Kinepolis a mis un pied outre-Atlantique

En août, la direction de Kinepolis avait promis aux analystes que le groupe franchirait sous peu le cap de la centaine de cinémas. A la mi-septembre déjà, elle annonçait le rachat de Landmark Cinemas, le deuxième exploitant de cinémas au Canada (10% de parts de marché, 44 cinémas offrant un total de 303 écrans). On s’attendait à une acquisition d’envergure, mais en Europe !

Ce qui surprend, c’est que la plupart des complexes cinématographiques de Landmark sont loués aux trois quarts, sont plus petits que Kinepolis et drainent en moyenne moins de visiteurs. Et surtout, le groupe canadien affiche une rentabilité bien plus faible par visiteur. La direction de Kinepolis a assuré qu’elle oeuvrerait à améliorer cet aspect dans les prochaines années. Le premier exploitant de cinémas du pays poursuit donc sa stratégie d’expansion. En l’espace de trois années, le nombre de complexes cinématographiques du groupe avait déjà plus que doublé, de 23 à 48, un rythme de croissance pour le moins rapide.

Les résultats démontrent du reste que la première phase de l’expansion s’est déroulée sans trop de difficultés: le rapport intermédiaire relatif au troisième trimestre révèle que le nombre de visiteurs s’est accru de 7,8%, à 5,8 millions, portant le total après neuf mois à 17,5 millions (+5,8%). Le moins bon début d’année (-0,8% au premier trimestre) n’est plus qu’un mauvais souvenir. Cette hausse de la fréquentation résulte de l’expansion du groupe. Au cours du second semestre de l’an dernier, deux nouveaux cinémas ont ouvert leurs portes aux Pays-Bas (Breda et Utrecht), ainsi qu’un en Espagne (Grenade), et un autre en France (Fenouillet, à Toulouse). Cela dit, même sans considérer ces complexes cinématographiques nouvellement acquis, le nombre de visiteurs a augmenté pendant les mois d’été, grâce surtout à “Dunkerque”, “Moi, moche et méchant 3” et “Ça”. L’augmentation du taux de fréquentation fut plus marquée aux Pays-Bas (+10,8%), puis en Belgique (+9%) et en France (+8,7%).

La direction de l’entreprise a précisé que, comme souvent, au troisième trimestre, le chiffre d’affaires (CA) avait progressé plus largement que le nombre de visiteurs, du fait de l’augmentation des revenus par visiteur, publicitaires et immobiliers. Le bénéfice opérationnel récurrent (éléments exceptionnels exclus – Rebitda) s’est lui aussi accru, et par visiteur également. Au premier semestre, la hausse du Rebitda est ressortie à 11,2%, à 44 millions d’euros, ce qui représente une amélioration de la marge de Rebitda de 26,7 à 27,5%, ou de 3,52 à 3,74 euros par visiteur. C’est une première pour Kinepolis: en Belgique, pendant deux mois, chaque visiteur a dépensé plus de 5 euros en moyenne dans un complexe cinématographique. Le bénéfice opérationnel récurrent (qui n’inclut pas les éléments exceptionnels) a même progressé au premier semestre de 16,2%, à 29,2 millions d’euros. La dette financière nette du groupe s’établissait au 30 juin à 195 millions d’euros ou deux fois le Rebitda. Depuis, elle s’est allégée grâce au produit de la vente du bâtiment de la Toison d’Or à Bruxelles.

Conclusion

Kinepolis peut entrevoir l’avenir avec confiance. L’exploitant de cinémas produit quantité de liquidités, ce qui lui permet de réaliser son expansion. Hélas, sa valorisation est trop tendue (14 fois le rapport attendu en 2018 entre la valeur d’entreprise et le Rebitda) pour justifier un conseil d’achat. L’action n’en est pas moins à conserver précieusement.

Conseil: conserver/attendre

Risque: élevé

Rating: 2A

Cours: 59,90 euros

Ticker: KIN BB

Code ISIN: BE0974274061

Marché: Euronext Bruxelles

Capit. boursière: 1,64 milliard EUR

C/B2016: 39

C/B attendu 2017: 35

Perf. cours sur 12 mois: +46%

Perf. cours depuis le 01/01: +41%

Rendement du dividende: 1,5%

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