Galapagos: transaction historique avec Gilead

La plus grande crainte de son CEO, Onno van de Stolpe, était que Galapagos soit absorbé par un géant de la pharmacie. L’accord conclu avec Gilead écarte tout scénario de reprise pour dix ans au moins.

La plus grande crainte de son CEO, Onno van de Stolpe, était que Galapagos soit absorbé par un géant de la pharmacie. Si dans l’immédiat, la prime aurait été intéressante pour l’actionnaire, à terme, le potentiel d’appréciation aurait été annihilé. Une telle acquisition survient généralement après l’aboutissement des ultimes études cliniques. Comme 20 ans après sa fondation, Galapagos est sur le point d’obtenir une première approbation commerciale (prévue pour le 2e semestre de 2020) pour le filgotinib, sa molécule contre les rhumatismes, le risque de rachat en 2019-2020 était réel, d’autant que son partenaire Gilead Sciences devait impérativement étoffer son pipeline. Mais au lieu d’une acquisition traditionnelle, Dan O’Day, à la tête de Gilead depuis quelques mois, et Onno van de Stolpe, ont conclu le 14 juillet un accord de collaboration qui écarte tout scénario de reprise. Scellée pour dix ans, la transaction accorde à Gilead un accès exclusif à l’intégralité des programmes de développement cliniques et précliniques; Galapagos financera tous les développements jusqu’en phase II incluse, après quoi les Américains pourront revendiquer une prise sous licence de chacune des molécules pour tous les pays non européens (coût: 150 millions de dollars par molécule). Les dépenses de développement ultérieures seront réparties de manière égale et Galapagos percevra d’appréciables royalties (de 20 à 24%) sur le chiffre d’affaires (CA) net, sans paiements d’étape.

Gilead a immédiatement acquis les droits de vente en dehors de l’Europe du GLPG1690, candidat médicament en phase III contre la fibrose pulmonaire. Si les autorités américaines approuvent ce blockbuster (médicament générant plus d’un milliard de dollars de CA) potentiel, Galapagos percevra 325 millions de dollars de plus. Le GLPG1972, candidat en phase IIb contre l’arthrose du genou, sera traité différemment: paiement d’étape de 250 millions en cas de prise en licence outre-Atlantique (les autres régions étant aux mains de Servier), 200 millions si certains critères d’efficacité sont satisfaits, et jusqu’à 550 millions dans le cas d’une approbation suivie d’une commercialisation.

Vers une participation de 22%

Gilead va débourser 3,95 milliards de dollars et investir 1,1 milliard dans le capital de Galapagos au travers de l’émission de 6,9 millions d’actions, à 140,59 euros l’action, soit une prime de 20% sur le cours de clôture moyen pondéré selon les volumes des 30 derniers jours. La participation de Gilead dans Galapagos passera de 12,3 à 22,1%. En outre, si les actionnaires du groupe belge l’acceptent, Gilead obtiendra deux warrants susceptibles de porter sa participation à 29,9%. Il sera impératif de conclure ensuite un moratoire qui l’empêchera de renforcer sa participation au cours des dix prochaines années. Les conventions relatives au filgotinib ont été adaptées de manière à renforcer le rôle commercial de Galapagos en France, en Allemagne, au Royaume-Uni, en Italie et en Espagne (répartition 50/50), au profit d’un déploiement plus rapide d’une organisation pan-européenne. En échange, Galapagos assume dès à présent 50% des dépenses de développement liées au filgotinib, contre 20% jusqu’ici.

Ravis

L’opération va faire de Galapagos une biotech entièrement intégrée et structurellement rentable. Le fait que Dan O’Day ait estimé pouvoir créer davantage de valeur pour Gilead en laissant Galapagos continuer à utiliser en toute autonomie sa plateforme de développement unique, en dit long. Le groupe malinois, qui va renforcer son équipe chargée du développement, n’exclut pas d’accumuler de l’expertise dans d’autres domaines encore. La transaction nous ravit.

L’action a bien réagi, sans euphorie toutefois. En tenant compte des flux de liquidités et de l’émission d’actions, le titre s’échange à 154 euros, pour une valeur d’entreprise de 3,8 milliards d’euros environ. Ce qui, au vu des excellentes perspectives, est loin d’être excessif. Nous conservons notre position et recommandons toujours d’acheter (rating 1C).

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