Oracle, ou l’art de doper le bénéfice

Thomas Kurian. © REUTERS

Sur les douze derniers mois, le flottant de l’entreprise a cédé 8,5%. De cette manière, le bénéfice par action augmente – il est réparti entre moins de titres. C’est la seule information réjouissante – et encore – concernant Oracle.

Après avoir publié ses résultats annuels en juin (exercice fiscal 2018), Oracle a livré ses prévisions pour le premier trimestre du nouvel exercice. Des prévisions jugées à l’époque décevantes, mais que l’entreprise n’est même pas parvenue à atteindre. Pour la période de trois mois jusqu’à fin août, son chiffre d’affaires (CA) s’est établi à 9,2 milliards de dollars: c’est certes 1% de plus qu’il y a un an, mais c’est moins qu’attendu en moyenne (9,26 milliards d’euros). D’autant que l’institut Gartner a estimé que les investissements dans l’informatique augmenteraient cette année de 6% et que les dépenses dans les logiciels bondiraient, elles, de 11%.

L’entreprise tente, avec un succès variable, de conquérir des parts de marché dans d’autres activités que celle des logiciels de banques de données, dans laquelle elle excelle. La migration vers le cloud de ses clients utilisateurs de logiciels “classiques” suit son cours, et Oracle attend beaucoup de cette activité, qui compte les sous-segments Software as a Service (applications proposées en ligne), Platform as a Service (systèmes d’exploitation, etc.) et Infrastructure as a Service (stockage, sécurisation, etc., de centres de données physiques). Pourtant, force est de constater que la croissance de Microsoft (avec Azure) et d’Amazon (avec Amazon Web Services) s’accélère plus rapidement que la sienne, dans tous les segments.

Depuis que, plus tôt cette année, Oracle a modifié la présentation de son rapport financier, il n’est hélas plus possible de connaître dans le détail le CA qu’a dégagé chacun des sous-segments repris plus haut. L’activité Cloud Services and License Support, qui s’adjuge 72% du CA du groupe, a déçu: la croissance n’y a pas dépassé les 3% (à 6,62 milliards de dollars). Dans l’activité Cloud and On-Premise Software (vente des licences de nouveaux logiciels, entre autres) le CA a reculé de 3%. Les pôles Hardware (-4%) et Services (-5%) se sont encore moins bien comportés.

Si le cash-flow opérationnel (6,72 milliards de dollars) d’Oracle a progressé de 2% en base annuelle, grâce à des mesures de réduction des coûts, il s’est toutefois révélé de 4% inférieur aux attentes. La marge brute n’a, pour sa part, pas déçu : elle était légèrement plus élevée qu’un an plus tôt (40,9% contre 40,7%).

Concernant le CA, les prévisions d’Oracle pour le trimestre en cours (de septembre à novembre) sont, une fois encore, peu ambitieuses. S’il se situe effectivement entre 9,21 et 9,4 milliards de dollars, il sera soit de 2% inférieur, soit équivalent au résultat de l’an dernier; le consensus s’établissait à +2%. A 0,71 dollar, le bénéfice par action pour le deuxième trimestre est, lui, plus attrayant qu’attendu (0,68 dollar) grâce, surtout, à une nette réduction du flottant. Entre juin et août, Oracle a en effet racheté 212 millions de ses actions (plus de 5% du flottant), pour un montant total de 10 milliards de dollars. C’est deux fois plus qu’au cours du trimestre précédent, et c’est délibéré: en dépit de la croissance modeste de son CA, Oracle veut pouvoir publier, au terme de l’exercice courant, la croissance à deux chiffres du bénéfice promise. Sur les 12 derniers mois, le flottant a déjà cédé 8,5% – réparti entre moins d’actions, le bénéfice augmente. Par ailleurs, Oracle a décidé d’allouer au rachat d’actions 12 milliards de dollars de plus, soit pour l’heure un total de 20 milliards. La position de trésorerie nette a chuté à 2 milliards, alors qu’elle s’élevait encore à 6,6 milliards de dollars trois mois plus tôt.

Conclusion

L’activité cloud de l’entreprise déçoit. Tout comme la lenteur de l’adaptation de son modèle d’affaires. Ainsi l’écart entre ses performances et celles des leaders du secteur se creuse-t-il. Au surplus, à court terme, le CA ne devrait pas progresser. La hausse du bénéfice par action est certes une bonne nouvelle, mais elle n’est induite que par la diminution du flottant. Si l’action Oracle n’est pas la plus chère du secteur, l’on sait pourquoi!

Conseil : conserver/attendre

Risque : moyen

Rating : 2B

Cours : 51,56 dollars

Ticker : ORCL US

Code ISIN : US68389X1054

Marché : New York Stock Exchange

Capit. boursière : 195,3 milliards USD

C/B 2017 : 19

C/B 2018 attendu : 15

Perf. cours sur 12 mois : +8 %

Perf. cours depuis le 01/01 : +9 %

Rendement du dividende : 1,5 %

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