solvac pour Solvay. Un holding de contrôle familial (Picanobel possèdera 57% de Picanol Tessenderlo Group et le contrôlera donc de facto en cas d’approbation), qui affiche généralement une décote (importante) par rapport à sa valeur intrinsèque. Le cours de Picanol a d’ailleurs baissé de 15% depuis l’annonce, malgré la très forte valorisation des participations industrielles. Sur la base du cours actuel de Tessenderlo et avec près de 3 EUR par action de liquidités en plus, la décote est d’un peu moins de 25% sur la valeur intrinsèque.

Conclusion

De Picanol à Picanobel, d’un producteur mondial de métiers à tisser à un mono-holding contrôlant Picanol Tessenderlo Group, un groupe industriel à quatre branches (agro, biovalorisation, solutions industrielles et métiers à tisser)… Nous sommes positifs vis-à-vis de la transaction et sommes impatients de savoir ce qu’il adviendra de la trésorerie de Picanol.

Conseil : digne d’achat

Risque : moyen

Rating : 1B

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