Just Eat Takeaway.com: une croissance qui n’est pas appréciée à sa juste valeur

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L’effondrement de l’Ebitda s’explique entre autres par les investissements réalisés en vue de gagner des parts de marché, un domaine dans lequel Just Eat Takeaway.com excelle. Si elle est décidée, la levée progressive des restrictions sur les commissions payées par les restaurants devrait contribuer à son redressement.

Just Eat Takeaway.com (JET), la plus grande place de marché en ligne du monde pour les repas à emporter, a achevé le semestre sur une impressionnante croissance: 51% de commandes supplémentaires en moyenne en glissement annuel, dont +76% au Royaume-Uni et +62% en Allemagne. Aux Etats-Unis, où l’entreprise est active depuis l’acquisition de GrubHub (2020), les commandes ont augmenté de 27%. La valeur des commandes a atteint 14 milliards d’euros, contre 9,7 milliards au 1er semestre de 2020; le chiffre d’affaires a lui aussi augmenté de moitié. Le nombre de restaurants affiliés s’est accru de 38%, le nombre de clients, de 22%. Ils ont commandé 16% de plus que l’année dernière en moyenne.

Le cash-flow opérationnel (Ebitda) est en revanche tombé de 205 millions d’euros en 2020 à -190 millions cette année, une chute en partie due au plafonnement des commissions que les autorités américaines ont imposé au secteur pour soutenir les restaurants (redevables desdites commissions) pendant la pandémie, ce qui a coûté à JET 110 millions d’euros d’Ebitda. La direction s’attend à ce que ces restrictions soient progressivement levées. L’effondrement s’explique également par les investissements réalisés en vue de gagner des parts de marché. Lors de la réunion des analystes, Jitse Groen, le CEO du groupe, a répété que l’objectif n’est pas de devenir rentable le plus rapidement possible, mais d’être le leader du marché, le seul moyen selon lui de devenir structurellement rentable. Le modèle hybride de JET (à la fois plateforme où clients et restaurants se rencontrent et société de livraison de repas, alors que la plupart de ses concurrents ne se livrent qu’à une seule de ces activités) est un atout. Sa qualité de place de marché lui permet de vendre ses services de livraison à des prix très bas, dans l’espoir d’attirer davantage de restaurants et de clients. Il est même prêt à casser les prix au besoin – ce qui, jusqu’à présent, n’a pas été nécessaire, puisqu’il applique déjà les tarifs de livraison les moins chers dans maints endroits. Il peut donc même les augmenter, ce qu’il a d’ailleurs fait récemment.

Viser le leadership impose d’investir dans le marketing, la logistique et la technologie, au détriment des marges bénéficiaires. Mais la stratégie porte ses fruits. Depuis le rachat du britannique Just Eat (2020), JET a massivement investi outre-Manche, le marché dont la croissance est, on l’a vu, la plus forte. C’est là également que les investissements ont pesé le plus lourdement sur les cash-flows. Aux Etats-Unis, où d’importants investissements sont annoncés également, l’exploitation ne sera pas rentable avant un certain temps. JET entend se concentrer, avec GrubHub, sur les villes très peuplées, comme New York. L’Allemagne prouve que la direction a du flair en matière d’investissements: JET y est le leader absolu, sous le nom de Lieferando, l’entreprise rachetée en 2014; malgré des investissements constants dans les livraisons et la logistique, l’Ebitda s’y est envolé de 63% depuis janvier.

Conclusion

Le marché réagissant encore avec prudence aux deux acquisitions majeures réalisées ces deux dernières années, l’action, en recul depuis un an, affiche une importante décote par rapport à sa valorisation historique et à celle de ses concurrents. La croissance de JET n’a pourtant rien à envier à celle de la concurrence et la direction a fait la preuve de ses talents. L’investisseur qui souhaite renforcer le segment “croissance” de son portefeuille trouvera dans JET une opportunité intéressante.

Conseil: acheter

Risque: élevé

Rating: 1C

Cours: 81,65 euros

Ticker: TKWY NA

Code ISIN: NL0012015705

Marché: Euronext Amsterdam

Capit. boursière: 16,3 milliards EUR

C/B 2020: –

C/B attendu 2021: –

Perf. cours sur 12 mois: -15%

Perf. cours depuis le 01/01: -13%

Rendement du dividende: –

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