Lawrence Culp, un CEO habile

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Les chiffres sont loin d’être excellents, mais l’amélioration est graduelle depuis le dernier trimestre de 2018. Lawrence Culp semble maîtriser la situation, même s’il concède que le redressement sera long, notamment dans la division GE Power.

Cela fait deux fois d’affilée que les actionnaires de General Electric (GE) applaudissent à l’annonce des résultats trimestriels du groupe. Les résultats du quatrième trimestre de 2018 et, surtout, du premier trimestre de 2019 ont propulsé à la hausse un cours dont, jusqu’ici, les chutes étaient davantage la règle que l’exception. A la tête de GE depuis sept mois, Lawrence Culp est très bien vu par les analystes et les investisseurs. Il avait déjà séduit le marché en annonçant des plans d’allégement de la dette et, surtout, la conclusion, avec le Département américain de la Justice, d’un accord de principe d’un montant de 1,5 milliard de dollars pour solder l’enquête relative aux subprimes.

Cette fois, c’est la faible consommation de liquidités qui convainc. Les activités industrielles n’ont consommé “que” 1,22 milliard de dollars, alors que le consensus misait sur plus du double (2,9 milliards). Le chiffre traduit également une amélioration par rapport au 1,76 milliard de dollars de cash-flows disponibles négatifs sur lequel le groupe avait achevé le premier trimestre de l’année dernière. Analystes et investisseurs apprécient les efforts du CEO pour stabiliser le conglomérat vacillant. En outre, les résultats sont, contrairement à ceux du quatrième trimestre, acceptables sur toute la ligne. A 27,29 milliards de dollars (+5,3%), le chiffre d’affaires (CA) est supérieur au consensus (27,11 milliards) – mais de 1,8% inférieur, certes, aux 27,79 milliards sur lesquels GE avait clos le premier trimestre de 2018. Le CA de GE Aviation progresse toujours nettement (+12%).

Reste que tout ne va pas encore pour le mieux dans le meilleur des mondes – GE Power se débat en effet toujours dans ses problèmes. Cette division, dont Lawrence Culp avait déprécié le goodwill de près de 22 milliards de dollars dès son entrée en fonction, a vu son CA chuter de 22% de plus, à 5,65 milliards de dollars, au dernier trimestre, et son bénéfice dégringoler de 71%, à 0,8 milliard de dollars. Même le grand patron ignore donc toujours comment la tirer d’affaire. A 0,14 dollar par action, le bénéfice consolidé n’en est pas moins supérieur au consensus (entre 0,06 et 0,11 dollar).

John Flannery, le vieux briscard auquel Lawrence Culp a succédé, avait d’ores et déjà cédé une partie de la division Soins de santé, et fusionné la branche ferroviaire avec son concurrent Wabtec; peu après son arrivée, en 2017, il avait suscité l’émoi en abaissant de moitié le dividende trimestriel, à 0,12 dollar par action. Son remplaçant est allé bien plus loin encore, en le réduisant à 0,01 dollar symbolique. L’annonce, en février, de la cession de Biofarma, l’une des divisions phares du groupe, à Danaher (l’entreprise que Lawrence Culp dirigeait précédemment), a été bien accueillie. D’un montant de 21,4 milliards de dollars, la transaction a pour but de calmer le marché à propos de l’endettement de GE, dont elle limite évidemment aussi le bénéfice potentiel. Le CEO se dit satisfait des progrès enregistrés, mais rappelle que la transformation de GE s’étalera sur plusieurs années. Les prévisions annuelles sont confirmées.

Conclusion

Les résultats trimestriels de GE ne contiennent aucun élément réellement plombant, ce qui, sans aller jusqu’à signifier que la transformation serait terminée, constitue déjà un progrès. D’après Lawrence Culp, l’exercice 2019 promet d’être très compliqué lui aussi, à telle enseigne que la spectaculaire remontée du cours enregistrée en début d’année n’est pas nécessairement représentative de ce qui va suivre.

Paru sur initiedelabourse.be le 15 mai

Conseil : conserver/attendre

Risque : moyen

Rating : 2B

Cours : 10,14 dollars

Ticker : GE US

Code ISIN : US369604103

Marché : NYSE

Capit. boursière : 88,6 milliards USD

C/B 2018 : 16,5

C/B attendu 2019 : 18

Perf. cours sur 12 mois : -26 %

Perf. cours depuis le 01/01 : +39 %

Rendement du dividende : 0,1 %

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