Les pertes de Just Eat Takeaway.com ont culminé en 2021

Livraison de repas: Just Eat Takeaway veut en finir avec les contrats précaires © belga

Le groupe néerlandais multiplie les acquisitions et les investissements, depuis 2020, pour se développer dans d’autres pays et activités (livraison de courses, notamment). En bonne santé financière, il s’engage durablement sur la voie de la rentabilité. L’action est sous-valorisée.

Les résultats 2021 de Just Eat Takeaway.com (JET) conjuguent croissance et amélioration de la rentabilité. Le nombre de commandes et le chiffre d’affaires (CA) du groupe ont augmenté de 33%. Le Royaume-Uni et l’Irlande se classent en tête (+52% de commandes, +63% de CA), les investissements réalisés depuis l’acquisition de Just Eat portant leurs fruits.

La lanterne rouge, l’Amérique du Nord, voit ses commandes augmenter de 19% et le CA, de 17%. Le plafonnement des commissions des sociétés de livraison imposé pendant la crise sanitaire (et levé depuis, sauf à New York, San Francisco et dans une province du Canada) a amputé le cash-flow opérationnel (Ebitda) de JET de quelque 192 millions de dollars. Le segment Amérique du Nord aurait sinon affiché un Ebitda positif. Le retour à la rentabilité de la société américaine Grubhub, récemment absorbée, est aussi une priorité. Toutes les options sont sur la table: joint-venture, cession d’une partie des activités aux Etats-Unis… Des rumeurs à ce sujet ont d’ailleurs fait grimper l’action de 10% la semaine dernière.

Dans le segment Europe du Sud et Océanie, les commandes ont augmenté de 38% et le CA, de 48%. JET y investit encore beaucoup, ce qui l’empêche d’être rentable. Mais rappelons-nous que des investissements importants avaient été réalisés en Allemagne entre 2016 et 2019 et que le marché affiche désormais une rentabilité exemplaire. L’Europe du Nord est le marché le plus mûr de JET (et le seul rentable, avec une marge d’Ebitda de 4%); or là aussi, les commandes ont augmenté de 35% et le CA, de 43%.

Sur le long terme, JET vise une marge supérieure à 5% à l’échelle du groupe; l’Europe du Nord sert de modèle pour les autres régions. JET y a établi une base large et rentable, qui lui permet de continuer à investir dans la croissance et l’expansion de ses offres, pour inclure la livraison de repas et de courses. Cette expansion des activités logistiques comprime (temporairement, selon la direction) les marges brutes. 44% des commandes sont désormais des livraisons, contre 24% en 2019. JET devrait encore pouvoir augmenter ses commissions de livraison et utiliser plus efficacement son réseau logistique. Au Canada, JET dispose de plusieurs entrepôts (“dark stores”), à partir desquels les livraisons sont effectuées; leur nombre devrait plus que doubler en 2022. Sur tous les autres marchés, des partenariats ont été conclus avec des chaînes de supermarchés.

JET est en bonne santé financière. Le groupe a émis une obligation convertible de 1,1 milliard d’euros début 2021, puis contracté un emprunt supplémentaire de 300 millions d’euros. Il dispose ainsi d’un levier financier suffisant pour poursuivre ses investissements. Autre atout, JET détient 33% de son concurrent brésilien iFood. Une offre de 2,3 milliards avait été faite, mais elle a été jugée trop faible. Après les acquisitions de Just Eat en 2020 et de Grubhub en 2021, JET a investi massivement pour renforcer sa position sur ses nouveaux marchés. L’Ebitda en a souffert, tout comme la marge d’Ebitda (-1,2% en 2021). La direction a assuré que les pertes ont culminé l’an dernier et que la situation s’améliorera désormais.

Conclusion

Tous les signaux montrent que JET a pris la voie d’une rentabilité durable. Après les multiples changements amorcés en 2020, la direction profite du calme revenu pour asseoir ses nouveaux marchés et ses nouvelles activités. Nous conservons l’action en portefeuille en raison de ses perspectives à long terme et de sa sous-valorisation persistante.

Conseil: acheter

Risque: élevé

Rating: 1C

Cours: 29,84 euros

Ticker: TKWY NA

Code ISIN: NL0012015705

Marché: Euronext Amsterdam

Capit. boursière: 6 milliards EUR

C/B 2021: –

C/B attendu 2022: –

Perf. cours sur 12 mois: -65%

Perf. cours depuis le 01/01: -40%

Rendement du dividende: –

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