Le programme de rachat d’actions de Shell se fait attendre

Que le chiffre d’affaires et le bénéfice aient augmenté au premier trimestre, c’est bien, mais le marché espérait qu’il en irait de même pour les cash-flows de Royal Dutch Shell. Et les investisseurs ont trouvé d’autres raisons encore pour sanctionner l’action. Rappelons néanmoins que les perspectives formulées par la direction sont engageantes et que le rendement du dividende rend l’action attrayante.

Au premier trimestre, le prix de vente moyen des produits pétroliers a progressé d’un quart en glissement annuel. Celui du gaz s’est pour sa part apprécié de 13%. Royal Dutch Shell (ci-après “Shell”) a dès lors pu enregistrer une nette augmentation de ses chiffre d’affaires (CA) et bénéfice. A 91 milliards de dollars (+25%), le CA dépasse de 10 milliards les attentes moyennes des analystes. Quant au bénéfice récurrent, il a bondi de 42%, à 5,3 milliards de dollars.

L’activité gazière du groupe s’est particulièrement distinguée. Le bénéfice a plus que doublé en un an, à 2,44 milliards de dollars. Le gaz naturel et le gaz naturel liquéfié (GNL) prennent à présent à leur compte plus de la moitié de la production de Shell. La forte hausse de la demande en Asie a propulsé le prix du GNL à son plus haut niveau depuis 2014. Les volumes de production et de vente se sont accrus également. Mais pour compenser à terme le recul de la production de gaz naturel, notamment aux Pays-Bas, où la réserve du champ gazier de Groningue sera épuisée en 2030, Shell entend lancer de nouveaux projets de GNL ces prochaines années.

La division Upstream (production et exploration) s’est montrée très performante. Elle a vu son bénéfice se hisser de 540 millions de dollars au terme du premier trimestre de l’an dernier à 1,55 milliard. En revanche, le bénéfice de la division Downstream (raffinage et marketing) a reculé de 32% en glissement annuel, à 1,69 milliard de dollars, la hausse du cours du pétrole brut ayant pesé sur les marges de raffinage.

Alors que globalement, les résultats sont bons, la réaction du marché fut négative. Les raisons de sa déception sont, en effet, nombreuses. Le bénéfice du groupe est certes plus élevé qu’en 2014, lorsque le baril de Brent coûtait encore 100 dollars, mais les cash-flows n’ont pas augmenté. Or, les investissements non plus. Le cash-flow d’exploitation (Ebitda) s’est légèrement replié, à 9,4 milliards de dollars (9,5 milliards il y a un an) et le cash-flow disponible s’est établi à 5,18 milliards de dollars, soit le même niveau qu’il y a un an. Cela étant, les cash-flows sont assez élevés pour couvrir les dividendes – environ 16 milliards de dollars par an – et les charges d’intérêt de la dette – qui varient entre 3,5 et 4 milliards de dollars selon l’évolution des taux. Shell a d’ailleurs revu à la hausse ses prévisions de cash-flows pour la période 2019-2021, à 30-35 milliards de dollars par an en moyenne. Cependant, ces projections tiennent compte d’un cours du pétrole à 60 dollars alors que le baril de Brent se traite aujourd’hui à plus de 70 dollars. Lorsque le cours du brut s’accroît de 10 dollars, les cash-flows du groupe augmentent de six milliards de dollars. Par ailleurs, les investisseurs attendent le programme de rachat d’actions promis; les dirigeants de Shell ont affirmé qu’ils en auront racheté à concurrence de 25 milliards d’euros d’ici 2020, mais préfèrent pour l’heure se concentrer sur l’allègement de la dette. Il est vrai que le taux d’endettement ne diminue pas aussi vite qu’espéré. En rythme trimestriel, il a baissé de 25 à 24,7%, mais le groupe s’est fixé l’objectif de ramener ce dernier à 20%.

Conclusion

Les cash-flows inférieurs aux attentes et l’incertitude entourant le démarrage du programme de rachat d’actions, notamment, n’ont pas plu au marché. Pourtant, il y a peu de reproches à formuler au groupe sur le plan opérationnel. L’activité gazière évolue très bien, les perspectives sont très engageantes, les nouveaux projets accroîtront progressivement les cash-flows. Qui plus est, dans le secteur, Shell distribue l’un des dividendes les plus généreux.

Conseil : acheter

Risque : moyen

Rating : 1B

Cours : 29,35 euros

Ticker : RDSA NA

Code ISIN : GB00B03MLX29

Marché : Euronext Amsterdam

Capit. boursière : 247,3 milliards EUR

C/B 2017 : 18,5

C/B attendu 2018 : 14

Perf. cours sur 12 mois : +34 %

Perf. cours depuis le 01/01 : +2 %

Rendement du dividende : 5,4 %

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