LVMH: la crise ? quelle crise ?

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L’action de Louis Vuitton Moët Hennessy, marque de luxe par excellence, a l’habitude de tutoyer les sommets mais la pandémie l’a bien fait hésiter pendant quelques mois. Or l’examen des chiffres du premier trimestre de 2021 laisse rêveur.

Avec une envolée de 86% de son chiffre d’affaires (CA) par rapport au premier trimestre de 2020, le plus fort de la pandémie pour elle, l’Asie s’est à l’évidence remise du passage du Covid-19. C’est au premier trimestre de 2021 que le marché chinois et le reste du marché asiatique, partis en vrille un an plus tôt, ont enregistré leur rebond le plus net. LVMH a achevé l’exercice 2020 sur un CA de 44,65 milliards d’euros, en baisse de 17% par rapport au niveau record de 53,67 milliards d’euros acté en 2019. L’exercice en cours sera sans conteste celui du redressement. Le CA est passé de 10,6 milliards à 13,95 milliards d’euros durant les trois premiers mois de l’année (+32%); la croissance organique est de 30%, ce qui est bien supérieur aux prévisions moyennes des analystes (+19,1 %, à 12,7 milliards d’euros). Plus fort encore: le CA a augmenté de 8% par rapport au premier trimestre de 2019.

Pour LVMH, la crise sanitaire est bel et bien de l’histoire ancienne, même si certains problèmes persistent, essentiellement en Europe. Le groupe a pu compter au premier trimestre sur un pôle essentiel: sa division Mode&Maroquinerie, dont les ventes ont grimpé de 45% (croissance organique: 52%), à 6,74 milliards d’euros, en glissement annuel et de 37% par rapport aux trois premiers mois de 2019. Célèbre dans le monde entier pour ses marques Louis Vuitton, Fendi, Donna Karan, Givenchy ou Kenzo, pour n’en citer que quelques-unes, cette activité a assuré plus de 48% du CA consolidé de la période. Son importance est donc incontestable… y compris sur le plan de la rentabilité, puisque l’activité a revendiqué l’an passé 86,5% (7,19 milliards d’euros) du bénéfice opérationnel (Ebit) du groupe (8,30 milliards). Portée par des noms comme Moët&Chandon, Dom Pérignon, Veuve Cliquot, Château d’Yquem ou encore, Hennessy, la division Vins&Spiritueux a achevé le premier trimestre sur une croissance organique de 36% de son CA (de 1,17 milliard à 1,51 milliard d’euros) en glissement annuel et de 17% par rapport au premier trimestre de 2019. La Distribution sélective, qui englobe, outre les magasins Sephora, DFS Group principalement (le plus grand détaillant de produits de voyage de luxe; plus de 1.100 boutiques), a vu ses ventes s’effondrer de 30% l’an passé. Son CA est de 11% inférieur à celui du premier trimestre de 2020 et cède même 30% par rapport au premier trimestre de 2019.

LVMH s’est offert en janvier le joaillier Tiffany, pour une quinzaine de milliards d’euros, une opération qui explique l’envol de 138% (de 792 millions à 1,88 milliard d’euros) du CA de l’activité Montres&Joaillerie. La croissance organique y est de 35%, en recul de 4% par rapport à celle du premier trimestre de 2019.

Conclusion

Analystes et investisseurs ont applaudi à l’annonce des résultats du premier trimestre. LVMH est certes un titre de qualité supérieure, mais à quelque 19 fois le rapport valeur de l’entreprise/cash-flow opérationnel et 38 fois le bénéfice escomptés pour cette année, l’action est pour le moins onéreuse. Le cours a franchi le seuil magique des 600 euros, et les 300 milliards d’euros et plus de capitalisation boursière font à nouveau de Bernard Arnault le deuxième homme le plus riche du monde. Phénoménal!

Conseil: conserver/attendre

Risque: faible

Rating: 2A

Cours: 628 euros

Ticker: MC FP

Code ISIN: FR0000121014

Marché: Euronext Paris

Capit. boursière: 316,9 milliards EUR

C/B 2020: 67

C/B attendu 2021: 38

Perf. cours sur 12 mois: +87%

Perf. cours depuis le 01/01: +23%

Rendement du dividende: 1%

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