Le titre Engie, insuffisamment valorisé

La production d’électricité verte prend à son compte 26% de la capacité de production du groupe, une proportion que les investissements consentis devraient permettre d’accroître encore.

Le rapport semestriel confirme la stabilisation des résultats d’Engie. Ce n’est pas une surprise, pour une entreprise qui tire plus de 90% de son bénéfice d’activités qui sont soit régulées, comme la gestion du réseau français de gaz naturel, soit couvertes par des contrats à long terme, comme souvent dans la production d’électricité verte.

Le 1er trimestre n’avait pourtant guère été brillant, en raison de la douceur de l’hiver et des problèmes posés par les centrales nucléaires belges. Mais un 2e trimestre bien meilleur rend le géant de l’énergie français à nouveau apte à réaliser ses objectifs annuels. Un printemps relativement frais, des contrats d’achat de gaz naturel revus (dans le bon sens) et les excellents résultats commerciaux des Services aux entreprises et aux ménages se sont traduits par une hausse de 9,3% du chiffre d’affaires au 1er semestre. L’augmentation du bénéfice opérationnel récurrent n’a pas dépassé 3,1%, mais la direction table sur une poursuite du redressement (bénéfice net récurrent de 2,5 à 2,7 milliards d’euros escompté pour 2019). Elle a toute confiance dans la capacité du groupe à concrétiser ses prévisions bénéficiaires et a d’ailleurs établi une réserve à cette fin, a-t-elle fait savoir lors de la vidéoconférence consacrée aux résultats semestriels. Engie annonce une hausse de son bénéfice opérationnel de 6,5 à 8,5% l’an d’ici à 2021. Les investisseurs ne semblent pas convaincus: avec un rapport cours/bénéfice de 12 et une valeur d’entreprise (EV) inférieure à 6 fois le cash-flow opérationnel, le groupe est mal récompensé pour ses résultats à la fois stables et porteurs de perspectives de légère croissance.

Les problèmes des centrales nucléaires belges avaient érodé le potentiel de l’entreprise l’an passé. La perte sur ce parc s’est creusée davantage encore au 1er semestre, à 216 millions d’euros, mais une légère augmentation de la disponibilité des centrales et la hausse des prix de l’électricité ont inversé la tendance. Engie veut réduire cette année de 80% la perte enregistrée sur le nucléaire en 2018. Sauf nouveau contretemps, les centrales devraient recommencer à contribuer aux résultats du groupe à partir de 2020, grâce notamment à la hausse des prix de l’électricité.

A plus long terme, Engie attend davantage de la production d’électricité verte. Celle-ci prend à son compte 26% de la capacité de production du groupe, une proportion que les investissements consentis devraient permettre d’accroître encore. Le budget provient en partie de désinvestissements réalisés dans des centrales thermiques. Engie a vendu des centrales au charbon en Thaïlande en 2018 et mis en service un grand parc éolien au Brésil cette année. La production relativement faible des centrales hydroélectriques françaises est certes regrettable mais si les précipitations avaient été normales, la division Energies renouvelables aurait vu son bénéfice bondir de 10%. Les Services aux entreprises et aux ménages sont un autre moteur de la croissance future. La division Réseaux (50% environ du bénéfice récurrent consolidé) a vu son bénéfice baisser légèrement au 1er semestre, ce qui sera sans doute le cas au second également; elle devrait en revanche générer des bénéfices stables par la suite.

Conclusion

Le marché ne valorise suffisamment ni la stabilité des résultats, ni le potentiel de légère croissance du bénéfice des prochaines années. Un rendement du dividende d’environ 6%, ce qui n’est pas peu, récompense la patience des actionnaires. Nous maintenons la note “acheter”.

Conseil: acheter

Risque: faible

Rating: 1A

Cours: 13,5 euros

Ticker: ENGI

Code ISIN: FR0010208488

Marché: Euronext Bruxelles

Capit. boursière: 32,8 milliards EUR

C/B 2018: 14

C/B attendu 2019: 12

Perf. cours sur 12 mois: +3%

Perf. cours depuis le 01/01: +8%

Rendement du dividende: 5,8%

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