Glencore malmené aux Etats-Unis

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Si aucune transaction juridique n’est conclue, Glencore risque de perdre toutes ses licences minières en RDC.

Glencore a perdu en une seule fois ce mois-ci plus de 7 milliards de dollars de capitalisation boursière. Cette chute, la plus brutale en glissement journalier depuis deux bonnes années, a ramené l’action à son niveau le plus bas de ces 12 derniers mois. Il faut dire que le premier négociant en matières premières du monde est poursuivi par la justice américaine, qui lui réclame des comptes sur ses activités au Venezuela, au Nigeria et en République Démocratique du Congo (RDC) entre 2007 et aujourd’hui. Aucune information n’a percé, mais l’enquête porterait sur des faits de corruption et de blanchiment.

La branche industrielle de Glencore est active dans plusieurs secteurs où la protection sociale et les bonnes pratiques commerciales ne sont pas toujours prioritaires. Au Royaume-Uni, le groupe avait précédemment déjà été critiqué pour ses accointances avec un homme d’affaires israélien sulfureux, très proche du président Kabila. En RDC, Glencore exploite des gisements de cuivre et de cobalt au travers d’une joint-venture avec l’entreprise d’Etat Gécamines. Le groupe y a considérablement investi dans des extensions de capacité ces dernières années, ce qui ne l’empêche pas d’être désormais soumis à une nouvelle taxe minière. Si aucune transaction juridique n’est conclue, il risque de perdre toutes ses licences minières en RDC; il ne peut évidemment pas se le permettre, d’autant qu’il est également actif dans le pays via sa filiale Katanga Mining.

Au Venezuela et au Nigeria, l’enquête se concentrerait sur des irrégularités dans l’octroi de contrats pétroliers. Reste à savoir si elle ne sera pas purement symbolique. Pour apaiser les esprits, la direction a annoncé un programme de rachat d’actions, pour un montant d’un milliard de dollars, entre aujourd’hui et la fin de l’année. Si l’opération n’est pas une surprise, son timing, lui, en est une. Le dividende a par ailleurs été relevé de 1 à 2,9 milliards de dollars cette année.

Les fondamentaux du groupe demeurent solides. En 2017, le bénéfice a quadruplé, pour atteindre 5,8 milliards de dollars. Le cash-flow disponible devrait avoisiner cette année 10 milliards de dollars. Sur le plan opérationnel, Glencore a tiré profit de la hausse des prix des matières premières et des volumes de vente. Avec un bénéfice de 3,2 milliards de dollars, sa meilleure prestation depuis 2008, la division commerciale s’est elle aussi très bien comportée. La division minière comprend l’exploitation du cuivre, du zinc, du plomb, du nickel et du cobalt, cependant que le pôle énergétique produit pétrole et charbon. Glencore publiera début août les résultats du premier semestre. Si les prix du pétrole et du charbon ont augmenté pendant cette période, les métaux ont évolué en ordre dispersé: le cours du cuivre et du zinc a reculé alors que celui du nickel progressait, les sanctions économiques contre la Russie ayant fait craindre des problèmes d’approvisionnement. La dette nette est passée à la fin de 2017 à 10,7 milliards de dollars, contre 15,5 milliards un an plus tôt.

Conclusion

La chute de la capitalisation boursière n’est pas proportionnelle à l’amende qui menace Glencore. Le repli enregistré par le cours ces derniers mois est aussi lié aux incertitudes croissantes qui entourent l’évolution de la conjoncture mondiale et des prix des matières premières. La valorisation est désormais inférieure à 1,2 fois la valeur comptable. Les cash-flows élevés, le programme de rachat d’actions et le rendement devraient glisser un plancher sous le cours.

Conseil : acheter

Risque : élevé

Rating : 1C

Cours : 311,45 pence

Ticker : GLEN LN

Code ISIN : JE00B4T3BW64

Marché : London Stock Exchange

Capit. boursière : 45,6 milliards de livres

C/B 2017 : 10

C/B attendu 2018 : 9

Perf. cours sur 12 mois : +3 %

Perf. cours depuis le 01/01 : -19 %

Rendement du dividende : 4,8 %

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