K+S vend sa division sel américaine

La crise actuelle contraint le groupe à chercher un acheteur pour sa division sel américaine. Il ne pouvait y avoir pire moment. L’action K+S est toujours en quête de nouveaux planchers.

Le producteur allemand de potasse et de sel gemme K+S (anciennement, Kali und Salz) souffre. Plusieurs éléments spécifiques au secteur mais aussi à l’entreprise l’ont affecté. Il y avait eu l’annonce, contre toute attente, en août 2013, du départ de la société russe Uralkali du cartel d’exportation biélorusse Potash Co (BPC). Depuis lors, la potasse se négocie à des niveaux trop faibles. Le départ de BPC a porté un coup majeur au secteur précisément au moment où K+S construisait Legacy, rebaptisé Bethune, le premier nouveau projet de potasse dans la province canadienne de Saskatchewan en plus de 40 ans. Il a coûté à l’entreprise 3,1 milliards d’euros au total. Vu son importance stratégique, Potash Corp – devenu Nutrien – avait, en 2015, offert pour K+S 7,8 milliards d’euros, ou 41 euros par action. Mais l’Allemand avait refusé de négocier. Plus tard, ses actionnaires ont qualifié ce refus de grande erreur. Quant au démarrage de la production à Bethune, en 2017, il ne s’est pas fait sans problèmes. La production y a systématiquement été inférieure aux prévisions, et de moindre qualité. Dans l’intervalle, cette dernière a été améliorée. Autre déception, les sécheresses extrêmes en Allemagne, en 2017 et 2018, qui ont entraîné des interruptions répétées de la production; depuis 2011, K+S a investi 500 millions d’euros dans des solutions structurelles destinées à réduire le déversement d’eaux usées salées. Plus récemment, la baisse des prix des engrais n’a pas aidé l’entreprise: ses résultats annuels de 2019 aussi, sont inférieurs aux attentes.

Au 4e trimestre, son chiffre d’affaires (CA) a fléchi de 15,9%, à 1,22 milliard d’euros, tandis que sur l’exercice, il a progressé légèrement, de 0,8%, à 4,04 milliards (sur le 1er semestre, il s’était apprécié de 8,1%). Le cash-flow opérationnel (Ebitda) a, lui, cédé 29,9%, à 159,8 millions d’euros, au dernier trimestre de 2019, mais a augmenté de 5,6%, à 640,4 millions, sur l’année. C’est moins que ce qu’avait pronostiqué la direction au terme du 1er semestre (730 à 830 millions, en 2019). Le cash-flow disponible ajusté s’est pour sa part élevé à 140 millions d’euros, le meilleur résultat trimestriel depuis 2013. La dette nette s’est allégée, de 3,24 à 3,12 milliards d’euros, en 2019. Le taux d’endettement, de 5,3 fois l’Ebitda des 12 mois précédents, est passé à 4,9, décevant le attentes. L’on peut d’ores et déjà faire une croix sur le ratio de 2,8 que visait la direction pour la fin 2020, notamment parce que K+S ne prévoit qu’un Ebitda de 500 à 620 millions d’euros, pour cette année. Le groupe a dès lors pris la décision de mettre en vitrine l’activité sel américaine (Amérique du Nord et du Sud). En 2019, la division a réalisé un Ebitda de 230 millions d’euros, soit 36% de l’Ebitda consolidé. L’entreprise espère lui trouver un acquéreur avant la fin de l’exercice courant et alléger, notamment par cette mesure, de plus de 2 milliards d’euros la dette nette d’ici à la fin 2021. Le dividende brut passe de 0,25 à 0,15 euro par action.

Conclusion

L’action est toujours en quête de nouveaux planchers. La crise du coronavirus contraint hélas le groupe à chercher un acheteur pour sa division sel américaine. Cela dit, ce n’est que fin 2021 que K+S devra procéder aux premiers remboursements de sa dette. Nous ne nous attendons pas à ce que le groupe doive mettre la clé sous le paillasson, mais en ces temps de plus en plus incertains, nous préférons abaisser notre conseil. Le risque est supérieur à la moyenne.

Conseil: conserver/attendre

Risque: élevé

Rating: 2C

Cours: 5,8 euros

Ticker: SDF GY

Code ISIN: DE000KSAG888

Marché: Francfort

Capit. boursière: 1,08 milliard EUR

C/B 2019: 12,5

C/B attendu 2020: 23

Perf. cours sur 12 mois: -64%

Perf. cours depuis le 01/01: -45%

Rendement du dividende: 2,6%

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