Kinepolis sème encore, et récoltera plus tard

Kinepolis peut entrevoir l’année 2017 avec confiance car les films à l’affiche sont plus prometteurs qu’en 2016. Le groupe produit toujours énormément de liquidités, ce qui lui permet de poursuivre son expansion. Hélas, sa valorisation est trop tendue.

En réaction à l’annonce des chiffres annuels 2016, le cours du plus grand exploitant de salles de cinéma belge s’est hissé à un nouveau record. Pourtant, Kinepolis est loin d’afficher une rentabilité record. Traditionnellement, le chiffre d’affaires (CA) et le bénéfice augmentent plus largement que le nombre de visiteurs. Ce ne fut assurément pas le cas en 2016. L’an dernier, le nombre de visiteurs a certes progressé de 7,5%, à 23,8 millions, mais cette augmentation n’est attribuable qu’à l’expansion du groupe. À cet égard, l’année dernière fut pourtant bel et bien “historique”. Le groupe a ouvert pas moins de cinq nouveaux cinémas dans trois pays : Kinepolis Dordrecht, Breda et Utrecht aux Pays-Bas, Grenade en Espagne et Fenouillet (Toulouse) en France. En moins de trois ans, le groupe a porté le nombre de ses cinémas de 23 à 50, au travers d’acquisitions et de projets de nouvelles constructions. En Belgique, où le nombre de complexes est resté inchangé, le nombre de visiteurs a reculé de 8,2%. Il est vrai que l’an dernier Kinepolis n’a pas été gâté par les affiches : le film qui a rencontré le plus de succès fut “Le Monde de Dory”, avec 622.000 entrées vendues. C’est moins que le 5e meilleur film de 2015. L’an dernier, le CA a connu une hausse de 7,7%, à 324,9 millions d’euros, ce qui est légèrement supérieur à la hausse du nombre de visiteurs. Cependant, l’augmentation du cash-flow opérationnel récurrent (hors éléments exceptionnels – REBITDA) a stagné à 4% en 2016, à 94,6 millions d’euros, ou un recul de la marge de REBITDA de 30,2 à 29,1%. Par visiteur, c’est un repli de 4,11 à 3,97 euros. Le tableau est donc identique à celui de 2014.

Le marché a néanmoins bien reçu le message du CEO Eddy Duquenne. Durant une phase d’expansion, il faut d’abord semer (investissements) pour pouvoir récolter (bénéfices). La direction se donne trois ans pour ramener la rentabilité d’un complexe racheté ou neuf au niveau moyen du groupe. En 2014, la reprise des 9 complexes Wolff avait plombé la rentabilité, et en 2016 c’est l’acquisition d’Utopolis Group (également 9 complexes) qui a pesé sur elle. Le bénéfice opérationnel récurrent (hors éléments exceptionnels) a même reculé de 1,4%, à 66,7 millions d’euros. L’expansion entraîne en effet des amortissements complémentaires.

Le bénéfice net par action a progressé à nouveau de 47,1%, à 1,75 euro, grâce à la plus-value sur la vente des 4 cinémas belges Utopolis. Notons que la dette financière n’a progressé que légèrement, à 169,8 millions d’euros (elle ressortait à 162 millions d’euros fin 2015), ou 1,8 fois le REBITDA. Le groupe Kinepolis, qui détient 15 cinémas aux Pays-Bas, 12 en Belgique (dont celui de la Toison d’Or, exploité par UGC), 11 en France, 6 en Espagne, 3 au Luxembourg, 1 en Suisse et 1 en Pologne (exploité par Cineworld), peut poursuivre sa stratégie d’expansion. Il a pu sans peine relever le dividende pour 2016 de 10,1%, à 0,87 euro brut. En 2008, celui-ci s’élevait à seulement 0,13 euro.

Conclusion

Kinepolis peut entrevoir 2017 avec confiance car les films à l’affiche sont plus prometteurs qu’en 2016. Le groupe produit toujours énormément de liquidités, ce qui lui permet de poursuivre son expansion. Hélas, sa valorisation est trop tendue (13 fois le rapport attendu entre la valeur d’entreprise et le REBITDA 2017) pour justifier un conseil d’achat.

Conseil : conserver/attendre

Risque : faible

Rating : 2A

Devise : euro (EUR)

Marché : Euronext Bruxelles

Capit. boursière : 1,35 milliard EUR

C/B attendu 2016 : 34

C/B attendu 2017 : 27

Perf. cours sur 12 mois : +20 %

Perf. cours depuis le 01/01 : +15 %

Rendement du dividende : 1,8 %

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