L’action K+S, à un plancher sur 30 ans

Le prix de la potasse, minerai salin utilisé dans l’industrie des engrais, évolue avec les cours des céréales, qui se tassent après plusieurs années d’excellentes récoltes.

L’action du producteur allemand de potasse et de sel gemme (anciennement Kali und Salz) est tombée le 13 août à 13,15 euros, son plus bas niveau depuis 2006. En 2015 encore, le canadien Potash Corp (désormais Nutrien) avait offert pour K+S 7,8 milliards d’euros, soit 41 euros par action, pour (surtout) pouvoir prendre le contrôle de Legacy, le premier projet de potasse totalement neuf en plus de 40 ans dans la province canadienne de Saskatchewan. K+S, qui valorisait Legacy à 11 à 21 euros par action, avait refusé de négocier… pour ensuite observer la chute, à 2,7 milliards d’euros, de sa capitalisation boursière.

Le secteur de la potasse souffre depuis tout un temps. Historiquement, le prix de ce minerai salin utilisé dans l’industrie des engrais évolue avec les cours des céréales, qui se tassent après plusieurs années d’excellentes récoltes. La capacité de production mondiale suffit largement à répondre à la demande croissante et dans la guerre commerciale qui l’oppose aux Etats-Unis, la Chine vise particulièrement les importations agricoles américaines, car les agriculteurs constituent une part importante de l’électorat de Donald Trump. K+S accumule par ailleurs les déboires. Sans véritable surprise, la mise en service de Legacy, rebaptisée Bethune, est assez compliquée. La production de 2018 a culminé à 1,4 million de tonnes, contre 1,7-1,8 million escompté. Une longue période de maintenance, nécessaire à l’amélioration de la qualité de la production, va en outre faire atterrir celle-ci dans le bas de la fourchette prévisionnelle de 1,7-1,9 million de tonnes. En Allemagne, les sécheresses extrêmes de 2017 et, surtout, 2018, ont engendré un surcoût de 40 et 110 millions d’euros respectivement. Le groupe a depuis 2011 investi 500 millions d’euros dans des solutions structurelles destinées à réduire le déversement d’eaux usées salées. Il a obtenu en août un permis pour une nouvelle capacité de stockage temporaire et ne prévoit plus d’interruption en cas de sécheresse. Il achève le trimestre sur un chiffre d’affaires en hausse de 8,2%, à 878,5 millions d’euros (+8,1%, à 2,14 milliards, après six mois). Le cash-flow opérationnel (Ebitda) a progressé de 23,8%, à 130,1 millions d’euros, au 2e trimestre, ce qui est de 5% inférieur au consensus. Le bond de 17% en six mois, à 400 millions d’euros, de l’Ebitda, permet de relever les prévisions annuelles de 5 millions d’euros, à 730-830 millions (700 à 850 millions précédemment, 606 millions en 2018). Surclassant les prévisions, les cash-flows disponibles hors éléments exceptionnels ont augmenté de 150 millions d’euros, de -48,6 millions à +101,5 millions – le meilleur résultat trimestriel depuis 2011. Les pronostics ont dès lors été relevés, de “positifs” à 100 millions d’euros au moins, pour l’exercice. Le taux d’endettement, de 5,6 fois l’Ebitda des 12 mois précédents au 30 juin 2017, n’est plus que de 4,4 et devrait tomber à 2,8 d’ici à la fin de 2020.

Conclusion

Le titre s’est légèrement redressé après l’exposé des résultats semestriels. Les principaux problèmes opérationnels sont en voie de résolution. Le taux d’endettement reste élevé, mais va diminuer peu à peu. A une valeur d’entreprise (EV) de 7,4 fois l’Ebitda escompté pour 2019, la valorisation peut paraître bon marché, mais elle est dans la moyenne historique. Le portefeuille modèle anticipe un redressement du secteur de la potasse lorsque la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine s’apaisera: lourdement sanctionné, K+S est un candidat tout trouvé.

Conseil: acheter

Risque: élevé

Rating: 1C

Cours: 14,24 euros

Ticker: SDF GY

Code ISIN: DE000KSAG888

Marché: Francfort

Capit. boursière: 2,7 milliards EUR

C/B 2018: 33

C/B attendu 2019: 13,4

Perf. cours sur 12 mois: -27%

Perf. cours depuis le 01/01: -10%

Rendement du dividende: 1,8%

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