Les actionnaires de Facebook sont apaisés

© Reuters

Le rebond de l’action à l’annonce des chiffres trimestriels traduit un véritable sentiment de soulagement. Rappelons toutefois que, le scandale n’ayant éclaté que tout à la fin du premier trimestre, il est bien trop tôt pour en estimer les conséquences sur les résultats de Facebook.

Au vu du scandale dont vient de faire l’objet le géant des réseaux sociaux, analystes et investisseurs attendaient avec impatience les résultats du 1er trimestre. Or tant le chiffre d’affaires (CA) que le bénéfice sont supérieurs aux prévisions, et l’action affiche sa meilleure prestation journalière des deux dernières années.

Pour autant, il est beaucoup trop tôt encore pour estimer les conséquences à long terme de l’utilisation illicite, par le britannique Cambridge Analytica, de données personnelles de millions d’utilisateurs de Facebook. Ces données ont été vendues et utilisées pour créer des profils d’électeurs dans la perspective du référendum sur le Brexit et de l’élection présidentielle américaine, notamment. Pour l’entreprise de la Silicon Valley, qui tire l’essentiel de ses revenus de la publicité, deux questions cruciales se posent désormais: les internautes vont-ils lui tourner le dos? Les annonceurs, le laisser choir? Les résultats du 1er trimestre ne semblent pas orientés en ce sens, mais il convient de rappeler que le scandale n’a éclaté que tout à la fin de la période. Plus de 80 milliards de dollars de capitalisation boursière sont en tout cas partis en fumée durant la seconde moitié du mois de mars, même si le groupe de Mark Zuckerberg a par la suite regagné un peu de terrain. Fin mars, il comptait 1,45 milliard d’utilisateurs actifs quotidiennement, soit 13% de plus qu’un an plus tôt. Le nombre d’utilisateurs actifs mensuellement a évolué dans les mêmes proportions, à 2,2 milliards d’unités. Parce qu’elle a renforcé ses règles de confidentialité, l’entreprise technologique prévoit un ralentissement de la croissance du nombre d’utilisateurs pour le trimestre en cours. Notons toutefois qu’après avoir légèrement reculé au 4e trimestre, le nombre d’utilisateurs aux Etats-Unis et au Canada repart à la hausse; de 185 millions au total, ce chiffre est identique à ce qu’il était au 3e trimestre de l’an dernier. C’est important, car les abonnés nord-américains sont, de loin, ceux qui rapportent le plus.

Le CA du groupe a augmenté de près de 50%, à 11,97 milliards de dollars, sur une base annuelle, ce qui est supérieur au consensus (11,4 milliards). L’entreprise de Mark Zuckerberg a certes profité de la baisse du dollar, qui a soutenu le CA réalisé à l’étranger. Le bénéfice par action s’établit à 1,69 dollar, contre 1,35 escompté. Le CA moyen par utilisateur a progressé de 31%, à 5,53 dollars, à l’échelon du groupe. A 23,59 dollars, soit +38% en glissement annuel, l’Amérique du Nord se démarque nettement. L’accélération la plus vive est à mettre à l’actif de l’Europe, où le CA par utilisateur a bondi de 50%, à 8,12 dollars. L’Asie (2,46 dollars) et le reste du monde (1,68) sont loin en deçà de la moyenne, ce qui signifie que ces régions recèlent un potentiel considérable. Le bénéfice opérationnel s’élève à 5,45 milliards de dollars, soit une marge de 46%, contre 41% l’an dernier. Ce chiffre fluctue beaucoup au fil de l’exercice, en fonction des investissements. Ainsi la marge bénéficiaire s’établissait-elle à 57% encore au 4e trimestre. Facebook prévoit d’investir 14 à 15 milliards de dollars cette année, soit 50% de plus qu’en 2017. Le groupe, qui n’est pas endetté, avait à la fin du 1er trimestre près de 44 milliards de dollars (18 dollars par action) en caisse. Le cash-flow disponible, enfin, totalise 5,05 milliards de dollars.

Conclusion

Il est actuellement impossible d’estimer l’impact du scandale sur les résultats du groupe; reste que le nombre d’utilisateurs et les revenus publicitaires continuent d’augmenter, or ce sont ces paramètres qui pèsent le plus lourd dans la balance. Les nouvelles mesures de protection de la vie privée, et les dépenses qu’elles engendrent, pourraient cependant freiner la croissance et éroder les marges. Nous recommandons d’attendre.

Conseil : conserver/attendre

Risque : moyen

Rating : 2B

Cours : 173,59 dollars

Marché : Nasdaq

Code ISIN : US30303M1027

Ticker : FB US

Capit. boursière : 502,5 milliards USD

C/B 2017 : 26

C/B attendu 2018 : 24

Perf. cours sur 12 mois : +18 %

Perf. cours depuis le 01/01 : -2 %

Rendement du dividende : –

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