Gilead publie des résultats en demi-teinte

Son rapport relatif au troisième trimestre a été plutôt mal accueilli par le marché. Pour doter l’entreprise d’un nouveau profil de croissance, Daniel O’Day, à la tête de Gilead Sciences depuis mars de cette année, a encore du pain sur la planche.

Si les ventes ont progressé de 1,1% en un an, à 5,52 milliards de dollars, elles ont également cédé 1,6% en trois mois. Royalties incluses, le chiffre d’affaires (CA) de l’entreprise a augmenté de 0,1%, à 5,6 milliards de dollars, faisant de justesse mieux que les prévisions (CA stable). Au terme des neuf premiers mois de l’exercice, la croissance est de 1,5 %, à 16,57 milliards de dollars. La franchise de loin la plus importante reste celle des traitements contre le VIH (sida). Son CA a grimpé de 13,5%, à 4,2 milliards de dollars en un an (+4% en trois mois); depuis six trimestres d’affilée, il affiche une croissance d’au moins 10%. Poursuivant sur sa lancée, le médicament Biktarvy achève le trimestre sur un CA de 1,26 milliard de dollars (3,17 milliards après neuf mois, contre 606 millions en 2018). Cette marche forcée s’opère en partie au détriment d’autres médicaments contre le VIH de Gilead, dont le leadership n’en demeure pas moins impressionnant – 87% des nouveaux patients ont entamé, au cours du trimestre, un traitement dans lequel intervenait un produit de l’entreprise. Le traitement préventif du VIH, destiné aux patients qui présentent un risque accru de contamination, constitue un autre moteur de croissance. Aux Etats-Unis, 224.000 personnes en ont bénéficié au troisième trimestre, un chiffre en hausse de 24,4% en glissement annuel, sur un potentiel total de 1,1 million de patients. Le Descovy for PrEP, deuxième médicament préventif, a été approuvé le 3 octobre.

Sans surprise, la franchise hépatite C continue à céder du terrain. Elle a chuté de 25%, à 674 millions de dollars, en un an; compte non tenu des éléments exceptionnels, elle a reculé de 7% en trois mois. Après plusieurs échecs cliniques, les résultats de l’étude de phase IIb Atlas consacrée à la stéatose hépatique (NASH) sont attendus cette année encore. Ils détermineront la stratégie future à l’égard de cette maladie, au potentiel énorme mais très difficile à traiter. Gilead a annoncé le 28 octobre la conclusion d’une nouvelle collaboration pour l’utilisation de biomarqueurs destinés à mesurer la progression de la NASH, de même que les premières réactions aux tests cliniques.

Le résultat le plus décevant concerne le CA du médicament immuno-oncologique CAR-T (thérapie par lymphocytes T modifiés génétiquement pour tuer les cellules cancéreuses) Yescarta: à 118 millions de dollars, il a certes bondi de 57% en un an, mais aussi légèrement reculé depuis juin (-2%). Les résultats des nouveaux essais seront présentés en décembre.

Le résultat net a accusé une perte de 1,17 milliard de dollars du fait du paiement d’étape de 3,92 milliards à Galapagos. Le filgotinib (contre les rhumatismes) devrait être approuvé au 2e semestre de 2020 aux Etats-Unis (introduction du dossier cette année encore), en Europe et au Japon. Le CA prévisionnel pour l’exercice a été revu, de 21,6-22,1 à 21,8-22,1 milliards.

Conclusion

Le marché n’a pas apprécié ce rapport trimestriel. La collaboration avec Galapagos est à l’évidence une condition stratégique à la poursuite de la croissance. Cependant, compte tenu de la lenteur du démarrage de la thérapie génique par cellules T, il en faudra davantage pour pouvoir parler de nouvelle croissance à part entière. L’entreprise dispose de 25 à 30 milliards de dollars pour financer des acquisitions. A 9,6 fois le bénéfice corrigé escompté pour 2019, la valorisation actuelle de Gilead est intéressante.

Conseil: acheter

Risque: moyen

Rating: 1B

Cours: 63,73 dollars

Ticker: GILD US

Code ISIN: US3755581036

Marché: New York

Capit. boursière: 80,7 milliards USD

C/B 2018: 9,4

C/B attendu 2019: 9,6

Perf. cours sur 12 mois: -11,5%

Perf. cours depuis le 01/01: +1,9%

Rendement du dividende: 4%

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