IBM peine toujours à convaincre

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L’acquisition de Red Hat n’est pas sans conséquences, dont la principale est la suspension, depuis le 9 juillet, du programme de rachats d’actions propres… principal moteur de croissance d’IBM.

IBM a fait passer début août de 13,9 à 12,8 dollars par action ses prévisions bénéficiaires pour l’exercice, une déception qui succède à plusieurs trimestres déjà peu satisfaisants. Si l’achat de Red Hat Software doit renverser la vapeur, il freine, pour l’heure, l’évolution des résultats bénéficiaires. Négociée à 34 milliards de dollars (10 fois le chiffre d’affaires annuel de 2018), Red Hat est la principale acquisition d’IBM.

Les résultats de Red Hat sont intégrés dans ceux du segment Cloud&Cognitive Software depuis le 9 juillet. La plateforme OpenShift de Red Hat devrait permettre au groupe de gagner des parts de marché sur Amazon, Microsoft et Alphabet. Red Hat achève le 3e trimestre sur un chiffre d’affaires (CA) en hausse de 19% en glissement annuel, à 987 millions de dollars; de ce montant, IBM n’a pu comptabiliser que 371 millions, le reste provenant de contrats signés avant l’acquisition, qui ne peuvent être pris en compte. Ce n’est qu’au 4e trimestre que Red Hat sera comptabilisée pour un trimestre complet. Son CA annuel devrait s’établir à 4 milliards de dollars.

IBM achève le 3e trimestre sur un CA de 18,01 milliards de dollars, soit 3,9% de moins qu’un an plus tôt (consensus: 18,29 milliards). C’est la cinquième fois d’affilée qu’il ne satisfait pas aux prévisions. La vigueur du dollar et la vente de plusieurs divisions y sont certes pour quelque chose mais même sans cela, le CA a cédé 0,6%. A 2,68 dollars, le bénéfice par action est de 0,01 dollar supérieur au consensus, mais en nette baisse sur 12 mois (3,42 dollars). La marge brute est demeurée inchangée, à 47,4%. Notons qu’aucune division n’a surclassé les prévisions. Global Technology Services (infrastructure et cloud) et Systems (matériel), dont le CA a reculé de 4 et 14,7% respectivement, ont particulièrement déçu. Cloud&Cognitive Solutions (intelligence artificielle, Internet des objets, sécurisation) a progressé de 6,4%, ce qui reste inférieur aux pronostics. Au 30 septembre, le CA s’établit à 55,4 milliards de dollars (-4% sur une base annuelle), le bénéfice par action, à 8,1 dollars (-10%). L’acquisition de Red Hat a notamment pour effet de suspendre, depuis le 9 juillet, le programme de rachats d’actions propres… principal moteur de croissance d’IBM, qui avait levé, en mai, 20 milliards de dollars encore, mais dont la trésorerie est tombée à 11 milliards à l’issue du 3e trimestre. La dette atteint 66,3 milliards de dollars, dont 23,1 milliards sont imputables à IBM Global Financing. Ce chiffre ne peut pas être comptabilisé, à cause des créances qu’il englobe. La dette non financière s’élève donc à 43,2 milliards de dollars, ce qui porte l’endettement net à 32,2 milliards, soit 6,7 milliards de moins qu’il y a trois mois. IBM a versé au 3e trimestre 1,6 milliard de dollars, dont 1,4 milliard de dividendes, le reste provenant du programme de rachats, désormais suspendu, donc. Les cash-flows disponibles sont de 1,8 milliard de dollars, contre 2,2 milliards 12 mois plus tôt. IBM table pour l’exercice sur un cash-flow disponible de 12 milliards, et de 13 milliards en 2021.

Conclusion

IBM est très bon marché, mais c’est justifié. Son CA est extrêmement décevant et à présent que les rachats d’actions propres sont suspendus, la croissance du bénéfice par action est elle aussi à la traîne. Red Hat améliorera la position du groupe dans le segment cloud mais cela ne suffira sans doute pas à menacer Amazon et Microsoft. Le rendement élevé ne justifie pas un conseil d’achat.

Conseil: conserver/attendre

Risque: moyen

Rating: 2B

Cours: 134,26 dollars

Ticker: IBM US

Code ISIN: US4592001014

Marché: New York Stock Exchange

Capit. boursière: 118,9 milliards USD

C/B 2019: 10,5

C/B attendu 2020: 10

Perf. cours sur 12 mois: +5%

Perf. cours depuis le 01/01: +18%

Rendement du dividende: 4,8%

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