Exxon Mobil

La hausse du cours du pétrole n’a pas été suffisante pour compenser la baisse des marges du groupe. De plus, le groupe continue à s’endetter pour maintenir le dividende. L’action s’échange moyennant une prime élevée par rapport à la moyenne du secteur.

Exxon Mobil est le plus grand groupe énergétique (pétrole et gaz) coté en Bourse au monde, avec une valeur d’entreprise qui dépasse largement les 400milliards USD. À de nombreux égards, la situation de marché du deuxième trimestre était l’exact opposé de celle du premier trimestre pour les entreprises actives dans l’énergie. Le baril de brut a rebondi, mais les marges de raffinage ont beaucoup baissé. Pour Exxon, le solde est négatif, puisque le bénéfice du groupe est retombé à 1,7milliard USD, contre encore 1,81milliard USD au premier trimestre. La chute atteint même 59% par rapport au deuxième trimestre 2015. Avec 0,41USD par action, le bénéfice s’est également établi largement sous les prévisions moyennes des analystes de 0,64USD. Dans la division Upstream (exploration et production), Exxon est parvenu à transformer une perte de 76millions USD en un bénéfice de 294millions USD. Côté Downstream, la situation est moins brillante, avec une baisse de 80millions USD à 825millions USD. Il y a un an, la division Downstream avait encore gagné 1,5milliard USD. La plus forte contribution au bénéfice est à nouveau à mettre au crédit de la division chimique, même si elle a également abandonné 138millions USD sur une base trimestrielle, à 1,21milliard USD. Le chiffre d’affaires (CA) du groupe, à 57,7milliards USD au deuxième trimestre, s’est établi largement sous les prévisions des analystes (60,4milliards USD). En juin, Exxon a déboursé 2,5milliards USD pour racheter InterOil en Papouasie-Nouvelle-Guinée, ce qui lui a permis de mettre la main sur de nouvelles licences d’exploration. Les Américains sont déjà présents sur cette île située au nord de l’Australie avec un projet de GNL (gaz naturel liquéfié). Dans la division Downstream et la chimie, Exxon investit dans des produits à plus haute valeur ajoutée, comme des lubrifiants avancés et des polymères. Les cash-flows ne suffisent pas à couvrir les dépenses d’investissement et le versement de dividendes. Par conséquent, les dettes se creusent encore. Les dépenses d’investissement seront réduites d’environ un tiers, à 23,2milliards USD cette année. Au premier semestre, elles se chiffraient à 10,3milliards USD. Mais la direction refuse obstinément de toucher au dividende, véritable vache sacrée pour le géant américain de l’énergie: pas question d’abaisser la rémunération des actionnaires. L’entêtement d’Exxon lui a même coûté une dégradation de sa note de solvabilité. Pour la première fois en plus de 80ans, le groupe a perdu son triple A, la note maximale. Mais cela n’a pas ému la direction outre mesure. Au contraire, elle a décidé en avril de relever le dividende pour la 34e(!) année consécutive, à 3USD par action. Le dividende coûte ainsi plus de 12milliards USD par an à Exxon. Seule concession aux observateurs critiques, les rachats d’actions propres seront temporairement suspendus à partir du deuxième trimestre. Au terme du premier semestre, la dette totale atteignait 44,5milliards USD. La position de liquidité s’établissait à 4,4milliards USD.

Conclusion

Les résultats trimestriels d’Exxon ne nous ont pas particulièrement plu. La hausse du cours du pétrole n’a pas été suffisante pour compenser la baisse des marges. Bien que le taux d’endettement soit maîtrisable, nous ne sommes pas favorables à la décision du groupe de continuer à s’endetter pour maintenir le dividende. De plus, l’action s’échange moyennant une prime (élevée) par rapport à la moyenne du secteur.

Conseil : conserver

Risque : élevé

Rating : 2A

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