Le pire semble derrière Engie

En cédant ses activités non stratégiques et trop exposées aux fluctuations des prix de l’énergie, Engie réduit le risque, et ses résultats seront plus stables. Cash-flow et bénéfice récurrent devraient augmenter cette année. Malgré le rebond du cours consécutif à l’annonce des résultats, Engie demeure digne d’achat.

Pour cette année, Engie prévoit à nouveau une hausse du cash-flow et du bénéfice récurrent. L’action a réagi vivement à ces perspectives enthousiasmantes, mais pas suffisamment pour compenser la baisse des dernières années. L’entreprise fait un pas en arrière pour rendre cette croissance possible: elle se déleste de nombreux actifs qu’elle ne considère plus stratégiques. Cette vente évolue comme prévu, mais lui coûtera 650 millions d’euros cette année, sous la forme de cash-flow opérationnel. Engie estime pouvoir compenser ce coût largement, grâce notamment à des mesures d’économies supplémentaires, et générer cette année un cash-flow opérationnel compris entre 10,7 et 11,3 milliards d’euros. En 2016, celui-ci s’élevait à 10,7 milliards d’euros. Sans considérer les gains perçus sur les actifs vendus entre-temps, le cash-flow s’est élevé à 10,1 milliards l’an dernier. Engie évoque pour cette année “une sensible croissance organique”, de 6 à 14%, à des cours des matières premières et des conditions météorologiques constantes. Pour son bénéfice net récurrent, Engie table sur 2,4 à 2,6 milliards d’euros en 2017, à comparer à 2,44 milliards d’euros en 2016. Le bénéfice net a une nouvelle fois terminé dans le rouge l’an dernier du fait de dépréciations comptables sur les centrales thermiques et de provisions complémentaires liées au démantèlement de réacteurs nucléaires.

Le pire semble derrière Engie. Les résultats sous-jacents de 2016 étaient légèrement supérieurs aux prévisions, grâce au redémarrage des centrales nucléaires belges. Par ailleurs, la probabilité est grande que cette année l’évolution du bénéfice s’infléchisse. La stratégie revue d’Engie consiste entre autres à mettre l’accent sur les revenus prévisibles issus des activités de réseau régulées, de services et de la production d’électricité verte. L’entreprise veut céder pour 15 milliards d’euros d’actifs exposés aux variations des prix de l’énergie. En conséquence, ses résultats seront plus stables et plus conjecturables. Cette décision nous semble judicieuse.

Le marché accorde actuellement trop peu d’attention aux cash-flows que génère Engie. En 2016, ses activités opérationnelles ont produit 9,7 milliards d’euros de liquidités. Engie a ainsi pu verser son dividende (3 milliards d’euros), financer les investissements nets (3,4 milliards d’euros) et alléger sa dette (de 2,9 milliards d’euros). Cette dernière représente encore 2,3 fois son cash-flow opérationnel. Hors cession d’actifs, l’entreprise génère un cash-flow libre de quelque 4 milliards d’euros, ce qui, sur une capitalisation de 31 milliards d’euros, correspond à un rendement intéressant de 12%. Le dividende pour 2017 avait déjà été réduit de 1 à 0,7 euro, de sorte que quelque 70% du bénéfice récurrent sont versés.

Conclusion

Malgré le rebond du cours consécutif à l’annonce des résultats, l’action affiche encore un C/B de 13 et une valeur d’entreprise de 6 fois le cash-flow opérationnel, ce qui constitue une valorisation intéressante, à plus forte raison parce que le pire est révolu. Du fait de l’allègement du risque, un redressement spectaculaire du bénéfice n’est pas à espérer, mais la probabilité d’une mauvaise surprise n’est pas davantage élevée. Les cash-flows libres ne sont pas estimés à leur juste valeur. Toujours digne d’achat.

Conseil : digne d’achat

Risque : moyen

Rating : 1B

Devise : euro (EUR)

Marché : Euronext Bruxelles

Capit. boursière : 31 milliards EUR

C/B 2016 : 11

C/B attendu en 2017 : 13

Perf. cours sur 12 mois : -7 %

Perf. cours depuis le 01/01 : +21 %

Rendement du dividende : 5,5 %

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