Fugro en quête de plancher

Analystes et investisseurs finissent par se convaincre que le pire est révolu pour Fugro, mais n’entrevoient pas tous de la même façon son potentiel de redressement. Nous pensons pour notre part que les investissements des majors pétrolières repartiront bientôt à la hausse. Et que Fugro renouera avec les bénéfices au plus tard en 2018.

L’entreprise néerlandaise réalise 74% de ses revenus sur le marché du pétrole et du gaz. La construction et l’infrastructure représentent 16%, l’énergie 6% et les mines 2%. Fugro est spécialisée dans l’exploration de la surface de la terre et des sous-couches du sol et des roches. Dans l’étude géotechnique des eaux profondes, elle est le leader de marché absolu. Fin septembre 2012, la société contentait les marchés en vendant une part importante de sa division sismique (Geoscience) à la société cotée à Paris CGG, empochant 1,2 milliard d’euros en liquide. Heureusement ! Alors que CGG bataille pour sa survie, Fugro a une trésorerie confortable, et une dette nette financière correspondant à 1,1 fois le cash-flow opérationnel (EBITDA).

L’étude des fonds est tout au début de la chaîne d’exploration et de production de l’industrie pétrolière. Trois pour cent du budget total alloué à l’exploration et la production sont consacrés à cette première phase. C’est aussi l’étape qui est la plus sensible aux fluctuations des cours pétroliers. On ne s’étonnera donc pas que le crash du baril de 115 à 30 dollars entre l’été 2014 et le début 2016 ait affecté sensiblement les activités de Fugro et de ses pairs. L’année 2014 fut en conséquence la dernière année rentable pour l’entreprise, même si le second semestre présentait déjà une perte et avait ramené le résultat net de l’exercice à seulement 0,17 euro (contre encore 2,77 euros en 2013). En 2015, le groupe accusait une perte de 4,40 euros.

Le week-end dernier, le marché a découvert que la perte de 2016 avait été ramenée à 3,67 euros. Cela dit, tant le cash-flow opérationnel récurrent (hors éléments exceptionnels – REBITDA) que le bénéfice opérationnel (REBIT) ont considérablement baissé. On s’attend dès lors à une perte cette année également. La direction anticipe un plancher au second semestre. En 2014, le chiffre d’affaires (CA) atteignait 2,6 milliards d’euros, et est revenu l’an dernier à 1,78 milliard. Cette année, les prévisions moyennes font état d’un léger recul du CA à 1,6 milliard d’euros. En 2013, le groupe avait versé un dividende brut de 2 euros, mais celui-ci a été supprimé ensuite. Au printemps 2014, le cours affichait encore 50 euros ; au début de l’an dernier, il flirtait avec les 10 euros. Ce plongeon a éveillé l’intérêt du groupe de dragage Boskalis, qui cherchait à se diversifier. Fin juin dernier, Boskalis détenait 28,6% de Fugro, mais il a désinvesti totalement depuis lors, et sa position s’élève désormais à 0%. Le conseil d’administration de Fugro a en effet manifesté son désir de rester indépendant.

Conclusion

Les analystes et investisseurs finissent par se convaincre que le pire est révolu pour Fugro, mais n’entrevoient pas tous de la même façon son potentiel de redressement. Nous pensons pour notre part que les investissements des majors pétrolières repartiront bientôt à la hausse. Nous prévoyons que Fugro renouera avec les bénéfices au plus tard en 2018. À 1,3 fois la valeur comptable, un relèvement de conseil est justifié, de même qu’une intégration dans notre Sélection. Le risque est cependant supérieur à la moyenne.

Conseil : digne d’achat

Risque : élevé

Rating : 1C

Devise : euro (EUR)

Marché : Amsterdam

Capit. boursière : 1,27 milliard EUR

C/B 2016 : –

C/B attendu 2017 : –

Perf. sur 12 mois : -7 %

Perf. depuis le 01/01 : +3 %

Rendement du dividende : –

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