Le retour en grâce de Colruyt

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La stabilisation des marges a permis à Colruyt de convertir l’augmentation de sa part de marché et de son chiffre d’affaires en un accroissement du bénéfice.

Les résultats de Colruyt pour l’exercice 2017-2018 (clôture: 31 mars) sont tout bonnement étonnants. A périmètre comparable, le chiffre d’affaires (CA) a progressé de 3,4%, le bénéfice opérationnel, de 4,5% et les cash-flows d’exploitation ont gagné 5,3%. Parce qu’ils tiennent compte de la vente, l’an dernier, de Pro à Pro, qui avait contribué pour 23 millions d’euros encore au bénéfice opérationnel de l’année précédente, les résultats à périmètre comparable permettent de disposer d’une image précise de l’exercice.

Colruyt s’était pourtant montré relativement pessimiste en décembre, lors de la publication des résultats semestriels. La concurrence, acharnée en Belgique, avait plombé les marges, au détriment du bénéfice opérationnel (la direction s’était toutefois empressée d’ajouter qu’il n’était pas question de rogner sur les promotions). Six mois plus tard, le groupe annonce que le marché est devenu moins concurrentiel, ce qui lui a permis de compenser totalement l’érosion des marges. Il achève l’exercice sur une marge bénéficiaire brute de 26%, contre 25,8% l’an dernier. Au niveau du bénéfice opérationnel, la marge est restée stable, à 5,4%, alors que l’on craignait un recul. Cette remarquable résistance des marges s’explique par l’exercice d’un contrôle plus strict sur les coûts, promis à la fin de l’an dernier. Les coûts ont évolué de la même manière que le CA. Nul ne sait combien de temps durera la trêve, mais Colruyt s’attend à ce que le marché reste compétitif cette année.

La stabilisation des marges lui a permis de convertir l’augmentation de la part de marché et du CA en accroissement du bénéfice. Le CA a progressé de 3,4%, grâce à la hausse des étiquettes, l’extension de la superficie commerciale et la croissance organique. Mieux: la part de marché est passée de 31,7 à 31,8%. Avec une croissance cumulée de 7% de leur CA, OKay et Bioplanet se sont montrés particulièrement performants. OKay prévoit d’ouvrir six nouveaux magasins par an ces prochaines années. Malgré la progression constante du commerce en ligne, Dreamland et Dreambaby ont profité du printemps clément pour accroître leur CA de 3,6%. Le groupe a vendu pour 370 millions d’euros en ligne (5% environ de son CA); le fer de lance de sa stratégie en matière de commerce virtuel est son service de courses Collect&Go. Colruyt revendique le leadership sur le marché de l’alimentation en ligne.

Redressement des marges et croissance du CA ont fait du 2e semestre de 2017-2018 le meilleur de l’histoire du groupe. A périmètre comparable, le bénéfice par action a gagné 6% – ce à quoi les rachats d’actions propres ne sont pas non plus étrangers: Colruyt a en effet distribué la majeure partie de ses excédents de liquidités en rachetant pour 328 millions d’euros de ses actions. Le 13 juin, il détenait 8,4% des titres émis. Peut-être faut-il voir là les prémices d’une sortie de Bourse.

Conclusion

Les excellents résultats semestriels prouvent que pour peu que la pression concurrentielle s’atténue, Colruyt est capable de transformer une hausse du CA en une augmentation du bénéfice. Le bénéfice pour l’exercice devrait légèrement augmenter, sauf si le secteur déterre à nouveau la hache de guerre. Avec un rapport cours/bénéfice de 19 et un rendement du dividende de 2,4%, la valorisation reste élevée, et supérieure à celle des enseignes concurrentes, mais c’est le prix à payer pour des résultats, un bilan et des parts de marché aussi remarquables. Nous conseillons toujours de conserver.

Conseil : conserver

Risque : faible

Rating : 2A

Cours : 48,7 euros

Ticker : BB

Code ISIN : BE0974256852

Marché : Euronext Bruxelles

Capit. boursière : 6,8 milliards EUR

C/B 2017-2018 : 19

C/B attendu 2018-2019 : 19

Perf. cours sur 12 mois : +2 %

Perf. cours depuis le 01/01 : +12 %

Rendement du dividende : 2,4 %

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