Pernod Ricard

Valorisation tendue

Comme on le craignait, le groupe français a dû lancer une mise en garde sur bénéfice pour l’exercice 2013-2014 (clôture le 30/6) en raison des contretemps rencontrés sur le marché important de la Chine. Les campagnes publiques dénonçant les fêtes et les cadeaux extravagants pèsent sur la demande de whisky et cognac chers. Au 1er semestre (période comprise entre le 1/7 et le 31/12) de l’exercice, son chiffre d’affaires (CA) en Chine a dès lors reculé de 18%. Les ventes de cognac Martell et de whisky Royal Salute ont particulièrement baissé en Chine. Ce facteur, combiné à des écarts de change défavorables, ont induit un repli de 7% du CA, à 4,57 milliards EUR. Heureusement, la marge d’EBIT (bénéfice opérationnel) s’est améliorée de 34 points de base (0,34%), de sorte que le groupe a malgré tout pu annoncer une augmentation de son bénéfice opérationnel récurrent (REBIT) de 2%, à 1,36 milliard EUR. Son résultat net a reflué de 3% (+6% à taux de change constants). La direction pense que la faiblesse des ventes en Chine perdurera en deuxième partie d’exercice, et ne table donc plus sur une augmentation du CA opérationnel (EBITDA) de 4 à 5% pour l’exercice 2013-2014, mais sur une croissance de 1 à 3% ou une augmentation d’un pourcentage le plus faible depuis l’exercice 2009/2010. Pernod-Ricard est né en 1975 de la fusion de deux spécialistes français des boissons anisées (Pernod et Ricard). Une foule d’acquisitions a suivi. Nous retiendrons notamment l’achat de la division Vins et spiritueux de Seagram en 2001. En 2005, le rachat de Fortune Brands Allied Domecq a permis au groupe de doubler de taille et de devenir le numéro deux dans le secteur des vins et spiritueux. Trois ans plus tard, Pernod Ricard est devenue le co-leader mondial sur le marché des spiritueux et surtout leader mondial dans les marques premium et de prestige avec l’acquisition de Wines&Spirits, le propriétaire de la vodka ABSOLUT. Grâce à cette série d’acquisitions, le groupe dispose aujourd’hui de 75 entreprises sur quatre continents, dont 36 marques “stratégiques”. La moitié d’entre elles (18) sont des marques locales fortes. Il faut y ajouter quatre marques de vins dont l’Australienne Jacob’s Creek, et un “top 14” de (grandes) marques internationales. Deux d’entre elles sont même des icônes mondiales : la vodka ABSOLUT et le whisky scotch Chivas Regal. A cela s’ajoutent sept marques premium : le pastis Ricard, le whisky Ballantine’s, le whisky Jameson, le rhum Havana Club, le gin Beefeater et les liqueurs Malibu et Kahlua. Enfin, il y a cinq marques prestige : le cognac Martell, les whiskies The Glenlivet et Royal Salute et les champagnes Mumm et Perrier-Jouët. Les deux principaux accents stratégiques afin de créer de la valeur sont l’innovation permanente et la revalorisation des marques, le premier permettant d’augmenter le CA et le deuxième, d’améliorer les marges. Selon l’entreprise elle-même, trois quarts du CA proviennent aujourd’hui de ses marques premium, d’où son leadership dans le segment supérieur des boissons fortes.

Conclusion

Pernod Ricard occupe une position idéale et a une stratégie claire dans les marchés émergents, l’Asie en tête. Cela dit, les problèmes spécifiques en Chine et la valorisation tendue du titre (18 fois le bénéfice escompté et un rapport EV/EBITDA de 13) nous empêchent pour l’heure de le conseiller à l’achat.

Conseil: conserver

Risque: faible

Rating: 3B

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