L’accord de principe fait bondir le cours de GE

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L’oubli a un prix : 1,5 milliard de dollars. Contre le versement de cette somme, les autorités américaines laisseront General Electric tranquille. Ainsi se solde le litige concernant les crédits subprimes. Reste à Lawrence Culp à rendre au conglomérat son aura.

Les actionnaires de General Electric (GE) ont enfin reçu de bonnes nouvelles. C’est le 31 janvier qu’ont été dévoilés les résultats du quatrième trimestre et de l’exercice 2018. Une envolée de plus de 10% du cours ne s’était plus vue depuis des années – les chutes, à raison de pourcentages plus élevés, ayant en revanche été beaucoup plus nombreuses. A la tête de GE depuis quatre mois, Lawrence Culp a séduit le marché en annonçant des plans d’allégement de la dette et surtout, la conclusion, le 31 janvier également, avec le Département américain de la justice, d’un accord de principe d’un montant de 1,5 milliard de dollars pour solder l’enquête relative aux subprimes. Moteur, pendant très longtemps, de la croissance bénéficiaire du groupe, GE Capital avait été lourdement frappé par l’éclatement de la crise bancaire, en 2008, avant d’être en grande partie démantelé.

Analystes et investisseurs apprécient les efforts de Lawrence Culp pour stabiliser le conglomérat vacillant. Reste que les résultats du quatrième trimestre ne sont pas particulièrement réjouissants, même si, contrairement aux précédents, ils ne déçoivent pas sur toute la ligne. A 33,28 milliards de dollars (+5,3%), le chiffre d’affaires (CA) est supérieur au consensus (32,33 milliards). Cette avancée est à mettre au crédit des divisions GE Transportation (+24%), GE Renewable Energy (+28%) et GE Aviation (+21%). Pour le reste, rien n’a vraiment changé… GE Power, dont Lawrence Culp avait, dès son entrée en fonction, déprécié le goodwill de près de 22 milliards de dollars, a vu son CA reculer de 25%, à 6,8 milliards de dollars, au dernier trimestre, et acté une perte de 0,9 milliard. Ce qui contribue à expliquer le recul du bénéfice à 0,17 dollar par action, alors que les analystes attendaient 0,22 dollar en moyenne (fourchette de 0,13 à 0,30 dollar).

Le CEO précédent, John Flannery, un vieux briscard, n’avait pas davantage réussi à changer la donne. Il avait décidé de se séparer, dans les deux ans, d’une division GE Healthcare (CA 2018: 19 milliards de dollars, bénéfice au quatrième trimestre : 1,2 milliard) rendue autonome et de Baker Hughes GE (pétrole et gaz; CA 2018: 22 milliards, bénéfice au quatrième trimestre: 0,4 milliard). Il avait déjà cédé une partie de la division Healthcare, et fusionné la branche ferroviaire avec son concurrent Wabtec. Son successeur a bien l’intention d’accélérer le processus. Peu après son arrivée, en 2017, John Flannery avait suscité l’émoi en abaissant le dividende trimestriel de moitié, à 0,12 dollar par action. Le nouveau CEO est allé bien plus loin encore, puisqu’il a désormais réduit le dividende à 0,01 dollar, montant symbolique, ce qui devrait représenter une économie de 3,9 milliards de dollars par an. Lawrence Culp a surpris en annonçant que la filiale Gecas (leasing de jets privés) n’était pas à vendre. Aucun pronostic n’a été émis pour 2019.

Conclusion

Les résultats trimestriels de General Electric ne contiennent aucun élément réellement plombant, ce qui constitue déjà un progrès – sans aller jusqu’à signifier qu’un virage à 180° serait amorcé. Il est possible que les nouvelles les plus mauvaises soient derrière nous, mais le nouveau CEO n’a pas encore dévoilé la manière dont il compte s’attaquer aux autres problèmes, pour faire de GE un groupe à nouveau structurellement sain. L’année 2019 promet d’être très compliquée elle aussi, à telle enseigne que l’actuelle remontée du cours n’est pas nécessairement représentative de ce qui va suivre.

Conseil : conserver/attendre

Risque : moyen

Rating : 2B

Cours : 10,16 dollars

Ticker : GE US

Code ISIN : US369604103

Marché : NYSE

Capit. boursière : 88,4 milliards USD

C/B 2018 : 18,5

C/B attendu 2019 : 13

Perf. cours sur 12 mois : -37%

Perf. cours depuis le 01/01 : +40%

Rendement du dividende : 0,1%

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