Perrigo: inverser la tendance

Perrigo

Le 9 mai, Murray Kessler entend convaincre les investisseurs que Perrigo renouera avec la croissance. Il leur présentera son plan “Perrigo Advantage”.

Fin 2018, le fabricant de médicaments en vente libre (OTC) et de produits génériques avait à nouveau vu son cours plonger, cette fois de près de 30%. Une mauvaise nouvelle de plus était tombée, peu avant Noël: les autorités irlandaises réclament 1,8 milliard de dollars à Perrigo, soupçonné d’évasion fiscale – s’il a établi son siège social en Irlande, c’est en raison des avantages fiscaux que procure le pays. L’amende équivaut à près de deux fois les cash-flows d’exploitation (Ebitda), à quatre fois la position de trésorerie ou à un peu moins d’un tiers de la capitalisation boursière de 2018 de Perrigo. Depuis le début de 2019, toutefois, le cours de l’action s’est quelque peu redressé.

En 2018, Perrigo a été dirigé par trois CEO. Sous la direction des deux premiers, qui envisageaient de la vendre ou la fusionner avec un tiers, la division Rx Pharmaceuticals, qui fabrique des médicaments génériques délivrés sur ordonnance, a été scindée. La part de ces produits dans le chiffre d’affaires (CA) annuel du groupe avoisine les 900 millions de dollars, mais la marge bénéficiaire y est deux fois plus élevée que celle du segment OTC. En automne, Murray Kessler a été nommé à la tête de Perrigo. Le CEO, qui peut se prévaloir d’une longue expérience dans une fonction similaire chez Lorillard Tobacco, présentera, le 9 mai, lors de la journée des investisseurs, son plan “Perrigo Advantage”. Il semble en tout cas que le marché veuille lui donner une chance de remettre l’entreprise sur les rails de la croissance. Grâce à une série d’acquisitions, Joseph C. Papa (CEO de 2006 au printemps 2016) avait contribué à l’essor de Perrigo, et donc aussi à l’envol de sa capitalisation boursière, laquelle était passée de moins de 3 milliards à 30 milliards de dollars. C’est sous sa direction qu’à l’automne 2014 Perrigo a mis sur la table 3,6 milliards d’euros (dette incluse) pour absorber Omega Pharma. Et que le géant pharmaceutique Mylan a tenté à trois reprises d’acquérir Perrigo. Le groupe américain aurait peut-être dû accepter l’offre, car il a acté une dépréciation importante sur Omega Pharma et déposé plainte contre Marc Coucke et le fonds Waterland, à qui il avait acheté l’entreprise. Marc Coucke, qui avait été payé pour moitié en actions Perrigo, a lui aussi saisi la justice: les titres ont perdu énormément de valeur.

Depuis plusieurs exercices, Perrigo ne fait plus état de croissance. En 2015, le groupe avait publié un CA record de 5,4 milliards de dollars; l’an dernier, le CA a reculé de 4% en glissement annuel, à 4,73 milliards de dollars (contre 4,95 milliards en 2016). Le bénéfice ne progresse plus non plus, en dépit des mesures adoptées. Les analystes espéraient pour 2018 un bénéfice par action de 4,55 dollars (4,93 dollars en 2017; 7,59 dollars en 2015). Murray Kessler devra être très convaincant le 9 mai, pour que son public croie en la perspective d’un redressement du CA et du bénéfice. Pour l’heure, le marché pronostique pour 2019 un CA stable (4,72 milliards de dollars) et un bénéfice par action en baisse (4,26 dollars).

Conclusion

Selon les critères de Wall Street, l’action Perrigo n’est vraiment pas chère, à 10 et 9,5 fois le rapport valeur d’entreprise (EV)/Ebitda attendu pour 2019 et 2020 respectivement. Elle ne s’échange qu’à un peu plus que la valeur comptable. Il reste à savoir quelle sera l’issue du litige qui oppose le groupe aux autorités fiscales irlandaises, et à Murray Kessler à réussir à inverser la tendance. Nous ne pouvons qu’attendre.

Conseil: conserver/attendre

Risque: élevé

Rating: 2C

Cours: 50,37 dollars

Ticker: PRGO US

Code ISIN: IE00BGH1M568

Marché: NYSE

Capit. boursière: 6,84 milliards USD

C/B 2018: 14

C/B attendu 2019: 14,5

Perf. cours sur 12 mois: -37%

Perf. cours depuis le 01/01: +29%

Rendement du dividende: 1,6%

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