General Electric vacille

© Reuters

Le ciel s’assombrit de plus en plus au-dessus de General Electric. S’il n’est toutefois pas à exclure que l’ancien fleuron de l’industrie américaine puisse regagner en influence, ce ne sera hélas que dans un avenir (bien) plus lointain.

Nous savions que la patience était de mise, lorsque nous avons investi dans General Electric (GE). Et nous aurions continué de considérer qu’en dépit de résultats peu convaincants – ceux du troisième trimestre ont déçu sur toute la ligne -, le groupe aurait encore pu nous surprendre agréablement à plus long terme, si plusieurs agences de notation n’avaient abaissé la note de solvabilité qu’elles lui ont attribuée. Aujourd’hui, nous en doutons.

Il y a un mois et demi environ, GE a remercié John Flannery. Il n’a assuré la fonction de CEO que durant 14 mois, au cours desquels il n’a pas réussi à redresser la barre. L’on peut dès lors s’attendre à ce que Lawrence (“Larry”) Culp, à la tête du groupe depuis, face place nette pour mener à bien sa mission. L’homme de 55 ans a en tout cas pris une première initiative en ce sens: il a, par une dépréciation de 22,8 milliards de dollars, ou de 2,63 dollars par action, au troisième trimestre, ramené à zéro le goodwill du pôle énergie (GE Power). Si l’on excepte cet amortissement exceptionnel, le bénéfice par action s’établit à 0,14 dollar, ce qui est inférieur au consensus (0,20 dollar), et le chiffre d’affaires (CA) cède 4 %, à 29,6 milliards de dollars.

L’histoire se répète, donc: les (très) bons résultats qu’enregistrent GE Aviation, GE Healthcare et GE Transportation sont neutralisés par les performances médiocres qu’enchaîne GE Power. Pour cette raison, le pôle énergie va faire l’objet d’une restructuration. Il sera scindé en deux entités: l’une fabriquera des turbines à gaz, l’autre gérera les équipements (turbines à vapeur, énergie atomique, transformation de l’énergie et solutions réseaux). Le prédécesseur de Larry Culp n’envisageait pas une mesure aussi radicale. Et s’il entendait certes lui aussi externaliser le pôle santé (GE Healthcare; CA de 19 milliards de dollars) et sortir du capital de l’entité Baker Hughes (services pétroliers et gaziers; CA de 22 milliards de dollars), c’était dans un délai de deux années. Le nouveau CEO se donne moins de temps encore pour le faire. John Flannery a déjà vendu partiellement le pôle santé et fusionné le pôle transport ferroviaire avec Wabtec. Il avait frappé fort, l’an dernier, en réduisant de moitié le dividende trimestriel (à 0,12 dollar). Depuis la Grande Récession (1930), ce n’était que la deuxième fois que celui-ci subissait une coupe. Mais, “jamais deux sans trois”, dit-on: Larry Culp a dégainé la même arme, réduisant le dividende trimestriel à la portion congrue d’un centime de dollar par action. Non moins de 3,9 milliards de dollars seront ainsi économisés chaque année.

Moody’s, pour ne citer que cette agence, a abaissé la note de GE parce que le pôle énergie a bien trop affaibli le bilan du groupe. Mais les mauvaises nouvelles ne s’arrêtent pas là. La comptabilité de GE sera examinée aussi bien par la SEC (le gendarme de la Bourse américaine) que par le ministère de la Justice. GE risque gros. Des milliards pourraient lui être réclamés au motif d’impôts éludés aux Etats-Unis.

Conclusion

Il est possible et même probable que GE se reprenne, dans un avenir lointain. Rien ne nous dit que le groupe a déjà touché le fond. Or les Bourses pourraient être secouées pendant un temps. Nous formulons dès lors une recommandation moins favorable et passons un ordre de vente, pour le portefeuille modèle. Nous réévaluerons GE au cours du second semestre de 2019.

Conseil : conserver/attendre

Risque : moyen

Rating : 2B

Cours : 9,35 dollars

Ticker : GE US

Code ISIN : US369604103

Marché : NYSE

Capit. boursière : 80,8 milliards US

C/B 2017 : 11

C/B 2018 attendu : 13

Perf. cours sur 12 mois : -52%

Perf. cours depuis le 01/01 : -47 %

Rendement du dividende : 0,1%

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