Même Buffett est moins optimiste concernant IBM

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Notre conseil de vente, formulé en début d’année, était bien inspiré. L’action IBM se trouve près de 12% sous le niveau qu’elle affichait début 2017, alors que sur la même période, le S&P500 a progressé de plus de 10%.

Les problèmes d’IBM sont connus depuis longtemps. Son chiffre d’affaires recule depuis cinq ans et il n’y a pas d’amélioration en vue. Plus grave encore, la rentabilité est en recul. Cet état de fait ne se reflète cependant pas encore tout à fait dans l’évolution du bénéfice par action, ce qui s’explique par le fait qu’IMB consacre une grande part du cash-flow libre au rachat d’actions propres ; le nombre d’actions en circulation, par lesquelles le bénéfice doit être divisé, est ainsi réduit. Depuis 2011, le flottant a reculé de 1,2 milliard, à 940 millions.

Tout ceci n’a pas échappé à Warren Buffett. Le gourou de l’investissement, l’un des plus grands actionnaires d’IBM par l’intermédiaire de son holding Berkshire Hathaway, a annoncé en mai qu’il avait vendu un tiers de sa position. Buffett ne cache pas qu’IBM n’évolue pas comme il l’avait espéré lorsqu’il a pris position il y a quelques années. Avec plus de 50 millions de titres, il dispose cependant d’une participation de plus de 6%. Le CA du groupe (19,29 milliards de dollars) a reculé entre avril et juin pour le 21e trimestre consécutif, pour se situer en dessous du consensus (19,46 milliards de dollars). Le repli ressort à 4,7% sur une base annuelle (-3% à cours de change constant). IBM rapporte les chiffres de six segments distincts, et tous ont vu leur CA comme leur rentabilité reculer. La marge brute s’est effritée à 45,6%, contre 47,9% un an plus tôt.

IBM place l’accent sur les ” strategic imperatives “, les pôles de croissance futurs de l’entreprise dans divers segments, plus particulièrement le cloud computing, l’intelligence artificielle, les services mobiles et la sécurisation. Le CA de ces activités a progressé de 7%, à 8,8 milliards de dollars, et représente ainsi environ 45% du CA du groupe. La croissance la plus sensible est à l’actif du segment Cloud, dont le CA s’est accru de 15%, à 3,9 milliards de dollars. C’est moins spectaculaire qu’il y paraît, car le cloud computing est un marché de croissance solide. Au premier trimestre, le CA du segment cloud a encore progressé de 35%. De plus, la concurrence, Amazon et Microsoft (Azure) en tête, ont présenté des chiffres de croissance en hausse. Les autres activités concernées par les ” strategic imperatives ” ont représenté au total 4,9 milliards de dollars, à peine plus que l’an dernier (4,8 milliards de dollars). Le bénéfice net s’est replié de 7%, à 2,33 milliards de dollars. Le bénéfice ajusté par action (2,97 dollars) se situait 23 centimes au-delà des projections ; 18 centimes de dollar étaient attribuables au taux d’imposition exceptionnellement faible de 4,5%.

Selon les analystes, le CA du groupe devrait baisser cette année à moins de 78 milliards de dollars, contre 80 milliards de dollars l’an dernier. Le groupe a versé au deuxième trimestre 2,8 milliards de dollars, répartis de manière égale entre les dividendes et les rachats d’actions propres.

Conclusion

Les investisseurs ne doivent pas être aveuglés par la valorisation d’apparence faible et le rendement élevé d’IBM. Indépendamment de tout “financial engineering” qui dissimule plusieurs problèmes, le plus grand défi d’IBM consistera à mettre fin à la baisse de son CA et de ses marges. Un redressement technique du cours de l’action est possible, mais nous n’investirions pas dans IBM pour le plus long terme.

Conseil : vendre

Risque : moyen

Rating : 3B

Devise : dollar

Marché : NYSE

Capit. boursière : 136,2 milliards USD

C/B 2016 : 11

C/B attendu 2017 : 11

Perf. cours sur 12 mois : -7 %

Perf. cours depuis le 01/01 : -12 %

Rendement du dividende : 4,1 %

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