EVS: un premier semestre d’une insigne faiblesse

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L’entreprise rebondira-t-elle bientôt, après avoir touché le fond? A en croire sa direction, le semestre courant sera très bon s’agissant du chiffre d’affaires, puisque le CEO ad interim a maintenu les projections annuelles. Tout le monde est curieux de voir cela.

Les mauvais résultats ne sont plus l’apanage des années impaires, chez EVS. Cette année, le chiffre d’affaires (CA) du premier semestre a baissé significativement en glissement annuel, en dépit de la tenue de deux événements sportifs majeurs. Si grâce à ceux-ci, le leader des technologies de production vidéo en direct a pu générer plus de recettes que d’ordinaire sur la location de matériel (8 millions d’euros), cela ne l’a pas empêché de rapporter des résultats très décevants. L’on ne s’étonne dès lors que peu du départ de la CEO du groupe, Muriel De Lathouwer. Au terme du premier semestre, le CA d’EVS s’établissait à 44,1 millions d’euros. En un an, il s’est replié de 8,7 millions d’euros ou 16,5%. Et si l’on fait abstraction des recettes perçues à l’occasion des deux grands événements sportifs passés, il a cédé quelque 35%! Les sociétés de médias et les chaînes de télévision continuent d’investir avec parcimonie, la concurrence, intense, de géants comme Netflix, surtout, pesant sur leurs revenus publicitaires. Le bénéfice d’exploitation (Ebit) a lui aussi fort régressé, de 81,8%, passant de 12,8 à 2,3 millions d’euros à peine, et la marge d’Ebit a plongé de 24,3 à 5,3% – la plus faible qu’EVS ait publiée durant la décennie. Le deuxième trimestre a été pour EVS le moins bon depuis plusieurs années, avec un CA de 21,2 millions d’euros (compte tenu des 3,8 millions d’euros tirés de la location de matériel supplémentaire) et un Ebit ne dépassant pas 0,5 million d’euros. Pourtant, le résultat net a progressé, de 9,1 à 10,6 millions d’euros (+16,4%), mais ce n’est que grâce à une déduction d’impôts exceptionnelle de 6,6 millions d’euros, laquelle a donc empêché le bénéfice de dégringoler (de 56%) à 4 millions d’euros.

Le cours de l’action s’est tout de même redressé quelque peu, de 0,67 à 0,78 euro: malgré les chiffres semestriels très médiocres, Pierre De Muelenaere, le président du conseil d’administration et CEO ad interim, demeure optimiste. Il maintient que le CA annuel devrait s’établir entre 115 et 130 millions d’euros, soit à un montant comparable à celui de l’an dernier (118,8 millions d’euros). La valeur du carnet de commandes s’est en effet accrue (+18,4%, à 44,3 millions d’euros) et l’entreprise liégeoise espère bien que la tendance se poursuivra durant ce second semestre, où elle commercialisera de nouveaux produits. Pour s’établir à 122,5 millions d’euros, le milieu de la fourchette prévisionnelle, au terme de l’exercice, le CA du deuxième semestre devrait s’élever à 78,4 millions d’euros. L’an dernier par exemple, EVS a réalisé un CA de 66 millions d’euros sur cette seconde partie de l’année. L’entreprise, qui depuis 2012 ne renoue plus avec la croissance et voit ses marges bénéficiaires, autrefois élevées, s’effriter, annoncera-t-elle au marché, dans quelques mois, qu’elle a enregistré son meilleur semestre depuis des années?

Conclusion

La direction de l’entreprise, qui se cherche un nouveau CEO, a placé la barre très haut en confirmant, malgré un deuxième trimestre désolant, les prévisions de CA qu’avaient émises Muriel De Lathouwer. Les actionnaires se passeraient volontiers d’une nouvelle désillusion. La valorisation a chuté à sept fois le rapport attendu entre la valeur de l’entreprise (EV) et le cash-flow d’exploitation (Ebitda). Après le dévissage de l’action, nous avions formulé une recommandation plus favorable, que nous maintenons.

Conseil : conserver/attendre

Risque : moyen

Rating : 2B

Cours : 19,68 euros

Ticker : EVS BB

Code ISIN : BE0003820371

Marché : Euronext Bruxelles

Capit. boursière : 268 millions EUR

C/B 2017 : 10,5

C/B 2018 attendu : 12

Perf. cours sur 12 mois : -35 %

Perf. cours depuis le 01/01 : -33 %

Rendement du dividende : 5,1 %

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