Le marché goûte peu l’offre de Gold Fields sur Yamana

© Getty Images/EyeEm

Gold Fields a pourtant raison de chercher à compenser le manque relatif de perspectives de croissance et la concentration géographique de ses réserves. Les synergies annoncées déçoivent, mais le prix payé par once troy de réserves est plus qu’acceptable.

L’offre de Gold Fields sur Yamana Gold a causé la surprise. Les conseils d’administration des deux groupes se sont d’ores et déjà mis d’accord, mais la décision ne sera entérinée que si 75% des actionnaires la soutiennent. Gold Fields paierait entièrement en actions; les actionnaires de Yamana percevraient 0,6 action Gold Fields par action détenue, soit une participation de 39% dans le groupe issu de la fusion. Soit aussi, sur la base des deux cours, une prime de 33,8% par rapport au cours de clôture moyen de Yamana durant les 10 jours de Bourse ayant précédé l’offre, et une transaction valorisée à 6,7 milliards de dollars. L’action Gold Fields a chuté de plus de 20% à l’annonce du projet, qui devient dès lors beaucoup moins intéressant pour les détenteurs de Yamana. Le marché est en effet particulièrement déçu par l’insignifiance des synergies annoncées: elles s’élèveraient à 40 millions de dollars par an – très peu, pour une transaction de cette ampleur. Mais ce que veut Gold Fields en réalité, c’est ajouter à son portefeuille des actifs assortis d’un potentiel de croissance et intensifier la diversification géographique de ses réserves.

Les neuf mines opérationnelles (Afrique occidentale, Afrique du Sud, Australie, Amérique du Sud) de Gold Fields ont produit l’an passé 2,34 millions d’onces troy d’or, pour un prix de 1.063 dollars en moyenne. Le projet Salares Norte, dans les Andes chiliennes, qui sera opérationnel l’an prochain, contribuera dans un premier temps à hauteur de 350.000 onces troy par an à la production consolidée. Pour le reste, le pipeline des projets d’exploration avancés est plutôt mince. Près de 60% des réserves sont en outre concentrées à South Deep, en Afrique du Sud. La production d’actifs est appelée à se stabiliser cette année (2,25-2,29 millions d’onces) alors que, poussé par les investissements à Salares Norte, le coût de production grimpera à 1.140-1.160 dollars. C’est justement pour compenser le manque relatif de perspectives de croissance et la concentration de ses réserves que Gold Fields a jeté son dévolu sur Yamana.

Ce groupe a produit l’an dernier 1 million d’onces troy d’équivalent or (or et argent), pour un prix moyen de 1.080 dollars. Sa participation de 50% dans Malartic, au Québec, une joint-venture avec Agnico-Eagle, est son principal actif. Malartic inclut Odyssey, un projet d’expansion souterraine qui prolongera la durée de vie de la mine jusqu’en 2039 au moins. Wasamac (Canada) est une ancienne mine souterraine que Yamana veut rappeler à la vie, et qui pourrait produire jusqu’à 200.000 onces d’or par an. Yamana possède également des sites en Amérique du Sud (Argentine, Chili, Brésil). Gold Fields souligne qu’il ne paiera que 208 dollars par once troy de réserves, ce qui est effectivement peu. Additionnés, les actifs de Yamana valent beaucoup plus que le montant auquel le groupe est actuellement valorisé. Mais ce n’est pas une garantie de succès, et certains concurrents suivent même le dossier d’un oeil suspicieux.

Conclusion

D’un point de vue stratégique, la reprise de Yamana est logique, puisqu’elle permettra à Gold Fields d’acquérir des actifs de grande qualité à un prix très intéressant. Les investisseurs qui ne voient pas au-delà de la dilution à court terme, en revanche, grognent. Compte tenu de l’évolution récente des cours, une contre-offre sur Yamana n’est pas à exclure – mais elle lui profiterait bien plus qu’à Gold Fields. La réaction de son cours nous paraissant exagérée, nous continuons à recommander d’acheter Gold Fields.

Conseil: acheter

Risque: élevé

Rating: 1C

Cours: 9,55 dollars

Ticker: GFI US

Code ISIN: US38059T1060

Marché: NYSE

Capit. boursière: 8,8 milliards USD

C/B 2021: 11

C/B attendu 2022: 11,5

Perf. cours sur 12 mois: -15%

Perf. cours depuis le 01/01: -10%

Rendement du dividende: 3,4%

Partner Content