L’année s’annonce difficile pour EVS

Le rachat d’Axon par EVS marque un tournant dans sa stratégie de croissance. Axon est déficitaire mais devrait redevenir rentable à compter de 2023.

Les premiers mois de Serge Van Herck à la barre d’EVS n’ont rien d’un long fleuve tranquille. Depuis des années déjà, le groupe spécialisé dans les diffusions en direct d’événements sportifs était en panne de croissance. Et la crise du coronavirus ne vient pas arranger les choses: l’Euro 2020 n’aura pas lieu en juin, les Jeux olympiques de juillet-août sont annulés, tout comme la quasi-totalité des événements sportifs depuis quelques mois.

Le titre EVS perd probablement son plus bel atout: le statut de valeur de dividende stable et solide. Le taux de distribution des bénéfices nets aux actionnaires avait été relevé à 70% avant la crise du Covid-19. Il n’aurait pas été raisonnable de verser le dividende final. Pour la période 2018-2021, un dividende stable d’un euro brut avait été proposé; il a été réduit de moitié pour l’exercice 2019.

Une fois n’est pas coutume – signe que le nouveau CEO cherche une nouvelle voie de croissance? -, EVS a procédé à une (petite) acquisition, celle du néerlandais Axon, à l’offre complémentaire, dont le chiffre d’affaires (CA) annuel, en 2019, s’élevait à 17,5 millions d’euros. L’entreprise est toutefois déficitaire et pèsera sur les marges bénéficiaires d’EVS à court terme. Dès 2023, les synergies devraient permettre une hausse du cash-flow d’exploitation (Ebitda) de 6 à 10 millions d’euros, tout en remettant Axon sur la voie de la rentabilité.

EVS entend aussi utiliser sa trésorerie pour racheter ses propres actions. Le dernier programme en date portait sur 10 millions d’euros; un nouveau programme de 5 millions d’euros sur un an a été lancé. Le rapport intermédiaire relatif au premier trimestre de 2020 ne contient aucun chiffre concret sur la période. Il mentionne simplement que le carnet de commandes s’élevait à 39,6 millions de dollars fin avril, en recul de 7,5% par rapport à la même période l’an passé. Fin mars, le nombre de commandes reçues était encore en hausse de 14%, mais le mois d’avril a été marqué par un recul de 10% des nouvelles commandes. La transition vers la 4K/UHD et le redécollage des remplacements de projecteurs sont plus lents qu’espéré.

C’est grâce à sa maîtrise des coûts qu’EVS a sauvé l’exercice 2019. Car malgré le recul du CA, la marge brute a été maintenue (71,6% en 2019 contre 71,1% en 2018). Le bénéfice d’exploitation (Ebit) est passé de 28,1 à 23 millions d’euros, faisant reculer la marge d’Ebit de 24,2 à 22,3%. Les analystes tablaient toutefois sur un Ebit inférieur de quelque deux millions d’euros. Les efforts consentis ont permis une baisse des coûts opérationnels de 5,3%. Le résultat net a en revanche reculé de 35,2 à 19,6 millions d’euros (-44,2%), ou de 2,60 à 1,40 euro (1,14 euro au 2e semestre). Lors de la présentation des résultats annuels, la direction avait indiqué viser un CA compris entre 100 et 120 millions d’euros pour l’exercice 2020; elle est depuis revenue sur ces estimations.

Conclusion

EVS possède des technologies de pointe et se distingue par la solidité de sa situation financière, avec une trésorerie nette de 59 millions d’euros à fin 2019. Mais la croissance avait calé ces dernières années et 2020 sera une année très difficile. Le rachat d’Axon marque un tournant dans la stratégie de croissance, jusqu’alors organique, d’EVS. Avec une valeur d’entreprise correspondant à 7 fois l’Ebitda 2021 et à 10 fois le bénéfice attendu l’année prochaine, la valorisation de l’action est acceptable. EVS semble toutefois avoir perdu (temporairement) son statut d’action de dividende stable.

Conseil: conserver/attendre

Risque: moyen

Rating: 2B

Cours: 14,96 euros

Ticker: EVS BB

Code ISIN: BE0003820371

Marché: Euronext Bruxelles

Capit. boursière: 214 millions EUR

C/B 2019: 6

C/B attendu 2020: 19,5

Perf. cours sur 12 mois: -29%

Perf. cours depuis le 01/01: -32%

Rendement du dividende: 3,4%

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