Greenyard a joué de malchance

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On peut véritablement parler d’une “annus horribilis”. Greenyard doit s’atteler à faire progresser la marge bénéficiaire pour faire oublier, un temps, aux investisseurs tous les autres éléments décevants.

Cette année, le producteur de fruits et légumes a la poisse. Fin 2017, les négociations portant sur la reprise du groupe américain Dole n’ont pas abouti. Quoique sensée, cette opération aurait entraîné une augmentation de capital importante. Les actionnaires ont dès lors été soulagés d’apprendre qu’elle n’aurait pas lieu. Mais début mai, le groupe a annoncé, contre toute attente, que le chiffre d’affaires (CA) comme le bénéfice de l’exercice 2017/2018 (clos le 31 mars) seraient moins élevés qu’annoncé. Effectivement, le CA a reculé de 1,7 %, à 4,175 milliards d’euros, en glissement annuel et le cash-flow opérationnel récurrent (hors éléments exceptionnels; Rebitda) s’est replié de 3,8 %, à 140,2 millions d’euros, décevant davantage. La marge de Rebitda s’est tassée de 3,4 à 3,3 %. A ce moment, l’entreprise anticipait encore une hausse du Rebitda de 10 % pour l’exercice 2018/2019. Mais les résultats du premier semestre ont contrarié ces espoirs: le CA a cédé 3,6 %, à 1,98 milliard d’euros. La contraction s’établit à -3,5 %, à 1,65 milliard, dans la division Fresh et -4,1 %, à 334,9 millions dans le pôle Long Fresh (surgelés Pinguin et conserves Noliko). Le Rebitda a accusé un repli plus marqué qu’attendu: -39,9 %, à 41,2 millions d’euros (Fresh: -49 %; Long Fresh: -20,3 %). La marge de Rebitda a encore reculé, à 2,1 %.

La sécheresse inédite de cet été a comprimé de 9,7 millions d’euros le Rebitda du groupe. En outre, la concurrence intense a affecté Fresh (-10 millions d’euros de Rebitda). Et, comble de malchance, la bactérie listeria a été trouvée dans l’une des usines du groupe, en Hongrie _ elle s’est développée à la suite d’un problème technique dans un tunnel de congélation. Depuis lors, la production y a repris. La perte liée à cette déconvenue a été revue à la baisse, de 30 à 28 millions d’euros. Greenyard met tout en oeuvre pour regagner la confiance de ses clients.

La dette nette du groupe s’est creusée, ces six derniers mois, de 99,3 millions d’euros, à 517,4 millions, impliquant une hausse du rapport entre la dette nette et le Rebitda sur les 12 derniers mois (de 2,8 à 4,4 fois), compte tenu de la sensible érosion du bénéfice brut. Or les convenants bancaires n’autorisent pas un ratio de plus de 3,5. En septembre, Greenyard a toutefois obtenu qu’ils soient adaptés jusqu’au 31 mars 2019 – le Rebitda devrait céder 25 % sur l’exercice courant.

Le groupe a vendu sa plus petite division, aussi la plus rentable (marge de Rebitda de 13,9 %), Horticulture, pour 120 millions d’euros. Grâce au produit de la vente, il remboursera une partie de l’obligation retail de 150 millions d’euros qui échoit en juillet 2019. D’autres pistes sont envisagées pour produire des liquidités. Greenyard affiche une perte de 113 millions d’euros, contre un bénéfice de 12,4 millions l’an dernier.

Conclusion

Après un été catastrophique, l’action s’est reprise quelque peu récemment. Mais, à l’occasion de sa rencontre avec les analystes organisée dernièrement, la direction n’a pas réussi à regagner toute leur confiance. Elle doit s’atteler à faire progresser la marge bénéficiaire pour faire oublier, un temps, aux investisseurs que le groupe est très endetté et que sa réputation a pris un sérieux coup. Greenyard devrait axer sa stratégie sur la croissance interne et se réorienter vers la fidélisation de ses clients. L’action s’échange à 0,52 fois la valeur comptable et la valeur de l’entreprise correspond à 9,5 fois le cash-flow opérationnel (Ebitda) attendu pour2019.

Conseil : conserver/attendre

Risque : élevé

Rating : 2C

Cours : 8,05 euros

Ticker : GREEN BB

Code ISIN : BE0003765790

Marché : Euronext Bruxelles

Capit. boursière : 444 millions EUR

C/B 2018 : 115

C/B attendu 2019 : –

Perf. cours sur 12 mois : -58 %

Perf. cours depuis le 01/01 : -59 %

Rendement du dividende : 0,25 %

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